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IV - ORIGINE DE LA PAROISSE

L'évangélisation de la Gaule commença vers 250 après Jésus-Christ lorsque le pape Fabien y envoya spécialement sept missionnaires dont l'Evêque Fabien qui s'installa à Tours. Les villes furent évangélisées les premières, les campagnes ensuite et sensiblement plus tard pour la plupart, car c'est là qu'on restait le plus obstinément attaché aux vieilles traditions des ancêtres, au culte rendu aux divinités correspondant aux forces de la nature et aux nécessités de la vie telles l'eau, le feu, l'air, le soleil, etc. Le mot "païens" vient d'ailleurs de "paganus" signifiant habitant des villages. Saint Martin qui devint Evêque de Tours entre 371 et 397 fut le grand apôtre de la Gaule. Il parcourut lui-même de nombreuses régions et surtout les pays de la Loire. Il eut des imitations et des successeurs dans l'œuvre d'évangélisation des campagnes. L'un de ses disciples fonda vers la fin du IV° siècle, et peut être avant la mort de Saint Martin, un monastère qui garde son nom et qui devint célèbre sur cette colline dominant la Loire qui s'appelait autrefois "Montglone" et que nous connaissons sous le nom de Saint-Florent-le-Vieil. Ce sont les disciples de Saint-Florent qui fondèrent la plupart de nos paroisses rurales. Elles deviendront les cellules essentielles de l'histoire sociale.

Le plus souvent, la paroisse aura l'étendue territoriale du domaine rural sur lequel elle fut fondée, mais elle restera beaucoup plus stable que ce domaine. Tandis que les seigneuries rurales pourront varier et se modifier par suite des mariages, des héritages, des dons et des ventes, les paroisses resteront les mêmes dans leur ensemble avec leur administration à la fois religieuse et civile jusqu'à la Révolution Française qui séparera la commune de la paroisse.

Comme l'a dit justement un historien renommé, ce sont les paroisses qui ont véritablement fixé la physionomie de la France, avec les villages et les hameaux qui les composent, ainsi que les chemins qui les relient. La fréquentation d'une même église paroissiale a cimenté au cours des siècles tous ces liens de solidarité, souvent de fraternité qui constituent l'esprit paroissial. Ce qu'on appelle l'esprit de clocher n'est pas le véritable esprit paroissial, mais plutôt sa déformation.

 

(Les églises)

Le centre de toute paroisse était son église. C'était le lieu de la prière commune et de l'enseignement chrétien. Là se trouvait l'autel de la messe. Là, la communauté accueillait le nouveau-né et rendait les derniers honneurs aux défunts. L'église était la salle des fêtes liturgiques qui étaient aussi fêtes populaires. C'est au prône de la grand-messe du dimanche qu'étaient publiées par le curé les annonces intéressant la vie religieuse et même civile. Dans la sacristie se réunissait le Conseil paroissial qu'on appelait le Général de la paroisse [Conseil de Fabrique ou Fabrique]. Pour des circonstances importantes, l'assemblée générale de la paroisse composée des responsables des familles, se faisait à l'église à l'issue de la grand-messe.

La première église de Riaillé fut certainement quelque chose de bien simple, une construction en bois couverte de chaume. Le mobilier devait comporter une table d'autel pour la célébration de la messe, une petite estrade pour prêcher, quelques bancs ou escabeaux pour les personnes âgées et les notables du lieu. Les autres restaient debout ou à genoux ou assis parterre. Les jours de fête on répandait par terre du foin ou de la paille avec des plantes qui sentaient bon, comme le laurier, le romarin, etc. A la belle saison, on remplaçait la paille par de l'herbe fraîche. On appelait cela la "jonchée". Le jour l'église était éclairée surtout par les portes ouvertes ou par quelques ouvertures sur les cotés. Quand il faisait sombre, il y avait les cierges de l'autel et des torches de résine accrochées aux poutres de l'édifice. Avec cela, il ne faut pas s'étonner que les églises brûlaient assez souvent. Alors, on déblayait et on en construisait une autre.

Il est donc inutile de chercher combien d'églises se sont succédées dans nos paroisses au cours de 400 à 600 ans. Plus tard, seulement, les murs furent faits en pierres avec charpente apparente et toiture en grosses ardoises pour notre région. Quelques rares églises ont été construites en pierres du temps de Charlemagne et même avant, mais pour la plupart de nos paroisses rurales, les églises bâties en solide ne remontent guère avant le XI° ou XII° siècle. Il semble impossible de fixer une date pour Riaillé.

Où fut construite la première église ? A peu de chose près au même endroit que celles qui suivirent et son emplacement est lié à celui du cimetière qui n'a guère varié jusqu'au siècle dernier. Alors que les païens avaient un peu peur de leurs morts et les enterraient en dehors des agglomérations, les chrétiens considéraient leurs défunts comme faisant toujours partie de leur communauté et, pour cela, plaçaient leurs sépultures tout autour de l'église. Quelques-uns uns étaient même enterrés à l'intérieur, soit les prêtres desservant la paroisse, soit des notables, soit des bienfaiteurs, soit de simples fidèles. Les défunts restaient ainsi associés à la vie paroissiale, à ses joies et à ses deuils. Chaque dimanche ou même plus souvent, en allant ou en sortant de l'église, on allait s'agenouiller sur les tombes des morts, prier pour leur repos éternel et aussi les prier d'intercéder pour les vivants.

A Riaillé, en 1642, c'est à dire vers la fin du règne de Louis XIII, il y avait trois cimetières en service : le grand cimetière, celui autour de l'église et celui de la chapelle Saint-Jacques qui était dans le village de Bourg-Chevreuil. Il y en avait eu un également près de la chapelle de Saint-Laurent à la Poitevinière, mais il n'était plus en service.

L'ancienne église avait été consacrée en 1500 sous le patronage de Notre-Dame de la Chandeleur par Monseigneur Guiguen évêque de Nantes. Consacrée ne veut pas dire construite. La forme de son embasement, avec le clocher non intégré à l'édifice, laisserait supposer qu'elle existait avant cette date et qu'elle avait été restaurée ou en partie reconstruite au début du XVI° siècle. Elle fut restaurée vers 1630 (Louis XIII).avec la participation financière de René de Mézangé, seigneur de Riaillé, demeurant à la Cour du Bois. En 1645 puis 1646, furent consacrés les autels de Saint Eutrope et de Sainte Madeleine.

 

L'ancienne église

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Détails Cadastre 1838  Superposition du cadastre de 1838 (en noir) et du nouveau (en rouge) par M. Claude Henry

 

[D'après le plan cadastral de 1838 (détails ci-dessus), elle était décalée vers l'avant par rapport à l'emplacement de la nouvelle. Un petit cimetière la bordait, du sud à l'ouest et un calvaire était implanté dans le cimetière coté sud. Plus petite que la nouvelle (environ 27 m x 8 m), il était possible d'en faire le tour. Elle possédait sur le coté latéral nord un demi transept et le clocher. La base de ce dernier, n'était pas intégrée mais accolée à l'édifice. Le chœur n'était pas en arrondi et un décrochement du mur sud, sans contreforts, nous permets de supposer que l'église fut partiellement adossée à une construction disparue avant 1838 ou que, par suite d'un écroulement, le demi transept sud fut supprimé, ou encore, qu'il n'y avait pas de 1/2 transept au nord mais une  sacristie ?

D'après Chevon et Vergé [?], la tour carrée du clocher était surmontée d'une jolie flèche élancée.

Un porche abritait l'entrée principale, il fut démoli en 1846 par ordre du curé, pour une raison de sécurité. Suite à une plainte de la Mairie qui y affichait les publications de l'Administration, l'Evêque reçut une lettre de la Préfecture signalant que Monsieur le Desservant devait avertir Monsieur le Maire avant tous travaux !

Plainte du Préfet (Archives diocésaines) Ancienne église de Riaillé (Image de synthèse)

Si par hasard, un lecteur retrouvait un dessin ou une photo de l'ancienne église, il en existerait, paraît-il, dans un livre dont nous ne connaissons ni le titre, ni l'auteur, nous serions très heureux d'en prendre connaissance ! A défaut, vous pouvez  regarder l'image ci-dessous synthétisant l'information contenue par les divers documents à notre disposition.  N'oubliez pas de consulter la superposition de M. Claude Henry du nouveau cadastre à  celui de 1838.

 

L'église actuelle

Les Archives départementales de Loire-Atlantique (cote 2 O 144 / 4) et les Archives Diocésaines conservent les traces de la construction de la nouvelle église qui se serait déroulée de 1882 à 1886.  La partie circulaire actuelle de la Sacristie fut bâtie après démolition des restes de l'ancienne cure en septembre 1936. La pose de l'horloge remonte à 1922. Les Archives historiques Diocésaines conservent différents courriers entre les curés, les évêques et les autorités civiles. Ils permettent de prendre connaissance des difficultés financières éprouvées pour réaliser le projet, qui soit dit sincèrement, était démesuré pour l’importance de la commune. Les autorités civiles furent donc d’un bout à l’autre réticentes, critiques et peu coopérantes pour délivrer des fonds d’aide à la reconstruction. Ce qui explique, en partie, la longueur d'une prise de décision finale de construction.

Elle dura de 1841 à 1882, avec trois périodes de présentation de projets : 1840-1842, 1852-1856 et 1880-1882. Les deux premiers projets échouèrent, probablement pour des problèmes de financement. L'église actuelle est un édifice harmonieux. Son ensemble ne peut découler de travaux successifs durant 45 ans en utilisant des plans différents. La construction de la nouvelle église fut donc réalisée en 4 ans.

1) 1840-1842

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Plan de 1841 projetant  la future implantation de la nouvelle église (Archives départementales) Adjudication de 1841 (Archives diocésaines) Adjudication de 1841 (Archives diocésaines)

 

2) 1852-1856

Plan de 1856 de la future église (Archives paroissiales) Courrier 1852 (Archives diocésaines) Courrier 1852 (Archives diocésaines)

Compte tenu du cadastre de 1838 et du plan de 1841 ci-dessus, l'occupation au sol de l'église du plan de 1856 ne pouvait être celle consacrée en 1500, dont le clocher se situait à gauche de la nef et qui n'avait qu'un demi transept. D'autre part le clocher et sa flèche ressemblent à plusieurs églises des alentours construites au 19° s.  Il s'agit d'un plan qui ne fut finalement pas retenu, et cette église de Riaillé n'a jamais existé.

 

3) 1882-1885

Courrier 1882 (Archives diocésaines) Courrier 1882 (Archives diocésaines) Courrier 1882 (Archives diocésaines)

D'après les notes de Louis Dieudonné (Frère de Saint Jean-Baptiste-de-la-Salle), la bénédiction de l'église fut faite le jour de l'Assomption 1885 (15 août) par le Révérend Père Dom Eugène, abbé de l'abbaye de Melleray. Le curé Mauduit qui était en froid avec les Frères de l'école chrétienne ne les invita pas au repas. Le R.P. Abbé en fit la remarque et alla ensuite les visiter chez eux.

L'ancien presbytère fut acquis par la commune en (1834-1838) et le nouveau presbytère construit de 1895 à 1896 fut béni le 4 octobre 1896, ainsi que le calvaire du champ de foire (1889 sur le socle), sous le ministère du curé Brétesché, à la clôture d'un triduum prêché par le père Ricordel à l'occasion du jubilé national.

Au bas des vitraux du chœur de l'église de Riaillé, les armes des Montmorency et celles des Durfort sont représentées (L’épouse du vicomte de Durfort, héritier du duc de Tourzel et propriétaire du château de la Poitevinière qu’il avait fait construire, était une Montmorency). Son écusson porte une croix rouge, le roi Philippe-Auguste la traça sur le bouclier de Montmorency, avec le sang de la blessure de ce dernier. Il écrivit dessous avec le même sang "Honneur au premier Baron de la Chrétienté", ce qui devint la devise de la famille. Cette présence sur le vitrail prouve une participation financière importante de la famille de Durfort-Civrac lors de la construction de l'église. Sa générosité ne s'arrêta pas là, puisqu'elle fit construire les deux écoles libres de Riaillé ainsi que le patronage. 

Le vitrail de Saint-Sébastien dans la chapelle de gauche, fut mis en place par le curé Lescaudron.

Récapitulation des édifices religieux à Riaillé d'après l'Abbé Trochu : Une église dans le bas du bourg, plusieurs chapelles dont une à Saint-Ouen, une au Haut-Rocher, une à la Piardière, une à Bourg-Cheveuil, une à la Provôtière (démolie en 1924), une au château de la Meilleraie, une ou deux à la Poitevinière (L'une dans les bois à Saint-Laurent, l'autre près de la maison Huguenin), une à Saint-Louis, une au Fretais et une dernière à la Cour du Bois.. Sachant que la durée de vie de ces chapelles était environ de 200 ans, il est possible qu'elles n'aient pas toutes servies au culte en même temps.  

Chapelle de la Provostière en 1891 (Croquis de M. Bainvel)

Nous n'avons retrouvé que celles de la Provostière et de Bourg-Chevreuil sur la Carte de Cassini dressée entre 1760 et 1780 ! Donc à la veille de la Révolution, les autres chapelles, y compris celles de la Poitevinière, de Saint-Laurent et du château de la Meilleraie n'existaient déjà plus lors des relevés topographiques.

D'après un document , LE SAVIEZ-VOUS ?,  retrouvé dans les archives personnelles d'Hyppolite Testard, ancien Secrétaire de Mairie et passionné de l'Histoire locale de Riaillé, les processions des Rogations des paroisses de Riaillé et Pannecé se rencontraient au village des Druillais, la croix et la bannière passaient au milieu de la maison qui se trouvait construite sur les deux paroisses.]

 

Noël Bouvet 03/11/2009]

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