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(Le Clergé)
Jusqu'en 1800 :
1132. DANIEL, il reçut des dons pour fonder le prieuré de la Poitevinière
1381. Jean BOESSEL
1389. Jean TEXTORIS (Texier ou Tessier), Guillaume RATEL
1403. Jean PERRET pourvu (nommé) le 20 octobre
Les noms de ces quatre recteurs de Riaillé sont contenus dans un Etat des redevances acquittés par eux à l'Etat pontifical d'Avignon (cité par de Lesquen et Mollat : Mesures fiscales exercées en Bretagne par les Papes d'Avignon, in 8, 1904)
1465. Pierre GUERIN recteur de Riaillé meurt en 1470
1537. Jehan CHEVALIER recteur de Riaillé
1540. Messire Mathurin Fromentin, originaire de Riaillé, mais alors recteur de Villiers-en-Désoeuvre au diocèse d'Evreux, instituait par testament une fondation devant assurer à perpétuité une messe chaque samedi. Ce sera le legs Fromentin qui dura jusqu'à la Révolution.
1555. Jean CHEVALIER, recteur, Est-ce le même que le précédent ?
1558. GALLOYE, recteur
1608.Vincent HUET, recteur, il possédait une maison au Haut-Rocher et 550 journaux de terre. Il fut compromis en achetant une peau de chevreuil à un braconnier.
1612. Jean HODE, recteur, mets au point une confrérie en l'honneur de Notre-Dame-de-la-Chandeleur et qui sera approuvée par une bulle de 1677
A partir de 1637, on connaît les noms des prêtres de Riaillé (Recteurs, vicaires, prêtres habitués, chapelains, etc.) par leurs signatures ou la mention de leur présence sur les Registres Paroissiaux des baptêmes, mariages et sépultures.
1638. P. JUHEL, recteur, il meurt le 28 avril 1638. De 1638 à 1648, les Registres ne font pas mention du recteur de Riaillé, le service est assuré par un ou deux vicaires.
1638. Jacques GUERIN et Pierre OGER sont vicaires. P.Oger officie à une sépulture dans le cimetière de Bourg-Chevreuil. Le 22 mars, il officie à la sépulture de Jacques Doüëtte tué par les soldats à la porte de l'église.
1639. J.GUERIN et P.OGER officient à l'enterrement de P.Guérin à la Poitevinière
1640. J.GUERIN, vicaire et P.LEROY, prêtre
1648. Isaac DU BREIL, recteur, vient de Joué, J.GUERIN vicaire, OGER prêtre, GUILLEMIN prêtre
1650. Sépulture assurée par le chanoine Vallin de Nantes
1670. Isaac DU BREIL laisse sa place à Michel DU BREIL, mais reste comme prêtre
1678. Claude POHIER, recteur, originaire d'Auverné
1715. Bernardin GEFFRAY, recteur, A.ANDRE vicaire, P.DUPAS prêtre
1741. B.GEFFRAY recteur, affaibli, il ne signe plus que rarement depuis 1734 et de plus en plus illisible. Il a 2 vicaires F.LEBEC et FROTTE. Le 4 janvier commence la Mission prêchée par le père Mulot de Saint-Laurent-sur-Sèvre. Le 1er octobre, bénédiction d'une cloche
1746. René GOULLIER DE BOISCOCHIN de Châteaubriant, recteur
1748. GOULLIER recteur, YRON vicaire, PICAULT prêtre de la chapelle de la Provôtière
1765. GOULLIER recteur, MENUET vicaire, sépulture le 18 janvier dans le grand cimetière
1780. Mort de Goullier le 5 février. Pierre FANTON devient recteur le 15 février
1786. Mort de P.Fanton le 23 octobre. Jacques PROD'HOMME devient recteur le 13 novembre.
1792. Jacques PROD'HOMME à la Constitution civile du Clergé prête serment le dimanche 6 mars 1791 et se rétracte le 9 mai suivant. Parti pour Nantes le lendemain de Pâques 1792, il meurt caché en 1793. Pierre BROUARD, vicaire, refuse le serment. Resté pour assurer le ministère jusqu'au 20 avril 1792 il est exilé en Angleterre. Curé de la Rouxière en 1804, de Bonnoeuvre en 1812, il y meurt le 20 avril 1816.
1794. Jean-François GONTHIERE, religieux de Saint-Augustin, vient de Beaugency (Loiret). Nommé vicaire épiscopal par l'Evêque constitutionnel Minée, il est envoyé comme curé à Riaillé le 20 avril 1792. Il cesse d'enregistrer les actes paroissiaux le 7 novembre 1792. Resté à Riaillé, il enregistre les actes d'état civil jusqu'en mars 1794. Il quitte Riaillé et retourne à Beaugency d'où il écrit à la municipalité et au district d'Ancenis pour renoncer à la cure de Riaillé et même à la prêtrise. Il a 28 ans et devient fonctionnaire à Nantes. (Voir Lallié II page 155)
1800. Des prêtres cachés assurent un service religieux assurent un service religieux clandestin de 1793 à 1800.
A partir de 1800 (Kersauson page 382) :
Les Curés :
1800-1831. PROD'HOMME Julien, né à la Bourdinière en Pannecé. Curé de Riaillé en 1803, il y meurt.
1831-1839. CLOUET Julien, né à la Chapelle-sur-Erdre en 1797, Prêtre en 1827, vicaire à Saint-Colombin, curé de la Melleraye en 1830, de Riaillé de 1831 à 1839, de Carquefou de 1839 à 1842. Entré dans la Congrégation de Picpus, il fut missionnaire à Haïti. Il meurt à Paris en 1867.
1839-1848. SORIN Julien, né à Nantes en 1798, prêtre en 1824, professeur à Vay, Vicaire à Saint-Mars-le-Désert, à Saint-Nazaire, à Pont-Saint-Martin, curé de Riaillé de 1839 à 1848, curé de Guérande. Il se retire à Nantes et devient chanoine honoraire en 1861
1848-1855. LANGLOIS Jean-Baptiste, né à Machecoul en 1803, prêtre en 1803, curé de Saint-Michel-Chef-Chef, curé de Riaillé il y meurt.
1855-1870. LANOË Célestin, né à Questembert en 1807, prêtre en 1833, vicaire à Guémené-sur-Scorff, agrégé à Nantes en 1835, vicaire à Montoir, premier curé de Saint-Malo-de-Guersac en 1845, il meurt à Riaillé.
1870-1893. MAUDUIT Pierre, né à Ligné en 1831, prêtre en 1875, professeur aux Couets de 1852 à 1868, supérieur de la Ducherais de 1868 à 1870, curé de Riaillé de 1870 à 1893, construit la nouvelle église, meurt le 24 décembre 1893 à 11 h du soir.
1894-1931. BRETESCHE Charles, né au Bignon en 1849, prêtre en 1875, vicaire à Touvois, missionnaire diocésain de 1879 à 1891, vicaire à Notre-Dame de Bon-Port de 1891 à 1894, curé de Riaillé le 1er avril 1894, il y meurt le 14 janvier 1931.
1931-1947. LESCAUDRON Donatien, né à Batz en 1875, prêtre en 1891, professeur à Guérande, vicaire à Riaillé de 1908 à 1925, curé de la Pâquelais, il meurt à Riaillé en 1947
1947-1963. GUIMARD Augustin, né à Frossay en 1900, prêtre en 1925, curé de Riaillé en 1947, il est enterré à Riaillé
1963-1974. DOLLET Joseph, né à la Haie-Faussière, prêtre en 1943
1974-1978. LEPOULTEL Jean, né en 1918, Econome au Grand Séminaire
1977-1978. MAILLARD Henri, né à Héric en 1923, prêtre en 1949
1978. BOURDAUD Herman, né à Derval en 1932, prêtre en 1958
Les vicaires :
1836-1842. LEROUX Pierre, né à Puceul en 1809, prêtre en 1826, vicaire à Riaillé, à Saint-Julien de Vouvantes en 1842, curé de Bonnoeuvre de 1848 à 1878, y meurt
1842-1844. SORIN Jean, né à Nantes en 1759, prêtre en 1823, vicaire à Couëron, Doulon, Riaillé
1844-1848. HAMELIN Pierre, né au Bignon en 1813, prêtre en 1842, professeur au petit séminaire de Saint-Stanislas, vicaire à Riaillé, Guérande de 1848 à 1856, curé de Couëron, y meurt en 1866
1848-1856. PERINEAU Narcisse, né à Nantes en 1816, prêtre en 1842, vicaire à Soudan, à Riaillé, curé de Conquereuil en 1858
1858-1864. EPIARD Jacques, né à Vieillevigne en 1819, prêtre en 1847, vicaire à Vay, à Riaillé, curé du Coudray, décède en 1865
1864-1870. FORGEAU Julien, né à Légé, prêtre en 1857, vicaire au Clion, au Coudray, à Riaillé, aumônier à l'Hospice général
1870-1871. OLIVAUD Pierre, né à Montoir en 1836, prêtre en 1862, professeur à Guérande, vicaire à Basse-Goulaine, à Riaillé, à Nort, curé de Bonnoeuvre en 1879
1872-1894. MAUDUIT Jean-Baptiste (frère du curé), né à Ligné en 1845, Prêtre en 1870, vicaire à Donges, à Riaillé
1894-1897. MAHE François, né à Saint-Joachim, prêtre en 1885, professeur à Guérande, vicaire à la Chapelle-Saint-Sauveur, à Riaillé, à Derval, au Loroux, à l'Hôtel-Dieu, curé du Grand-Auverné en 1913, mort en 1914
1897-1900. LEROY Alexandre, né à Nantes en 1865, prêtre en 1891, professeur à la P…, vicaire à Riaillé
1900-1904. GUEGAN Théodore, né à Sarzeau, prêtre en 1891
1904-1906. BRETEAUDEAU Alexis, né à Paimboeuf
1906-1908. JAMET Louis, né à Saint-Julien-de-Vouvantes
1908-1925. LESCAUDRON (voir Les curés)
1925-1929. CHAUVET, né à Pornic
1929. BUHAUD
1933-1938. FOUCHARD Donatien
1938. GUILLET Jean-Baptiste
(La Confrérie de Notre-Dame de la Chandeleur)
Cette confrérie était considérée comme datant de temps immémoriaux. L'église, construite ou restaurée, en 1500 fut consacrée sous le patronage de Notre-Dame de la Chandeleur.
En 1612, le recteur Jean Hodé mit au point les statuts actuels conservés dans les Archives de la paroisse. Le 16 janvier 1677, le pape Innocent XI approuva dans une bulle cette confrérie.
(Le Prieuré de la Poitevinière)
D'après les Archives du monastère de Saint-Florent près de Saumur ( Relevé effectué par M. Paul Marchegay, en 1877, dans son ouvrage sur les "Chartes nantaises de Saint-Florent"). On trouve déjà un résumé de ces Chartes, dés le XVIII° siècle, dans Dom Lobineau vol.II, col.187-188 et Dom Morice - Preuves, vol.I, col.265-266).
Remarque préliminaire :
Le petit dossier contenant le Prieuré de la Poitevinière contient plusieurs documents, tous écrits dans un latin assez confus, ce qui ne les rend pas faciles à lire et à comprendre.
Le plus important de ces manuscrits est la charte qui porte la signature du cinquième baron d'Ancenis Guiheneuc II, approuvant la fondation du Prieuré. Cette charte débute par toute une série de réflexions pieuses mêlées de considérations philosophiques sur la facilité des humains à oublier leurs promesses et leurs engagements. D'où, la nécessité de les fixer sur des documents écrits, signés et contresignés par des témoins, afin d'éviter pour l'avenir des discussions et des remises en question.
Au lieu de traduire mot à mot ces documents, il semble préférable de les replacer dans leur ordre chronologique et d'y ajouter en les résumant, quelques notes explicatives dans les noms de lieux ou de personnes.
I - Vers l'an 1130, un "serviteur de Dieu" nommé DANIEL avait établi son petit ermitage non loin du village déjà ancien de la Poitevinière, en bordure de la forêt dite de la Benâte ou plus communément de Riaillé.
II - Entre 1130 et 1132, de bons chrétiens s'en vinrent faire une offrande à l'ermite Daniel. C'étaient Vivien de Mars, son frère Février et Hugues fils de Février. Ils appartenaient à une famille originaire des environs de Vritz. Ils avaient reçu un petit bien près de la Poitevinière de leur parent Rouaud de la Chapelle, sa femme et leur fils Rainald. Ils en firent cadeau à Daniel en le priant de prier pour le salut de leurs âmes et la rémission de leurs péchés. Ce don comprenait :
Signèrent les témoins de ce don : Clément prêtre de Fahiel, Guillaume Martin, Garin Aperceu, David Amice, Hervé de Meleray et Beaudoin son fils, ainsi que beaucoup d'autres.
III - En 1132, peu de temps avant sa mort, Guiheneuc II baron d'Ancenis approuvait solennellement ce don et avec lui son fils Godefroy et ses héritiers, parce que Vivien et consorts étaient ses vassaux et que leurs dons provenaient de la forêt de la Benâte dont il était le suzerain. A ce don, le baron Guiheneuc II ajouta la terre de Killic (?) et les terres qui la touchaient, terres complètes et libres, comme la tenant de Dieu et du comte
Signèrent les témoins de l'approbation : Herbert ermite, Clément prêtre de Fahiel, Hamon de Pannecé, Olivier Pueria, Breton de Mouzeil, Roger Tertins, Hildebert L… et plusieurs autres.
IV - Mais après la mort de son père, Geoffroy I° le nouveau baron d'Ancenis, trompé par "l'Esprit Mauvais, ennemi du genre humain" voulut contester la volonté de son prédécesseur. Il engagea un procès contre Daniel le pieux ermite de la Poitevinière. Celui-ci sut se défendre avec fermeté et gagna le procès. Le baron Geoffroy dut revenir à de meilleurs sentiments et donna son approbation complète à la donation de son père. Il fit même édifier une clôture complète autour de la maison de Daniel et lui octroya désormais une totale amitié.
Les témoins de cette réconciliation furent : Guibert de Pannecé, Alain fils de Guihenoc, Mathieu de Riaillé, Maloré de Montfriloux.
[Gardons un peu de reconnaissance à "l'Esprit Mauvais, ennemi du genre humain". Sans sa maligne activité nous n'aurions peut-être jamais su qu'il y avait eu un prieuré, au XII° siècle, à la Poitevinière !]
V - A ces premiers dons vinrent s'ajouter d'autres. Guillaume d'Auverné "sortant de la corruption du monde pour tendre à la gloire incorruptible dans la profession monastique" donna à Daniel :
Furent témoins : Rivallon, prêtre d'Auverné, Hervé de Besiel (la Boulaie) et son frère Hugues, Glaio Godel, Thibaud le Clerc et beaucoup d'autres.
Pour le moulin et la pêcherie des Epinards, il fallut à Guillaume l'approbation des deux seigneurs de Moisdon-la-Rivière, car ce moulin et cette pêcherie se trouvait sur le Don, rivière qui séparait Auverné et Moisdon.
Furent témoins de cette approbation : Rivallon prêtre d'Auverné et Hervé moine de Moisdon…
VI - Rivallon et son frère Daniel, fils de Méran et petit-fils de Galon, ont fait don à Dieu, à Saint-Florent et à Saint-Laurent de la Poitevinière de la dîme du moulin de Tilio (du Teil) et de sa pêcherie. Le moine Daniel, alors prieur de la Poitevinière, donna 20 sous pour rebâtir ce moulin qui avait été détruit.
Les témoins furent : Guillaume fils de Fulera, Rouaud fils de Savinus, Borgandins, Aimericus Halver
VII - Le susdit Daniel, en même temps que sa propre personne, donne tout ce domaine avec l'assentiment des personnes données plus haut à l'Eglise de Saint-Florent, afin d'être compté au nom de ses fils. "Que nul ne mette les mains sur ces biens par la violence, sachant bien que s'il en enlève quelque chose, il déchirera membre à membre l'Eglise notre Mère, l'Epouse du Christ".
Conclusion :
Le désir de Daniel ne se réalisa pas. Le cartulaire de Saint-Florent conserve bien les manuscrits concernant les dons en vue de la fondation du Prieuré de la Poitevinière. Mais, dans la suite du temps, la Poitevinière ne figure pas sur la liste des dépendances de Saint-Florent. Pourquoi ? Plusieurs hypothèses peuvent être avancées :
[ L'abbaye de Saint-Florent était un monastère bénédictin, celle de la Melleray à la Melleraye-de-Bretagne est un monastère cistercien suivant la règle de Saint-Benoît. La date retenue par l'abbaye pour sa fondation est 1142. L'abbé Joseph Trochu, sans donner sa référence, dans un paragraphe traitant de la seigneurie de la Meilleraie a écrit : "Cependant, lorsqu'en 1132, deux moines venant de l'abbaye de Pontron en Anjou (entre le Loroux-Béconnais et la Cornuaille) s'adressèrent au curé d'Auverné nommé Rivalon pour les guider dans la recherche d'un lieu isolé pour y installer une fondation nouvelle, celui-ci les conduisit au "Vieux Melleray"… 1132, C'est 10 ans avant la date retenue par les moines actuels pour la fondation de leur abbaye. L'abbaye de Pontron appartenait également à l'ordre cistercien. N'y aurait-il pas eu rejet du prieuré de la part de l'abbaye de Saint-Florent à cause du projet d'implantation de l'abbaye de la Melleray ? N'y aurait-il pas eu, également, une lente migration des religieux du Prieuré de la Poitevinière vers l'Abbaye voisine (environ 5 km à vol d'oiseau) ?]
Cependant Daniel avait déjà construit un oratoire dédié à Saint-Laurent qualifié d'église. L'Evêque de Nantes plaça la chapelle de la Poitevinière sous la protection du chapitre de la cathédrale de Nantes. Le document écrit à cette occasion est fort curieux à la fois par la manière de présenter la question, par son contenu et aussi par la solennité mise dans sa rédaction : " Que ceux qui viendront dans l'avenir sachent et n'oublient pas ceci : l'Eglise de Nantes a pris à l'ombre de ses ailes pour la protéger, comme une petite servante toute nouvelle, la basilique de la Poitevinière. Pour qu'on ne détruise pas ses travaux et que l'on ne déchire pas ses entrailles, la dite Eglise de Nantes la déclare fille totalement libre et se considère comme sa Mère. Cette mère ne demandera à sa fille qu'une modeste redevance annuelle de 12 deniers (un sou) et donc que personne n'ose porter la main sur cette chapelle comme sur ses biens."
Le document se termine avec toute la solennité que l'on peut trouver dans les grandes occasions :
(…)
1146 Kalendis XVI decembris
Regnante Ludovico VII rego in Francia
Conano in Britannia
Eugenio papa
Hugone in Turonica
Icterio episcopo in Nanneterium ecclesia
"Ceci a été fait l'an 1146 de l'Incarnation du Seigneur, le seizième jour des calendes de décembre, le roi Louis VII (dit le Gros) régnant sur la France, le duc Conan (III) régnant sur la Bretagne, au temps du pape Eugène (III), Hugon étant archevêque de Tours, Icterius étant evêque de l'Eglise de Nantes."
D'après Dom Morice "Preuves" col 1059, un échange entre le Prieur de Béré et Geoffroy V de Châteaubriant aurait eu lieu en mai 1281.
"A tous (…) Geoffroy, seigneur de Châteaubriant, salut. Sachez que le Prieur et le couvent de Béré nous ont laissés en échange tels qu'ils l'avaient et l'avaient pu l'avoir, le droit dans le moulin de Choisel, situé dans la paroisse de Saint-Sauveur-de-Béré de telle sorte que nous, en raison d'empêchement, nous ne pourrons pas obliger à veine à ce dit moulin les hommes du dit Prieuré, à moins qu'ils ne le veuillent. Ils nous ont aussi tels qu'ils l'avaient chaque année sur la halle (cohua) et la redevance (costuma) de Châteaubriant et aussi sur la redevance du seigneur Pencbrinus de Bain, chevalier, et aussi l'usage tel qu'ils disaient l'avoir sur la forêt de Juigné.
Pour toutes ces choses dites, nous donnons en échange au dit Prieur : 30 sous à prendre sur le droit de viande que nous avons chaque année sur les hommes du dit Prieur de la paroisse Saint-Jean-de-Béré et tous les revenus que nous prenions dans la foire de Sainte-Croix-de-Béré et 40 sous usuels que nous avions de revenu annuel sur les hommes du dit Prieur dans la paroisse de Piré et trois provendes d'avoine de revenu annuel sur les hommes du dit Prieur de la Poitevinière.
Nous retenons cependant pour nous et nos successeurs la haute justice sur tous les susnommés, comme nous les avions auparavant. Et ceci ferme et stable. Fait au mois de mai 1281 (Pris sur l'original à Marmoutiers)
D'après un document des Archives départementales ADLA E274 et d'après les comptes du baron d'Ancenis (Jean IV de Rieux baron, au temps de la duchesse Anne de Bretagne et de Charles VIII roi de France) la chapelle fut reconstruite en 1498. 250 livres furent payées à divers ouvriers pour la reconstruction de la chapelle de la Poitevinière.
Cette nouvelle chapelle aurait été située dans les dépendances de la maison Huguenin. Elle se trouvait sur le bord du chemin allant au Jeanneau, donc du coté droit de la route allant actuellement de Riaillé à Châteaubriant. Elle avait son cimetière et, au moins à l'époque de sa reconstruction, un prêtre chapelain. En 1639, le 1er octobre, le corps du défunt Michel Duval mari de Françoise Guillemin fut enseveli dans le cimetière.
Le 27 juillet 1636, Messire Paris afferme 59 journées 1/2, plantés en jeunes bois, dans les Bouches au-dessous de la Chapelle Saint-Laurent et remontant sur le chemin qui conduit de la chapelle au Jeanneau
D'après le recteur Brétesché (1894-1931) des pans de murs existaient encore en 1858. Ils furent détruits par les habitants de la Poitevinière qui pensaient y trouver un trésor !
La Croix du Pâtis | Saint Laurent |
[Il semblerait qu'il y ait eu 2 chapelles l'une dans les bois où a été édifié la statue de Saint Laurent en 1889, l'autre près de la maison Huguenin ? La Croix du Pâtis avait été initialement édifiée dans le cimetière de Bourg-Chevreuil, elle fut tranferrée en 1689 au Pâtis de la Poitevinière.]
La Maison Huguenin
V - LES CHICANERIES
(Le chemin Bernard)
Depuis au moins le XII° siècle, le chemin Bernard limitait au nord la forêt d'Ancenis-les-Bois, appelée autrefois forêt de la Benâte. Ce chemin marquait ainsi la séparation entre les paroisses de Riaillé et d'Auverné et, en même temps les baronnies d'Ancenis et de Châteaubriant. De temps immémorial, chaque année au temps des Rogations, la procession de chacune des paroisses s'arrêtait au chemin Bernard pour bien marquer la limite des deux juridictions.
En 1606, lors d'un procès dont nous allons parler, le rédacteur du procès-verbal remarquait que la paroisse d'Auverné continuait cette tradition alors que celle de Riaillé "avait discontinué (…) on ne sait pourquoi, si ce n'est par la négligence d'ycelle paroisse."
Le chemin Bernard aurait eu un autre nom, celui du "Chemin de la chevauchée au duc". De quelle chevauchée ? De quel duc ? La tradition restée dans la mémoire des gens du pays ne le dit pas !
C'était sûrement un très vieux chemin allant des limites de l'Anjou jusqu'à la Vilaine, dont on peut encore suivre le parcours sur les anciennes cartes d'état major (Freigné, forêts de Saint-Mars et d'Ancenis, la Meilleray, Abbaretz, Nozay, etc.) D'après la tradition, admise en 1606, son nom lui serait venu du passage de saint Bernard. En tout cas, ce fut le chemin qu'empruntèrent les moines de la Melleray pour aller à leur abbaye mère de Pontron en Anjou.
Le chemin Bernard bornait au nord la Poitevinière, de l'est à l'ouest, depuis les "Trois souches" disparues depuis longtemps situées au Jeannau (Le Jehanneau) et qui faisait séparation en ce lieu entre la forêt de la Poitevinière, la forêt de la Chapelle-Glain et les Communs d'Auverné. Il se prolongeait jusqu'au Breuil au Febvre ou Breuil aux Moines appartenant à l'abbaye de la Melleray. En 1132, lors de la première donation faite au Prieuré de la Poitevinière, il est fait mention du "callis Bernardi" (callis signifie chemin). Dix ans plus tard, en 1142, dans la charte de fondation de l'abbaye Notre-Dame de la Melleray, il est question du "cheminum Bernardi".
Procès de 1606-1619 :
Le chemin Bernard était bordé d'arbres des deux cotés. Considéré de tous temps comme mitoyen entre la forêt de la Poitevinière et une large bande de terrains vagues servant de pâturages communs à quatre des plus grands villages d'Auverné : Villechoux, Villeneuve, la Banche et la Haye, les arbres coté sud appartenaient au baron d'Ancenis et ceux coté nord revenaient pour les 2/3 au baron de Châteaubriant et 1/3 aux paysans utilisant les communs.
Or, le 20 avril 1606, Jean de Mazozer administrateur de la forêt d'Ancenis, qui était aussi gouverneur de cette ville, ordonna de marquer pour les abattre un certain nombre d'arbres se trouvant sur le coté nord du chemin Bernard. Immédiatement les habitants d'Auverné, voisins du chemin, avisèrent l'intendant du baron de Châteaubriant, le connétable Henri Ier de Montmorency, qui porta plainte devant la cour de justice de Nantes. La baronne d'Ancenis, Marie de Luxembourg, veuve du duc de Mercoeur, prit fait et cause pour les officiers de sa maison.
L'enquête commença bientôt, on interrogea de nombreux témoins, les Archives , même celles des moines de Melleray. Le résultat fut que le tort fut mis au compte des officiers de la Baronnie d'Ancenis. La duchesse de Mercoeur n'accepta pas cette décision et fit appel au Parlement de Rennes, qui après de longues procédures, rendit son arrêt le 28 septembre 1613. La baronne était condamnée à payer les frais du procès ainsi que les dommages et intérêts calculés d'après la valeur du bois des arbres vendus ou abîmés. De plus le Tribunal de Rennes ordonnait de constituer une Commission d'Experts qui descendrait sur les lieux à une date fixée d'un commun accord, afin de déterminer nettement les limites entre les deux baronnies.
Après plusieurs appels restés sans réponses, la duchesse de Mercoeur refusant de comparaître ou de se faire représenter, le Parlement de Rennes envoya Messire de la Guéronnière-Garnier, l'un de ses Conseillers, escortés de notaires et de greffiers. C'était le 4 janvier 1619, donc plus de 5 ans après l'arrêt du tribunal. Arrivé sur les Communs d'Auverné, près de la forêt, l'homme de loi ne trouva personne pour représenter Ancenis, car même les bûcherons de la Poitevinière, directement intéressés n'étaient pas là. Par contre, tous ceux des Communs d'Auverné étaient présents. L'homme de loi attendit quelque temps, fit des sommations dans le vide et rédigea le constat d'absence. Puis, il procéda à la limitation des deux baronnies. Les gens qui le guidaient étaient tous d'Auverné, avec eux il traça une nouvelle lisière des Communs qui prenait sur la forêt un peu au sud du chemin Bernard mais sur une bonne longueur. Ainsi la forêt d'Ancenis perdit au bénéfice des Communs d'Auverné de 300 à 400 journaux de terre (150 à 200 ha).
La baronne d'Ancenis protesta en vain et les gens de la Poitevinière ne lui pardonnèrent pas son attitude. Quelque temps plus tard, les gens des Communs d'Auverné mirent le feu dans des broussailles, le feu gagna la forêt et fit des ravages, parce que les gens de la Poitevinière ne se dérangèrent pas pour l'éteindre.
[Les habitants de Riaillé avaient surnommés les habitants du grand bourg et du petit bourg d'Auverné : les berlawes (habitants des bourgs), ceux d'Auverné traitaient ceux de Riaillé de patawes (patauds). Ces appellations sont de moins en moins utilisées, mais les riailléens se moquent encore des alvernes pour leur non respect des horaires. Quand une personne tarde à arriver à un rendez-vous, les riailléens disent : Tiens, il marche à l'heure du Grand-Bourg !]
L'étang de la Poitevinière vers 1940
(Le cas de la Lande Close (L'Enclose))
Dans une grande partie de la France au Moyen-Age, il n'existait pas de clôtures proprement dites pour les champs cultivés. Chacun connaissait les limites de sa propriété, soit par un sillon plus profond, soit par des bornes fichées en terre. Quand la moisson était faite, tous avaient le droit de glaner et ensuite le bétail du village pouvait y pâturer. Sur les prairies, chaque propriétaire faisait son foin mais ensuite tous les animaux du village pouvaient y paître. Beaucoup de terres étaient entourées de haies, cependant on y trouvait aussi des pâturages communs dont les régimes étaient différents selon les paroisses. En général, les landes et terres incultes, alors fort nombreuses, étaient considérées comme des communs où tous les animaux du village voisin pouvaient y pâturer.
Cette coutume ancestrale permettait aux petites gens des campagnes, n'ayant pas de terre à eux, de faire vivre soit une vache, soit quelques chèvres ou brebis ou même des porcs. Mais revenons à Lande Close !
Cette lande était considérée comme issue de la forêt et rattachée à elle. Vers le milieu du XVI° siècle, son propriétaire le baron d'Ancenis ordonna de l'entourer d'une clôture et donc d'en faire une propriété à usage réservé. Cette décision fut inspirée, sinon demandée, par les responsables des Forges, les pâturages de la Poitevinière ne suffisant plus pour nourrir les chevaux et mules nécessaires à l'exploitation, ils étaient obligés de les amener en cet endroit et de les garder pendant la nuit car il y avait les loups à redouter ainsi que les voleurs.
La réservation de cette lande n'était pas de nature à plaire aux gens de la Poitevinière, surtout aux ménages du petit peuple dont les femmes s'occupaient du bétail pendant que le mari travaillait aux forges, au bois ou à la terre.
La lande une fois clôturée on y construisit une maison de garde avec des dépendances. Cette maison prit peu à peu de l'importance jusqu'à devenir une maison bourgeoise, celle du gardien chef entourée d'habitations secondaires pour le personnel. On l'appela d'abord la Lande Close qui en se déformant est devenue l'Enclose.
En 1688, le roi Louis XIV donna au baron d'Ancenis Armand II de Béthune, duc de Charost, des lettres patentes l'autorisant à aliéner et à démembrer une partie de sa baronnie. C'est ainsi que la maison de Lande Close fut achetée en deux fois, une partie le 3 mars 1693 par Jean Monnier, marchand au bourg de Riaillé, le reste le 7 août 1699 par Renée Chrétien, veuve de ce même Jean Monnier.
Par mariage le 23 août 1704, Lande Close passa de la famille Monnier à celle de Chéreau de Vritz et par mariage encore, le 3 novembre 1742, elle passa de la famille Chéreau à la famille Huguenin qui la posséda pendant plus de 100 ans.
(L'affaire du Bois des Hayes)
Ce bois dépendait de la seigneurie de Riaillé dont les titulaires avaient migrés depuis longtemps de la Benâte à la Cour du Bois. Comme ce bois n'était pas clôturé, les gens du bourg de Riaillé, petits bourgeois et petites gens avaient pris l'habitude de le considérer comme étant à la disposition de tout le monde. Il s'étendait en 1725, sur 90 journaux donc 45 ha et ses limites étaient ainsi désignées :
· au midi, le chemin du Bourg à Bourg-Chevreuil
· au couchant, Saint-Mars-du-Haut-Rocher et le chemin vers Bourg-Chevreuil
· au nord, le clos Barré, la pièce des Guinères, la prée du Poncereau
· à l'est, l'avenue de la Cour du Bois, le bois du Plessis
Autrefois, il avait été plus étendu car vers 1610, Messire de Mézangé qui l'avait acheté fit abattre un quartier du Bois des Hayes pour en acquitter son achat. En 1725, Messire de la Rougère, qui lui aussi avait besoin d'argent, se mit à abattre des arbres dans ce même Bois des Hayes. Mais alors, il se heurta à une forte opposition des gens du bourg de Riaillé, dont plusieurs prétendaient avoir des droits acquis non pas certes par la possession mais du moins dans la jouissance du bois. Les plaignants trouvèrent un avocat habile en la personne d'un magistrat de Nantes, Messire Abraham de Lavau, qui venait d'acquérir à Riaillé le domaine de la Piardière et ses dépendances. Contrairement aux usages du temps qui faisait durer les procès le plus longtemps possible, l'affaire fut réglée en moins de deux ans aux dépens de Messire de la Rougère qui en fut ruiné et obligé de vendre son domaine. On peut se demander si les démarches de Messire Abraham de Lavau étaient désintéressées, car il sauta sur l'occasion pour acheter le domaine dont il jouit jusqu'au 25 octobre 1742 où il mourut à l'âge de 56 ans.
Son fils François de Lavau lui succéda, mais contrairement à la conduite de son père, il reprit les droits des anciens propriétaires du Bois des Haies et dés 1749, il vendait à des marchands de bois de Nantes 50.000 pieds cubes (7.500 m3) de bois pour la construction des vaisseaux de Sa Majesté. D'après une requête adressée par les fermiers au Seigneur suzerain, le duc de Charost baron d'Ancenis, ce Messire de Lavau "aurait usé de tromperie, de finasse et tiré avantage de la simplicité de ses vassaux"
A la tête des plaignants, il y avait le recteur de la paroisse Messire René Goullier, son vicaire Messire François Lebec, fils de notaire, le noble homme Jean Baptiste Huguenin, Maître René Chollet greffier, puis Jean Chrétien commis aux forges de la Hunaudière, demeurant en Louisfert, Pierre Gauthier maréchal, Jacques Faverie boulanger et son épouse Mathurine Legendre, Pierre Bourgeois agissant pour François Boursier et Marie Bourgeois sa femme demeurant au village de la Haye, Claude Couanne farinier au nom de sa femme Renée Roy demeurant au moulin de Ligné.
Cette fois-ci le procès traîna plus longtemps et se termina le 4 octobre 1775, alors que François de Lavau était mort depuis le 26 mars 1750 et avait laissé son héritage à sa fille, Marie de Lavau, épouse de Messire Georges du Bouëxic.
Pressé par le Tribunal, ce dernier fut obligé de transiger et signa un accord à Riaillé dans la maison du sieur Huguenin. Les gens du bourg reconnaissaient n'avoir aucun droit réel de propriété sur le Bois des Hayes et retiraient leur procuration à leur avocat Maître Pohier, Messire Georges du Bouëxic, vicomte de la Driennaye, etc. en esprit de conciliation et de bienveillance accordait aux gens du bourg le fermage des terres déboisées et restées vaines et vagues, sous condition de ne rien clôturer et de laisser libres tous les sentiers et passages.
Le procès avait tout de même coûté au Seigneur de Riaillé 3.000 livres et 750 livres aux gens de Riaillé !
De ce bois est resté le nom de la Butte des Haies.