LES ACTIVITÉS AGRICOLES ET PARA-AGRICOLES

 

LA FORÊT

Plus de 1000 ha de bois à Riaillé

_ la Forêt dAncenis
_ Les Bois de la Meilleraie
_ Les Bois d'Ahaut
et différents taillis

La principale, celle dAncenis, servait autrefois pour alimenter en combustible (charbon de bois) le Haut Fourneau de la Poitevinière. Celui-ci arrêté en 1868, la forêt est alors exploitée rationnellement par les différents exploitants forestiers du pays, pour les besoins de bois d'oeuvre, chêne, hêtre, sapin etc .... Le bois de chauffage était destiné pour les boulangers et les particuliers, l'écorce pour les tanneurs et le merrain pour les tonneliers.

La plupart des  boistiers  étaient de la Poitevinière, mais quelques-uns uns des villages voisins, se joignaient à eux pour la saison.

La taille se faisait de novembre à fin mars, et d'avril et mai, suivant la montée de la sève pour l'écorçage. Ces hommes devaient donc trouver un travail intermédiaire pour gagner leur vie. En général, ils faisaient la métive dans les fermes, de la Saint Jean à la Toussaint, pour les gros travaux agricoles.

La forêt dAncenis compte 19 coupes, d'environ 40 hectares chacune, des ateliers étaient tirés au sort pour les parcelles à exploiter .Les gros arbres chênes, hêtres, sapins étaient abattus par des bûcherons spécialisés, déhalés par de puissants chevaux et transportés sous les « diables » vers la scierie pour y être débités suivant les commandes . Le bois de chêne de qualité inférieure allait pour faire les traverses de chemin de fer, la charpente, celui de qualité supérieur était destiné pour la menuiserie ainsi que le merrain.

Marcel Grandière, le dernier fendeur, a exercé cette activité jusqu'en 1956.

L'écorce était expédiée vers les tanneries de Nort-sur-Erdre et Châteaubriant. Cette activité s'est arrêtée après la guerre de 1939/ 1945.

Les charbonniers utilisaient des bois de petits diamètres et de plusieurs essences, qu'ils dressaient en dôme et les recouvraient de plées, tout en ménageant une ouverture en bas et une en haut, mais qu'il fallait surveiller de près pour éviter la surchauffe du fourneau, donc l'embrasement de celui-ci.

Le fourneau était mis en feu le lundi matin, et le mardi soir les orifices étaient obstrués afin que le feu s'éteigne et que le fourneau refroidisse. Le jeudi, avait lieu la mise en sac, et les charbonniers recommençaient sur un nouvel emplacement, ces petites buttes de terre noire que l'on retrouve encore de nos jours et que l'on appelle les fouées .

La saison des charbonniers s'étalait de décembre en mai ou juin. Pendant ce temps, ils habitaient en forêt dans des huttes en bois recouvertes de terre, pour être au plus près et surveiller leur travail.

Le châtaignier était utilisé surtout par les cultivateurs pour les clôtures et par les viticulteurs pour les piquets de vignes.

Les fagots utilisant les branches les plus fines allaient pour chauffer les fours des boulangers, rien n'était perdu.

Les habitants de la Poitevinière, avaient le droit de ramasser le bois mort, un jour par semaine, (en principe le jeudi, les enfants n'ayant pas classe, ils pouvaient aider leurs mères à ce ramassage). Ils n'avaient droit qu'à une brouette, pour l'enlèvement !

Le houx était abattu par les fabricants de manches d'outils, car très résistant. La cime du bouleau était utilisée pour faire des balais, qui pour une grande part étaient expédiés vers Nantes et Angers, pour les balayeurs des rues. La bruyère était aussi très recherchée également pour les balais.

La forêt utilisait donc beaucoup de main d'oeuvre, malheureusement, pas très bien rémunérée, ces familles vivaient chichement et pourtant, elles avaient de nombreux enfants à élever. Heureusement, chacun avait son élevage de volailles, qui même un cochon, ce qui aidait à joindre les deux bouts.

 

LA VIGNE

Jusque vers les armées 1970, la vigne tenait une grande place dans la structure agricole de la Commune .Beaucoup de foyers possédaient leur petit coin afin d'assurer la boisson pour l'année et parfois, la vente de quelques barriques payait les frais occasionnés.

Autour du bourg il y en avait beaucoup :

o Le coteau situé entre la rue des Rochettes, la route de Joué et celle de la Meilleraie en était couvert à 80%.
o Vers Trans, la Fontaine Minérale, les sapins plantés à la place en grandissant, ont modifié le paysage.
o Saint-Louis, la Brunaie, célèbre pour son Oberlin, Baco etc ....
o Le coteau de Saint-Ouen où le dernier Muscadet local a été cultivé,
o Et dans tous les villages, chaque ferme avait son carré.

Au moment des vendanges, chacun s'affairait à prépare les barriques, les tonneliers ne chômaient pas, il fallait aussi abreuver les pressoirs et prendre son tour.

Parmi les cépages, le 54/55, dominait, mais Oberlin, Baco, Couder et Noah , la Terrasse Othello avaient leur place. Chacun y allait de sa petite cuisine pour la vinification, sans produits nocifs, le résultat n'était peut-être pas toujours au rendez-vous, mais tant pis, il fallait consommer sa récolte.

La famille Pelletier au Haut-Rocher, possédait en 1900, plus de 100 boisselées de vigne ( soit au moins 12 ha) dont une partie en Muscadet.

Beaucoup de vergers aussi et des arbres isolés, pommiers et poiriers, produisaient du cidre de très bonne qualité. Le cidre de la Poiré Blanchard, n'était-il pas quelque fois confondu à du vin blanc ! ! ! .

La route vers Trans-sur-Erdre recelait les meilleurs crus.

Malheureusement, les besoins de l'agriculture, en grandes surfaces, le remembrement, ont fait disparaître ces témoins du passé. C'est dommage, car déguster le vin ou le cidre « au cul de la barrique », avait son charme et occupait les dimanches après-midi, ou en ce temps-là, les distractions n'étaient pas nombreuses.

 

L'AGRICULTURE

Au début du siècle, il existait environ 190 exploitations agricoles sur la Commune, dont la superficie allait de quelques hectares à 30 hectares au maximum, avec un cheptel de 3 ou 4 vaches à 15 au plus. Fin 2000 il reste une trentaine d'exploitations, comptant certaines plus de 100 vaches et toutes les surfaces utiles sont exploitées.

Les chevaux de trait n'existaient pratiquement pas, seules quelques fermes possédaient une jument pour atteler sur la carriole pour leurs déplacements.

Le travail était fait par des boeufs, aussi des vaches, que l'on attelait avec le joug. Les grandes fermes avaient jusqu'à quatre paires de boeufs. Les chevaux firent ensuite leur apparition pour le travail de la terre, mais leur règne ne dura pas si longtemps puisque après la guerre 1939/1945, les tracteurs apparurent. Le premier fut acheté en 1938 par Eugène Dutertre , de marque « Austin » à roues de fer. Ensuite, ce fut une vraie hécatombe pour les chevaux, remplacés par ces mécaniques de plus en plus sophistiquées, avec toute leur suite d'appareils propres à effectuer tous les travaux de la terre.

Voici les principales cultures du début du siècle :

- le blé

- l'avoine 

- l'orge

- un peu de blé noir (pour la galette) aussi du barbarie, de la jarosse semée parmi l'avoine qui lui servait de tuteur

- le seigle (appelé « bieu »)

- le colza et le maïs, ces cultures étaient cultivées en petite quantité, pour les donner vertes aux animaux, pendant la période des foins et des moissons.

Le trèfle vert, le rouge, la luzerne étaient cultivés pour faire le foin et bien entendu les choux et les betteraves pour la nourriture d'hiver avec le foin et la paille, pas d'additifs ni graisses animales ! ! !

La culture du maïs a progressé à partir de 1970 avec le développement de la mécanisation et le désherbage. D'autres cultures inconnues jusqu' alors comme le petit pois, le tournesol et quelques autres qu'on a acclimatées à notre pays, sont venues remplacer les cultures traditionnelles.

Le lin était aussi cultivé pour alimenter les nombreux tisserands qui fournissaient les draps et les étoffes.

L'élevage aussi a beaucoup évolué, de quelques vaches par exploitation aux centaines présentes dans les stabulations modernes. De la traite à la main pour quelques dizaines de litres de lait, à la salle de traite moderne recueillant des milliers de litres dans les tanks réfrigérés, passant directement dans les camions citernes pour les conduire aux laiteries.

A la laiterie le lait est transformé en beurre, fromage, et pour beaucoup en poudre de lait que l'on retourne à la ferme pour la nourriture des veaux (la boucle est bouclée), que l'on prive de la joie d'être près de leur mère et de téter directement le lait nécessaire à leur épanouissement... 

Mais on appelle cela, le progrès !

L'élevage industriel hors-sol des porcs et des volailles, pas très répandu dans notre Commune, a aussi modifié le paysage agricole. On ne voit plus de volailles: poules, canards, dindons, pintades, courir dans les cours de fermes à la poursuite des vers et graines. Fini les cochons que l'on élevait avec le petit lait, la farine d'orge et les pommes de terre. Tous sont casernés, nourris aux granulés par centaines et par milliers pour les volailles, avec quelques centimètres carrés pour s'ébattre, ne connaissant ni le jour ni la nuit, la lumière artificielle et les murs étant leur seul horizon.

Grâce à l'évolution appelée progrès, la fin du siècle connaît beaucoup de disfonctionnements : la vache folle, la listériose, les problèmes de dioxine, les inondations que l'on impute à tort ou à raison aux remembrements. Les technocrates devraient peut-être réviser leurs thèses et revenir à des considérations plus « terre à terre », en tout cas mieux adaptées à la vie des humains comme des animaux.

 

Le matériel et les moyens :

Au début du siècle, les céréales étaient récoltées à la faucille, certaines familles se louaient, comme la famille Mulvet, pour faire ce travail. Ensuite ce fut la faux équipée d'une toile appelée « tablier », ceci pour grouper les épis. Ensuite vient la faucheuse tractée par un ou des chevaux, elle aussi équipée d'une toile pour faire des « javelles », que l'on rassemblait en gerbes, liées avec des « lions », fait de paille longue tressée et ramassée tôt le matin à la rosée, afin que la paille ne casse pas, que l'on serrait avec la « bille ».

Arrive la moissonneuse-lieuse, qui coupait, liait les gerbes avec de la ficelle. Il ne restait plus qu'à mettre les gerbes en tas, debout (les quintaux), transportés ensuite, après quelques jours sur l'aire de battage, et mises en meules qui biens faites, pouvaient attendre le battage sans craindre les intempéries.

Au début du 20° siècle, on battait encore au fléau, mais le manège entraîné par des boeufs et ensuite des chevaux fut utilisé, mais ne faisait qu'extraire les grains de l'épi, il fallait ensuite « venter » la récolte avec un appareil manoeuvré par deux hommes.

Vers 1930, la première batteuse (marque St Française de Vierzon) vint alléger le travail des hommes, elle-même remplacée vers les années 1950, par les moissonneuses-batteuses faisant tout le travail en une seule opération, les grains passant directement du champ au silo sans intervention humaine, seules les botteleuses suivent pour ramasser la paille.

Les « batteries » étaient un travail dur et fastidieux. Les gens se groupaient par « bataillons » pour être en nombre suffisant, il fallait entre vingt et trente hommes de force pour accompagner la machine. Ce travail était coupé en « tranches ». D'abord le café le matin, ensuite vers 9 heures, c'était la soupe, légumes et charcuterie, puis vers 13 heures, les cuisinières étaient dans leurs petits souliers, la grande cuisine : volailles .... Vers 17 heures, nouvel arrêt pour apprécier la collation et pour surtout se rafraîchir et faire passer la poussière, car il y en avait beaucoup. En fin de journée c'était la soupe et comme l'ambiance montait, les conteurs et les chanteurs et chanteuses, s'activaient jusqu'à une heure avancée, parfois pourtant, il fallait remettre ça le lendemain de bonne heure. C'était fatiguant mais tellement convivial.

Ce temps est révolu, des groupes se retrouvent encore pour l'ensilage, ça ne dure pas longtemps, il ne faut pas « amuser » le matériel et l'ambiance n'est pas la-même.

 

LA LAITERIE-COOPÉRATIVE

En 1942, la première installation de la laiterie se fit dans les hangars de la gare du petit train. Installation très sommaire car les dirigeants de la Coopérative de Saint-Mars-la-Jaille, ne savaient pas trop où ils s'engageaient Un quai pour déposer les bidons, une écrémeuse, une baratte avec une cuve en bois furent installés. Les collecteurs de lait faisaient leurs tournées chez les coopérateurs, en voiture à cheval pour certains, d'autres disposaient d'automobiles fonctionnant au gazogène. Tout cela, pour quelques centaines de litres par jour récoltés. Les cultivateurs étaient réticents à fournir, car le beurre partait disait-on, pour les troupes d'occupation, ce qui en partie, était probablement réel.

Premiers collecteurs de lait en 1942 :

- Rousseau Saint-Mars-la-Jaille

- Goiset Saint-Mars-la-Jaille 

- Tillaut O. Riaillé

Après la guerre, l'extension de la laiterie fut rapide, et même une fromagerie fut accolée. La fromagère, car c'était une femme qui s'en occupait, faisait à elle seule, la « pub » pour son produit. Son aspect et son odeur suffisaient pour savoir que son fromage avait du goût ! ! ! 

Cette laiterie fut démolie, et une usine neuve, adaptée aux besoins, fut construite. Elle fonctionna jusqu'en 1957. L'alimentation en eau ainsi que les difficultés de traitement des eaux résiduaires, fit qu'elle fut transférée à Ancenis, d'abord Boulevard Pasteur, et ensuite sur la zone industrielle où elle est toujours.

 

LES MOULINS A EAU

La Poitevinière :

Le moulin fut tenu d'abord par Mr Coraboeuf, puis Dupuis Jacques, ensuite par Dupuis Auguste et enfin son fils. Arrêté en 1968, soit cent ans après l'arrêt du Haut Fourneau. Ce moulin avait de particulier que l'eau arrivait par le dessus de la roue à godets, que le poids de l'eau faisait tourner. Une turbine plus moderne remplaça cette roue, mais comme tous, concurrencé par les grosses minoteries, il dut s'arrêter.

La Benâte :

Il appartenait à la famille Hardou.  Il fonctionnait l'hiver avec une roue à aubes poussée par l'eau de l'Erdre, et l'été grâce à une locomobile à vapeur, puis ensuite à l'électricité. Il fut arrêté en 1969.

Le Moulin Pelé :

Il appartenait à la famille Juvin, puis ensuite à la famille Pauvert. Il fonctionnait comme celui de la Benâte, plus tard un moteur à gaz pauvre y fut adjoint, utilisant des huiles de vidange. Il fut arrêté vers 1935.

Le Moulin Deroux :

Tenu par Mr Guérin, c'était un moulin à foulon servant à broyer le chanvre et le lin. Il utilisait l'eau du ruisseau de la Cour du Bois.

 

LES MOULINS A VENT

La Butte des Haies :

Il était situé derrière la statue de la Vierge et tenu par la famille Juvin. Il a disparu au début du siècle.

La Meilleraie :

Il existe toujours. Au début le moulin était tenu par la famille Coquereau, puis par François Suteau père et ensuite le fils. Il arrêta de fonctionner vers 1975.

Saint Ouen :

Il existe toujours, la toiture a été refait récemment. Il appartenait à la famille Coquereau.

Les Druillets :

Il appartenait également à la famille Coquereau et fut démoli en 1938. La pierre fut donnée pour la construction de l'Hospice.

La Cossarde (Buchetière) :

Appartenait à la famille Juvin et fut démoli en 1938 . La pierre fut donnée pour la construction de l'Hospice.

Les Roullais :

Il appartenait à la famille Guérin, puis à la famille Pehu. Il fut arrêté puis démoli vers 1910.

Haute Pierre :

Il appartenait à Jacques Dupuis, on ne connaît pas la date d'arrêt ni de démolition.

Les Rochettes :

Il appartenait à la famille Guérin puis à la famille Denion. Il fut démoli en 1938, la pierre servi à la construction de l'Hospice. Ne dit-on pas qu'il servit de point de repère pour la construction de la route de Joué sur Erdre ?

P. S. Dans la famille Guérin, il y avait huit garçons, ils furent tous meuniers ou boulangers dans la région !

 

L'échange se pratiquait beaucoup entre les cultivateurs, le meunier et le boulanger. La règle moyenne se situait ainsi : le cultivateur remettait 112 kg de blé au meunier qui rendait 100 kg de farine. Pour 100 kg de farine le boulanger fournissait 36 pains de six livres ou 72 pains de trois livres, (c'était à l'époque le plus petit modèle de pain) et sans retour d'argent, sachant que 100 kg de farine, fournissait avec l'ajout d'eau et de sel, environ 130 kg de pain. Il restait donc au boulanger environ 20 kg de pain pour payer son travail.

Le compte était établi d'avance. On employait une «coche » une baguette de noisetier généralement, fendue en son milieu, sauf dans sa dernière partie haute où était inscrit le nom du client. Cette dernière restait au boulanger, qui à la livraison du pain appliquait celle du client contre la sienne, y faisait une encoche avec son couteau et le lui rendait. Il était donc facile et sans risque d'erreur de compter le nombre de pains livrés, tout ceci sans manipulation d'argent. Il ne fallait surtout pas perdre sa coche.

 

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