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II - LES SEIGNEURIES DE RIAILLÉ

(Le Bois de Riaillé - La Cour du Bois)

Jusqu'aux environs du XIII° siècle, le territoire de Riaillé resta placé sous l'autorité du châtelain de la Benâte qu'on appelait aussi le Fief Guihéneuc ou Fié Guihénoc. Ce fief se divisa vers le XIII° siècle et donna naissance aux trois seigneuries de Saint-Ouen, Chevasné et Melleraye.

Cependant le bourg de Riaillé et son entourage direct ne dépendaient d'aucune de ces trois seigneuries. Petit par son étendue, ce petit territoire restait l'héritier de la châtellenie primitive et gardait la préséance sur toute l'étendue de la paroisse. Peu à peu on l'appela la seigneurie de Riaillé. Sa juridiction s'étendait sur le bourg de Riaillé avec ses terres et masures, sur la Buchetière, la Gérardière (La Jardière de nos jours), la Thouinière, le Poncereau, la Guignière, une partie de l'Enclose, le Bois Laurent, le bois des Hayes contenant 50 journaux, le bois de Toucheronde contenant 74 journaux, le grand pré Baron joignant l'Erdre.

La Benâte étant devenue inhabitable, le maître du lieu alla s'installer un peu plus haut sur le coteau en un lieu appelé le Bois de Riaillé ou le bois Renaud parce qu'il avait appartenu à un certain Renaud. Le manoir du Bois était entouré de murs avec des douves sur les trois cotés midi, est et nord. Le coté ouest était fermé par un portail. La maison avait un étage et un grenier, une grande remise pour les carrosses, lingerie, chauffoir, pressoir, écurie, étable, basse-cour. Il y avait une cour au milieu. Le tout comprenait un journal et demi. Hors la cour, on trouvait une métairie dépendant du manoir. On y voyait quatre étangs : l'étang Huet, L'étang des Noës, l'étang du milieu, l'étang Droux qui alimentait le petit moulin des Droux.

 

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La Cour du Bois  en 2001

 

Pour jouir de son domaine, le Seigneur des Bois devait à la Baronnie d'Ancenis :

 

Ses vassaux lui donnaient pour :

Le Bourg, la Bûchetière, la Gérardière non divisés :

La Thouinière et la Guignière ensemble :

 

 

 

Le Bois Laurent :

Toucheronde :

La dîme : Le Seigneur a droit au 1/3 de la dîme, les curés de Riaillé et Bonnoeuvre à 1/3 chacun :

 

Le droit de porchage : Les vassaux pouvaient élever des porcs et leur faire manger les glands dans les bois du seigneur, mais celui-ci retenait un ou plusieurs animaux bons à manger et il percevait un denier par porc au-dessus du nombre de trois.

Le chêne de Noël : Les vassaux se réunissaient la veille de Noël et s'en allaient ensemble abattre un chêne désigné par le garde-chasse. Le tronc long de sept pieds (2,31 m) était amené par eux et placé dans la grande cheminée du manoir des Bois. Les petites et grandes branches étaient partagées entre les travailleurs. On ne voit pas comment un arbre non sec pouvait servir de bûche à Noël !

Les vassaux mariés de l'année devaient participer le lundi de la Pentecôte au jeu du battoir organisé pour l'amusement de la population.

1283.Ce domaine appartenait à un homme de grande famille Olivier de Rougé, dont la seigneurie principale était au château de la Motte-Glain à la Chapelle-Glain ou Chapelle-Glen, mais il avait d'autres propriétés comme Rougé et surtout Derval. Il mourut en 1294. Après lui vinrent plusieurs de ses descendants prénommés Jean. Le dernier Jean III mourut en 1420 et avec lui s'éteignit la tige des Rougé de la Motte-Glain car il n'avait que deux filles dont l'une, Jeanne, épousa Jean de Penhouet et l'autre Hélène fut la femme de Jean de Créans. Pourtant, en 1427, on trouve au Bois le nom d'un certain Jamet de Rougé sans qu'on puisse en donner une explication.

1467. D'après un aveu du 27 avril de cette année, l'écuyer François du Breil, Seigneur du Breil près de Freigné en Anjou, possédait le bois de Riaillé et la terre de Teil en Trans. Le 11 juin 1469, le même François du Breil passait un accord avec la bienheureuse Françoise d'Ambroise, alors veuve du duc Pierre II de Bretagne et devenue religieuse à Vannes. Il recevait une somme de 300 livres et donnait au couvent des Pères Carmes de Nantes une rente de 12 livres à prendre sur sa terre du Bois en Riaillé pour assurer le service d'une messe annuelle fondée par le testament de Marie de Rieux, mère de Françoise d'Ambroise.

1497. François du Breil, fils du précédent, épousait Marie de la Bouteille fille de Messire Pierre de la Bouteille, Seigneur de la Mauvaisinière en Bouzillé et du Doré. Ainsi la famille s'implantait au sud de la Loire.

1509. Le 23 février, François du Breil se heurta à Gilles le Vicomte, Seigneur de Saint-Ouen qui lui contestait le droit de préséance dans l'église de Riaillé. Il y eut procès devant les délégués du siège apostolique, Messires Olivier Ferré et Pierre Bourneuf. Le débat fut renvoyé à six semaines plus tard et on ne connaît pas la conclusion.

1519. Messire Mandé du Breil, âgé de 22 ans, fils du précédent et déjà qualifié des titres de Seigneur de la Mauvisinière en Bouzillé, du Bois en Riaillé et du Teil en Trans, épousait une demoiselle de qualité, Renée de Vassy, fille d'honneur de la duchesse Marguerite d'Alençon, sœur de François I° roi de France. Elle était fille de Messire Philippe de Vassy et de Marie des Essarts. Mandé du Breil mourut à la fin de l'été 1523. Sa veuve lui survécut assez longtemps.

1523. Christophe du Breil succéda à son père sous la tutelle de sa mère. Il fut un brillant soldat, capitaine d'une compagnie de 50 hommes d'armes, il fut récompensé par le roi Henri III le 20 avril 1576 pour ses bons et loyaux services. Il avait fait un heureux mariage avec une voisine de la Mauvaisinière, Catherine du Bellay, la propre sœur du fameux poète Joachim du Bellay. Catherine et Joachim étaient enfants de Jean du Bellay et de Renée de Chabot Dame de Liré. C'est pourquoi ils naquirent dans ce "petit Lyré" que chanta Joachim.

1579. Christophe et sa femme étaient au Bois de Riaillé. Ils avaient sans doute mené grand train de vie à la cour royale et de plus c'était au temps des guerres entre catholiques et protestants, qui semèrent bien des ruines. Leurs affaires devaient être en mauvais état, car ils avaient vendu le Bois et le Teil à la famille le Vicomte de Saint-Ouen. Le Bois avait été racheté un peu plus tard, mais le Teil resta à Saint-Ouen.

1584. Claude du Breil, fils de Christophe était encore seigneur du Bois. La famille laissa peut-être des descendants dans le pays. On trouve en 1665, un Gervais du Breil à Bonnoeuvre. De 1648 à 1678, Isaac du Breil, puis Michel du Breil furent recteurs de Riaillé. Appartenaient-ils à cette famille ?

1600. Vers cette date, le bois de Riaillé fut acheté par Messire René de Mézangé, un homme de loi originaire de la Haye d'Auverné, qui vivait du revenu de ses charges diverses exercées dans les seigneuries du voisinage comme procureur fiscal ou sénéchal. Etant aussi notaire royal, il pouvait mettre devant son nom le titre de noble homme. La famille Mézangé était alliée à d'autres familles d'hommes de loi, avocats au parlement de Bretagne, comme les Ernoul de la Provoté qui exerçaient leur profession dans la région de Châteaubriant et les Lambert de la Grée d'Auverné qui étaient plutôt attachés à la baronnie d'Ancenis. Il avait épousé Jeanne Bidé.

René de Mézangé avait renoncé à habiter dans le manoir du Bois Riaillé qui était trop délabré et il avait fait aménager sa demeure dans les dépendances, si bien que le nom de la maison seigneuriale devint la Cour du Bois (Le mot cour désignant souvent les dépendances agricoles d'une maison noble). L'église de Riaillé fut restaurée voire reconstruite entre 1630 et 1640, Le Seigneur du Bois, l'écuyer René de Mézangé se montra parmi les plus généreux donateurs à cette occasion. Mais vint le temps des épreuves familiales

1642. Le 23 avril, il enterrait sa fille chérie Anne de Mézangé

1649. Le 15 octobre, c'était au tour de Jean de Mézangé, écuyer seigneur de la Roussière.

Dans les années suivantes, on trouve encore des Mésangé à Riaillé. Michel de Mésangé en 1670, Marie de Mésangé le 5 octobre 1700

Les successeurs à la cour du Bois passeront rapidement :

1678. Joseph Delaureau, conseiller du roi, maître des comptes, seigneur de la Noë et du Bois de Riaillé. Il avait épousé Dame Françoise Fournier.

1699. Jacques Avril, chevalier, conseiller du roi et maître ordinaire à la chambre des comptes de Bretagne. Il avait épousé Dame Françoise Fournier en deuxième noce veuve du précédent

1722. Messire Bidé, seigneur du Plessis, conseiller du roi et maître ordinaire et maître ordinaire à la chambre des comptes de Bretagne. Il tenait ce domaine de sa femme, née Fournier et nièce de Françoise Fournier veuve par deux fois.

1725. Messire Bidé étant mort, sa veuve épouse Messire de la Rougère, qui devient momentanément propriétaire du Bois. Mais il entre en lutte avec plusieurs de ses vassaux au sujet de l'exploitation du bois des Hayes. Ces vassaux sont conseillés par un avocat, Messire Abraham de Lavau, propriétaire de Chevasné, la Piardière et le Haut-Rocher. Le pauvre Messire de Rougère n'est pas de taille à se défendre et il doit vendre la propriété

1727. Messire Abraham de Lavau l'achète et devient Seigneur du Bois de Riaillé (Voir un peu plus loin le chapitre Chevasné-la Piardière).

 

(Saint-Ouen - La Guibourgère))

La seigneurie de Saint-Ouen semble s'être détachée de la Benâte au cours du 12éme siècle à l'époque où fut construite la chapelle dédiée à Saint Ouen. Cette dernière fut financée par un don d'André de Varades porté sur son testament en 1196. Nous ignorons les motifs de cette dévotion à Saint Ouen qui fut moine et Evêque de Rouen au temps du roi Dagobert et du bon Saint Eloi au VII° siècle. Elle resta la propriété de la famille Le Vicomte pendant plusieurs siècles.

1270. Alain Le Vicomte, seigneur de Saint-Ouen était à la 9éme croisade, celle qui aboutit à la mort de Saint-Louis à Tunis.

1370. Thomas Le Vicomte, son petit-fils, suivit le parti des Montfort dans la guerre de succession de Bretagne. Il conclut une alliance avec le duc Jean IV.

1381. Jean Le Vicomte fils du précédent était présent à Pouancé pour la ratification du traité de Guérande passé précédemment entre le roi de France Charles VI et le duc Jean IV soutenu par les Anglais. (Voir De Courcy - "Réformation des paroisses de l'Evêché de NantesRéformation des paroisses de l'Evêché de NantesRéformation des paroisses de l'Evêché de Nantes"). Ce document donne au sire Le Vicomte les titres de seigneur de Saint-Ouen, la Connillère et Mongéron (Mongerain) en Riaillé, de la Blanchère en Saint-Herblon et de Caléons.

1427. Guillaume Le Vicomte était l'époux de Perrine des Burons

1440. François Le Vicomte

1477. Gilles Le Vicomte, encore mineur, avait comme tuteur Bertrand Le Vicomte son oncle.

1519. Jean Le Vicomte encore vivant en 1542. Il n'a pas de fils, mais une fille appelée Renée.

1582. Julien de Valhais et sa femme Renée Le Vicomte

1626. Madelon de Valhais, écuyer

1631. La Guibourgère est érigée en châtellenie et cet acte est enregistré au Parlement de Bretagne le 23 mai 1632 en faveur de l'Evêque de Saintes par le roi Louis XIII. Cette châtellenie comprend la Guibourgère, la Ragotière, Mésenger, le Tremblay, le Teil en 5 paroisses Teillé, Mésanger, Trans, Pannecé, Riaillé

1632. Le 16 juin, Madelon de Valhais, vend la Seigneurie de Saint-Ouen à Monseigneur Jacques Raoul de la Guibourgère Evêque de Saintes. Jacques Raoul était le 6ème seigneur connu de la seigneurie de la Guibourgère. Sénéchal et maire de Nantes en 1621, Conseiller au parlement de Bretagne, il avait épousé Yvonne Charrette de Montbert et eut plusieurs enfants. Devenu veuf, il entra dans les ordres, devint évêque de Saintes, de Maillezais et de la Rochelle. Mort le 15 mai 1661, il fut inhumé le 30 en l'église des Capucins de Fontenay.

1653. Guillaume III Raoul, seigneur de la Guibourgère, conseiller au Parlement de Bretagne et fils de l'Evêque épouse Anne Sanguin de Végron. Il meurt en 1672.

1654. L'Evêque achète en plus les seigneuries de Pannecé et de la Rivière en Pannecé à Christophe Paris. La Guibourgère relevait de la châtellenie de Saint-Mars-la-Jaille à qui elle fournissait chaque année, le jour de la Madeleine, un gant gauche en cuir de cerf pour la chasse au faucon. Elle y ajoutait 2 provendes d'avoine menue c'est à dire 16 boisseaux mesure d'Ancenis.

1678. Jacques Joachim Raoul, son fils, Conseiller au Parlement de Bretagne. Il épouse Dame Thérèse Sanguin de Végron en 1683 et devient Procureur syndic des Etats en 1706

1708. Jacques Claude Raoul, son fils, est Conseiller au Parlement de Bretagne. Il épouse en 1710 Françoise Huart de Boeuvres et devient Procureur syndic des états en 1723 et laisse à sa mort l'héritage à sa fille.

1736. Jean-Baptiste Camus de Pontcarré, seigneur de Viarmes qui fut Maître des requêtes, Prévôt des Marchands de Paris, Intendant de Bretagne. Il épouse Françoise Louise Raoul de la Guibourgère, née à Rennes en 1712. Veuve, cette dernière décède le 6 décembre 1782 à Boeuvres et est inhumée le 8 dans l'église de Messac.

La Guibourgère passa à leurs deux fils, encore en indivis en 1786. Le premier, Louis François Camus de Pontcarré fut premier Président au Parlement de Normandie, il émigra et survécut à la Révolution. Le second, Louis Jean Camus de la Guibourgère, Conseiller au Parlement de Paris épousa Marie Thunot de Trévigny. Il périt sur l'échafaud à Paris le 20avril 1794. Son fils racheta ce qu'il put du domaine sous la Restauration, il mourut en 1853. Le château, d'un beau modèle, avait été bâti en 1600. Longtemps abandonné, il fut restauré en 1827.

Du château de Saint-Ouen, il ne reste pratiquement pas de trace apparente. Il a été démoli avec la volonté, semble-t-il, de tout effacer. Seule subsiste une butte de terre qui cache peut-être, quelques vestiges de murs. On peut cependant y voir l'ouverture basse d'un souterrain qui serait, dit-on, une salle voûtée. Une légende prétend que ce souterrain reliait les châteaux de la Benâte à celui de Saint-Ouen. Il aurait fallu pour cela des travaux considérables commandés par une grande nécessité et on ne voit pas laquelle ? Le souterrain de Saint-Ouen n'est qu'un reste des caves de l'ancien château ou, peut-être, la crypte de l'ancienne chapelle ! Les habitants de ce lieu ne connaissent aucun coin de terre portant le nom de chapelle.

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