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Ecole des garçons - Saint-Augustin)

 

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Cour & classes de l'école Saint-Augustin (vers 1940) Entrée de l'école Saint-Augustin vers 1940

 

Donc en 1891, les Frères de Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle quittèrent Riaillé, le recteur MAUDUIT qui ne les jugeaient pas indispensables, ne souhaitaient pas leur retour ou du moins il n'avait fait aucun effort pour leur permettre de rester dans une école indépendante de la commune. Il avait d'autres financements à assurer comme l'achèvement de l'église, le calvaire du Champ de Foire (1889 écrit sur le socle) et la nouvelle Cure. Peut-être, pensait-il, que la construction d'une école chrétienne de garçons le priverait de la générosité de ses plus riches paroissiens pour achever ses chantiers ou qu'il fallait accorder un peu de répit aux donateurs et "laisser du temps au temps". De nos jours, il apparaît plutôt avoir été un pragmatique qu'un égocentrique.

 

Mais, sous la pression des notables de Riaillé dont M. Alfred BRÉGEAU, leur ancien voisin, les Frères revinrent en 1892 dans une école nouvellement construite grâce à la générosité de Augustin de DURFORT-CIVRAC de LORGES, plus connu dans la commune sous la dénomination de vicomte de DURFORT. En témoignage de son altruisme, l'école prendra le nom de Saint-Augustin. En 1892, date de la réouverture de l'école chrétienne des garçons, 12 élèves seulement resteront à l'école communale.

 

Vous trouverez ci-dessous une reproduction d'une CHRONIQUE DE LA COMMUNAUTÉ allant de 1876 à 1956. Elle provient, du moins pour le début, de Notes écrites à la fin de sa vie par le Frère Louis DIEUDONNÉ (Il signait Fr. D. L. H. F.) et recueillies par un enseignant. Des photocopies nous ont été communiquées par le Docteur Robert Mainguy. D'autres textes du Frère Louis DIEUDONNÉ concernant les loisirs des Frères et leurs rapports avec quelques familles riailléennes ont été également conservés. Ils ne sont pas d'un grand intérêt en ce qui concerne l'histoire de la commune.

 

CHRONIQUE DE LA COMMUNAUTÉ

Le vénéré Frère Dioscore était très bon, très simple, trop simple même ; il manquait de confiance en lui-même et ne savait pas toujours par quel bout entamer une question. Il n'osait guère parler de l'avenir de son école, sinon à M. le Vicomte de Durfort, dont la charité était encore plus grande que la fortune. Parfois aussi, il s'en ouvrait à M. Hugé, ancien maire, celui qui avait fait venir les Frères à Riaillé, à Mme Delajartre, à M. Denécheau. Plus hardi, il eût demandé à M. le Curé ce qu'il pensait faire en cas de laïcisation et engagé M. de Durfort à construire à temps une école privée. Le bon Frère Dioscore ne sut pas profiter de l'incomparable popularité que lui avaient acquise son dévouement et sa sainteté. Mais je ne veux point, je ne peux pas l'accuser, lui, car je suis convaincu que sa grande préoccupation était de conserver les Frères à Riaillé. Notre école devenait une pépinière de vocations religieuses et sacerdotales. Je rechercherai donc les causes de cette timidité qui empêchait le Frère Directeur de poser carrément la question de l'école libre.

 Monsieur Pierre Mauduit était curé de Riaillé, son frère Baptiste Mauduit, vicaire. N'était-ce point à ces Messieurs qu'incombait le devoir de créer une école libre ? Si les Frères les avaient crus favorables à l'enseignement libre et gratuit, ils les auraient engagés à s'en inquiéter. M. le Curé aurait pu faire quelques objections, celles-ci entre autres :

 1° Je viens de construire une église, mes ressources sont épuisées. (On lui aurait répondu : M. le Vicomte endossera la presque totalité des frais de l'école.)

 2° Ma cure est délabrée, il m'en faut une autre. (La réponse aurait été : la Commune doit y pourvoir, une école chrétienne est plus nécessaire qu'une cure neuve.)

 3° Je ne trouverai pas les ressources suffisantes dans ma paroisse. (Nous aurions dit : essayez, posez la question seulement !)

 Monsieur le Curé estimait les Frères des Ecoles Chrétiennes mais il ne les trouvait pas assez souples. "Les Frères de Ploërmel ne sont pas comme vous !" nous disaient parfois les Messieurs Mauduit. Un Frère de M. de Lamennais, instituteur à Bonnoeuvre, et qui se confessait à M. le Curé, venait souvent nous voir. Il nous dit plusieurs fois : "M. le Curé préfère les Frères de Ploërmel aux Frères des écoles chrétiennes, le clergé en tire meilleur parti", il ajoutait : "Votre règle vous protège, sa sévérité vous rend indépendants et cela est mieux."

 Effectivement, ces Messieurs, quand les Frères arrivèrent à Riaillé, se promenaient quelquefois avec des enfants le jeudi. Ils invitèrent les Frères à se promener avec eux, cela consistait à courir les nids, à grimper aux arbres pour garnir la volière de M. le Vicaire. Un jour, l'abbé Baptiste dit à je ne sais quel Frère : "Quittez votre soutane et allez voir ce que renferme ce nid de pie" Le Frère s'excusa ne sachant pas grimper. "Ce n'est pourtant pas difficile" reprit l'abbé. Il mit de côté sa soutane, et quelques minutes après, descendait deux petites pies. En vérité, les Frères ne pouvaient pas accepter de tels compagnons de promenade.

 Puis, leur règle leur interdisait certaines fonctions dans l'Église. Le jour de mon entrée à Riaillé, le Frère Directeur me présenta à M. le Curé : "Savez-vous jouer de l'harmonium" me demande M. le Curé. "Non", répondit immédiatement le Frère Dioscore.

 M. le Curé n'était point partisan de la gratuité des écoles chrétiennes. Cette divergence n'était point en faveur du maintien des Frères à Riaillé. Un jour, je conduisis mon frère, prêtre au diocèse d'Angers à la cure. On parla d'écoles. M. Mauduit déclara ne pas comprendre la gratuité. Il la qualifia même d'immorale, s'appuyant sur plusieurs sophismes que je me souviens avoir réduit sous son nez. Il disait encore que les parents devaient l'instruction à leurs enfants :

 -          "Si les parents sont dans l'impossibilité d'instruire leurs enfants, qu'ils paient les instituteurs".

 -          "Mais s'ils ne peuvent payer les instituteurs ?"

 -          "Que les enfants se passent d'instruction"

-          "D'après vous, les parents doivent l'instruction, et les enfants n'ont qu'à s'en passer ? Je ne comprends pas. Tel n'est point l'esprit de l'Église M. le Curé ? Elle préconise et donne l'instruction gratuite, elle approuve des instituts religieux voués à l'enseignement gratuit, elle déclare que l'ignorance est la source de tous les maux !"

 Il se retrancha derrière l'autorité du cardinal Richard qui, paraît-il, avait établi la rétribution scolaire dans plusieurs écoles de Paris. Quelques-uns de ses arguments ne manquaient pas de valeur, mais les arguments contraires étaient meilleurs encore. Je lui fis remarquer que l'Église n'autorisait la rétribution scolaire dans les instituts consacrés à l'enseignement gratuit qu'en raison du malheur du temps et pour une période très limitée.

 Voici encore une petite anecdote instructive. M. le Curé invita le Père Révérendissime Dom Eugène, abbé de Meilleraye à bénir la première partie de la nouvelle église. Le révérendissime Père aimait beaucoup l'Institut, un de ses frères était membre de notre congrégation en résidence aux environs d'Orléans. Il y eut un repas à la cure. Les Frères n'avaient pas été invités. Le Révérend Père Abbé manifesta son étonnement de ne pas les voir à table. M. le Curé gronda son frère :

 -          "Je t'avais pourtant dit de les inviter" lui dit-il.

-          "C'est vrai, répondit le Vicaire, mais j'ai oublié".

 -          "En ce cas, reprit Dom Eugène, vous voudrez bien me conduire à leur communauté après le repas."

 Là, on parla de l'avenir :

 -          "L'école sera laïcisée avant peu, remarqua le Révérend. Père, M. le Curé vous pensez sans doute à conserver les Frères ?"

 -          "Je n'en vois pas la nécessité"

 -          "Mais qui donc enseignera le catéchisme aux enfants ?"

 -          "Leurs parents ou au besoin quelques bonnes vieilles filles comme N.B. qui s'en chargeront volontiers."

 Dom Eugène fut stupéfait. Il se leva :

 -          "Vous vous trompez M. le Curé ! Jamais personne ne remplacera les Frères ni en savoir, ni en dévouement. La question de l'école libre s'impose, la paroisse est assez riche pour la soutenir, et c'est pour vous un devoir impérieux d'y pourvoir".

 Le Révérend Père Abbé de Meilleraye encourageait beaucoup M. le Vicomte à construire. Mais jamais M. le Curé n'a devant nous abordé ce sujet, ni dans les visites de politesse que nous nous rendions mutuellement, ni dans les rencontres que l'occasion nous offrait.

Je ne sais ce qu'il fut advenu de la question d'école libre, si l'un de nos voisins, l'un de nos meilleurs amis, M. Alfred Brégeau, n'avait donné l'alarme. Le matin du 14 juillet 1891, il vint secrètement me trouver :

 -          "Personne, dit-il ne semble s'inquiéter de conserver les Frères. Vous allez cependant être frappés et vous quittez Raillé en septembre prochain. Ne pourrions-nous pas écrire dans le "Nouvelliste de l'Ouest" un petit article capable de réveiller les bonnes volontés endormies".

 L'article intitulé "Coup de clairon" fit une grande sensation. M. de Durfort vint immédiatement de Paris, chercha un terrain que je fis mesurer. Il parla à M. le Curé lequel me demanda le devis de l'immeuble que nous occupions afin de prévoire les premières dépenses. C'était sans doute par manière d'acquit, car il savait bien qu'il n'aurait pas à débourser beaucoup.

 Le Frère Dioscore avait été nommé Directeur à Nozay, il confia notre mobilier aux sœurs de Saint-Gildas, nos voisines. Toute la population de Raillé qui nous était très attachée vint nous exprimer la peine que lui causait notre départ. Le Frère Dioscore et moi revînmes en septembre. Notre successeur, M. Legland, s'installa, signa avec l'ancien directeur l'inventaire de l'école. Puis, un de nos anciens élèves, étudiant en médecine, Jean-Marie Rabineau, nous conduisit à Nort sur Erdre prendre le train de Nantes. Ce fut tout !

 M. le Curé regretta les Frères, les enfants du catéchisme surent moins bien leurs leçons et l'on menaça, du haut de la chaire, d'en exclure plusieurs de la première communion. Des élections eurent lieu pour le Conseil général. M. le Vicomte de Durfort, conseiller sortant, échoua.

 Au bout d'un an, les Frères rentrèrent à Riaillé, il ne resta que 12 élèves à l'instituteur communal. J'eus l'occasion de passer dans cette paroisse à la même époque, et le lendemain, j'allais voir les bons Pères Trappistes de Meilleray.

 -          "M. le Curé de Riaillé a bien pleuré l'absence des Frères, dis-je au Père hôtelier.

 -          "Ce sont des larmes de sang qu'il aurait dû verser" me répondit-il.

 Il en versa aussi. Epuisé par le chagrin de nous avoir laissé partir, il mourut quelques mois après.

  En 1892, le cher Frère Calixte Benoît devenait directeur de l'école libre de Riaillé, toute nouvellement construite. La plupart des enfants qui fréquentaient l'école communale revinrent avec bonheur se remettre sous la houlette des Frères. Quels furent les collaborateurs du Frère Calixte Benoît ? Aucun document n'a été conservé malheureusement.

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La photographie de l’école des Frères à Riaillé, datant de 1895, a été fort aimablement communiquée par M. Paul Brégeau. C’est son grand-père, M. Alfred Brégeau, tailleur à Riaillé, qui écrivit dans le « Nouvelliste de l’Ouest » l’article qui fit revenir les Frères de Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle à Riaillé, grâce à la générosité de la famille Durfort-Civrac de Lorge, bienfaitrice de la commune de Riaillé. Elle acheta un terrain et fit construire l’école Saint-Joseph.

 Outre les personnes reconnues sur la photo par le père de Paul, figure également Etienne Hugé, polytechnicien, Ingénieur du Génie Maritime avec le grade d’Amiral et Célestin Théon, professeur d’Allemand à Saint-Stanislas et chanoine de la cathédrale de Nantes. Aumônier à à la prison de la Rochette sous l’occupation, il assista une vingtaine d’otages fusillés en représailles au terrain de Bel, après l’assassinat du colonel allemand Hotz en 1941.

 

 (Edouard Bonnet tint un café-restaurant à Trans-sur-Erdre, Alfred Brégeau, âgé alors de 7 ans, était le père de Paul Brégeau et tailleur, Lucien Denécheau était le fils de Maître Denécheau notaire à Riaillé, Francis Gauthier fut Vicaire Général du diocèse et chanoine de la cathédrale de Nantes, Pierre Gautier devint Maire de Riaillé, Donatien Trochu était du village de la Meilleraie, Prudent Verger habitait le haut du bourg à côté du café actuel : le Chat-Plein)

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 En 1899, le cher Frère Digne Vincent succédait au Frère Calixte. Là, encore aucun document. Tout ce que nous savons c'est que ce bon religieux a laissé dans la paroisse un souvenir impérissable pendant les 29 ans qu'il resta à la tête de l'école. Qui donc parmi les anciens de cette époque ne se souvient pas de Monsieur Vincent ? Après les années de la sécularisation, pendant et après la guerre, il fut longtemps le seul représentant de l'Institut de Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle à Riaillé. Il forma de très bons élèves et en poussa même quelques-uns jusqu'au brevet élémentaire, entre autres un Glémin de Pannecé qui resta à faire la classe ici et qui aujourd'hui (1943) est directeur de l'école libre d'Ancenis.

 Vers 1926, M. Vincent fonda la société amicale des Anciens élèves destinée à unir tous les anciens autour de leur école. Chaque année, le dimanche de la Quasimodo, l'Amicale a sa fête annuelle. Au programme, messe pour tous les maîtres vivants et morts et tous les sociétaires, dite par un prêtre ancien élève. Un sermon de circonstance est prononcé par un ancien élève également. Après la grand messe, tous se rendent au cimetière accompagnées de tous les élèves de l'école, pour déposer une gerbe et réciter une prière sur la tombe de M. Vincent. Puis a lieu un banquet servi dans les classes. Quelques discours suivis d'agréables chansonnettes le clôturent. Vers 4 heures, un groupe d'artistes donnent à leurs camarades et à leurs familles une petite séance récréative. Cette Amicale paye chaque année les prix aux élèves de l'école.

 En juillet 1928, Monsieur Vincent gravement malade dût prendre place à notre infirmerie : 3, place du Croisic à Nantes. Il n'y vécut que quelques jours. Les anciens élèves, par un geste qui les honore grandement, voulurent que leur ancien Maître fut enterré à Riaillé. Ils allèrent donc chercher son corps, achetèrent une concession au cimetière, firent faire de solennelles funérailles et élevèrent un monument à celui qui pendant 29 ans avait bien mérité de Riaillé.

 Monsieur Louis Touchaix déjà septuagénaire, fut appelé à lui succéder. Il eut comme adjoint, la première année, Monsieur Louis Jan de Martigné-Ferchaud, puis M. Martinais Caillou, Lames, Bouvier. Ici encore rien de conservé par écrit permettant de revivre un peu les 4 ans du Directorat à Riaillé de ce vénéré M. Touchais.

 Il eut pour bonne une nommée Judith Ernoul qui était loin d'être la douceur même. Elle ne resta pas longtemps à exercer son art culinaire et à lasser la patience des Frères. Le bon Frère Directeur demanda aux supérieurs de lui donner son frère Guillaume, comme lui membre de l'Institut, à la barbe vénérable et à la figure balafrée, cicatrices glorieuses, disait-il, reçues à la bataille de Reichshoffen d'où le surnom de Reichshoffen qui lui était resté et qu'il aimait, bien qu'il n'eut jamais pris part à aucune guerre, si ce n'est à celle qu'il livrait sans merci à son défaut dominant. Le bon Guillaume, d'une dizaine d'années plus âgé que son frère faisait la popote de son mieux, mais souvent son rata dégénérait en ratatouille qui n'excitait guère l'appétit des pauvres Frères. Et pourquoi alors inviter le clergé ? M. Lescaudron, curé, aimait à répéter après avoir été invité plusieurs fois chez les Frères :

 -          "Il fallait vraiment avoir de l'appétit pour manger de la cuisine de Guillaume".

 Le 15 août 1932, Monsieur Michel Royer adjoint à l'école de Martigné-Ferchaud, était nommé Directeur de l'école, il n'avait pas encore 32 ans, aussi M. Touchais pourra-t-il dire en le présentant aux autorités locales :

 -          "C'est la jeunesse succédant à la vieillesse."

 Ce jeune Directeur arriva à Riaillé après la retraite annuelle de septembre. Mais il était complètement seul puisque son prédécesseur s'en alla à Pouancé faire la petite classe et que le Frère Guillaume prit place parmi les anciens à Nantes. Personne pour faire la popote. Sur le conseil du très cher Frère Visiteur Jules, il alla à Saint-Père-en-Retz chercher sa Vénérée mère qui vint alors pour faire la cuisine jusqu'au début d'octobre. Il fallut d'abord nettoyer la maison et ce ne fut pas une petite affaire ! Pauvre cuisine, on y trouvait de tout sauf de l'ordre et de la propreté. Oh, comme il est triste de vieillir !

 Point de grenier dans la maison. Mais la chambre qui, maintenant sert de chambre de réserve, servait de débarras à cette époque là. Piles de cahiers neufs, fournitures classiques diverses, provisions voisinaient avec le linge sale, les brosses à chaussures et le cirage. Il fallut deux grandes journées à 2 femmes de ménage pour faire le nettoyage et débarrasser la maison de toutes les vieilleries qui l'encombraient. Pendant ce temps, le nouveau Directeur cherchait une bonne.

 Sur le conseil de M. le Curé et de M. Gaston de Lajartre, maire, et président de l'Amicale, il demanda à Mme Jeanne Marie Paillusson née Emeriau qu'on appellera Jeanne. Celle-ci accepta mais demanda à n'entrer en fonction que le premier jour de classe.

 Monsieur Martinais revint avec plaisir à Riaillé, et vers la mi-septembre un bon scolastique M. Pierre PUBERT arrivait à son tour pour faire la 3ème classe.

 Le 3 octobre se fit donc la rentrée et des élèves et de la nouvelle bonne. Le jeudi suivant Mme Royer partait pour Saint Père en Retz. Avant de quitter la maison, elle embrasse Jeanne et lui dit : "Courage ma petite amie ! Il ne vous fera pas de misère."

 Dès le premier novembre, M. Martinais trop fatigué pour continuer la classe fut remplacé par M. Joseph Pontoizeau. Trois classes au lieu de deux fonctionnèrent normalement. Les parents se dirent très contents de cette transformation. L'étude du soir fut organisée et réussit pleinement. Le travail fut activé dans les classes et contrôlé périodiquement par des examens. M. le Curé vint lui-même en proclamer les résultats. Une telle émulation fut bien récompensée car 6 certificats d'études libres avec 4 mentions Bien furent remportés cette année-là.

 L'école reçut le 29 mai la visite de Monseigneur le Fer de la Motte venu dans la paroisse pour la confirmation. Son excellence se montra plein de bonté pour les enfants et se plût à leur dire que l'école devait être une pépinière de vocations sacerdotales. Le parrain de confirmation était M. le Comte Armand de Durfort.

 Dès le début de janvier 1933, le jeune Louis Cornuaille se rendit à notre petit noviciat de Saint-Joseph-sur-Mer. Le 17 août, un autre enfant Louis Douet prenait la même direction. Ce dernier a été rendu à sa famille.

 A la rentrée de septembre, M. Pontoizeau fut remplacé par M. Louis Coquereau. Celui-ci fit la petite classe tandis que M. PUBERT montait en seconde.

 Les études furent poussées vigoureusement comme l'année précédente. A la demande des parents, l'école présenta aux examens du certificat officiel, six enfants sur huit présentés furent reçus dès la première fois.

 Comme l'année précédente, les classes se terminèrent par une distribution solennelle des prix sous la présidence de M. le Curé, M. de Lajartre, maire et président de l'Amicale, de M. le Comte et de Mme la Comtesse de Durfort. La salle était trop petite pour contenir la foule des parents, bienfaiteurs et amis accourus pour applaudir aux succès des enfants. Ceux-ci interprétèrent, la première année, "Rominagrobis en correctionnelle" et "La vengeance de Croquemitaine", la 2ème année : "Le flageolet magique" et "Les enfants de Saint Louis".

 Cette dernière pièce fit beaucoup d'impression sur les spectateurs et elle fut écoutée avec un religieux silence. Deux rôles principaux : enfants de Saint Louis étaient tenus par Louis Plançon (prince Louis) et par Bernard Cornuaille (prince Philippe) tandis que Jean Roux remplissait le rôle du moine Guillaume. L'harmonium d'accompagnement était tenu par M. Alfred Brégeau heureux de continuer les traditions de son Vénéré père.

 Cependant, une petite animosité faillit surgir entre M. le Curé et l'école au sujet de ces distributions de prix. Les petites filles avaient leurs prix à la même séance ce qui la faisait prolonger à une heure tardive. On insista auprès de M. le Curé pour que garçons et petites filles aient chacun leur distribution un dimanche différent. Le Pasteur ne voulut rien savoir : il disait qu'il ne voulait pas déranger les bienfaiteurs deux fois. Je savais pourtant que le cher Frère assistant Anaclétus était tout à fait opposé à une seule réunion, petits garçons et petites filles ensemble, témoin ce qui s'était passé à Pouancé quelques années auparavant. Bref, pour éviter toute histoire le cher Frère Visiteur demanda que l'on fit comme M. le Curé le voulait.

 En août 1934, Joseph Macé prit lui aussi le chemin de Saint-Joseph-sur-Mer, abandonnant son village de Bourg-Chevreuil pour se donner au bon Dieu et porta ainsi à 3 le nombre des enfants de Riaillé au Petit Noviciat. Après de très ferventes années de Noviciat et de scolasticat, il fut atteint de pleurésie en mars 1941 puis de péritonite. Amené convalescent chez sa bonne maman, il mourut 8 jours après de méningite (juin 1941).

 Une innovation qu'il faut encore citer, c'est l'arbre de Noël, témoins deux articles de journaux. En 1935, il n'y eut rien de bien extraordinaire. Le nombre des élèves de l'école monta jusqu'à 130 inscrits. Aux examens officiels, 8 candidats furent reçus sur 9 présentés. Dans sa réunion annuelle en novembre le Comité des Ecoles vota des félicitations aux Maires pour un tel résultat.

 En avril 1936, M. Pierre PUBERT fut appelé sous les drapeaux. Il fut remplacé par M. Joseph Petay, puis au bout d'un mois par M. Henri Diet. A la rentrée de septembre, M. H. Brizard, connu ici sous le nom de Monsieur Emmanuel fut chargé de la petite classe. Malheureusement, sa santé ne lui permit pas d'aller jusqu'à la fin de l'année scolaire. Il s'arrêta au début de juin et ne fut pas remplacé. L'année se termina donc avec deux classes seulement.

 Louis Voile partit à cette époque pour le petit séminaire de Guérande. C'était le premier enfant qui en prenait le chemin après un long intervalle de temps. Malheureusement, il ne devait pas y rester: D'autres élèves se sentirent appelés au sacerdoce tels Marcel Ganache, Joseph Douet et Michel Biard.

 L'année 1937 fut marquée par la première visite de Monseigneur Villepelet nouvel évêque de Nantes. Le parrain de confirmation était le chanoine Francis Gautier, ancien élève des Frères de Riaillé. La cérémonie eut lieu le samedi 15 mai, veille de la Pentecôte. Monseigneur répondit ainsi au compliment d'usage :

 -          "Mes enfants c'est une grande fête pour vous aujourd'hui. Et je suis sûr que si vous, vous n'y avez pas pensé, vos Maîtres eux, ne l'ont pas oublié. En effet., c'est aujourd'hui la fête de Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle".

 Puis se tournant vers M. l'Abbé Francis Gautier, il ajouta avec un sourire malicieux :

 -          "C'est un des rares chanoines qui ait été canonisé. Il est vrai qu'il a été nommé si jeune !"

 Et son excellence fit l'éloge du saint fondateur.

 En août, Maurice Mercier s'en alla à son tour à Saint-Joseph-sur-Mer. A la rentrée de septembre 1937, ce fut M. Jean Bréhu qui vint remplacer M. Emmanuel cependant que M. Francis Pabois remplaçait M. Louis parti à Candé.

 L'année 1938 fut marquée par le pèlerinage des anciens élèves des Frères à Rome, aux reliques de Saint- Jean-Baptiste-de-la-Salle. M. le Directeur eut le bonheur d'y prendre part ainsi que Julien et Armand Dolias. M. le Maire et Madame de Lajartre auraient vivement désiré y aller eux aussi, mais la santé de cette dernière ne le permit pas, Monsieur Pierre Thiévin avait commencé les démarches pour être un des heureux pèlerins mais il craignit pour sa santé et revint à Riaillé.

 En septembre, des bruits de guerre vinrent jeter l'inquiétude dans la population française mais grâce à Dieu, le conflit fut évité cette année-là ! Cependant, un an après, la guerre éclatait. La rentrée fixée primitivement à la mi-septembre n'eut lieu qu'au début d'octobre, les classes ayant servi de caserne au moment de la mobilisation.

 Monsieur Francis Pabois partit sous les drapeaux. Monsieur Jean Bréhu était à Saint Maurice d'Angers depuis le début de mars. Il avait été remplacé par M. Quilard d'abord (15 jours) et ensuite par M. Olivier Suteau, ancien élève. Ce furent Messieurs Groussin et Bastard qui furent désignés pour venir ici. Malgré la guerre les classes reprirent comme auparavant et fonctionnèrent normalement jusqu'en avril. Le Frère Directeur appelé en février à passer un conseil de réforme à Nantes fut maintenu exempté.

 Le 16 février 1940 restera une date mémorable pour l'école. Ce jour-là, les trois Maîtres reprirent le Saint Habit et c'est désormais en costume religieux qu'ils firent la classe. Puissent-ils n'avoir jamais à le quitter !

 Si le personnel de l'école n'était pas éprouvé par la guerre il n'en était pas de même partout, si bien que M. Bastard dût nous quitter en avril pour aller à Mazé remplacer un confrère mobilisé. C'est un scolastique le Frère Denis Donatien qui vint alors pour faire la 3e classe. (Quoique sourd) ce cher confrère mena très bien sa petite classe. Les examens eurent lieu au début de juin. 8 enfants furent reçus au certificat officiel sur 10 présentés et tous reçus au certificat libre.

 Mais ce mois de juin 1940 restera gravé dans la mémoire des Français. C'était l'exode, et un exode effrayant sur toutes les routes du Nord, de l'Est, du Centre et de l'Ouest de la France. Ordre fut donné par le Ministre de l'Éducation Nationale de fermer les écoles le 15 juin. Or, nous devions avoir notre certificat libre le 18. Le jeudi précédent, M. le Maire consulté, nous dit que l'on pouvait continuer comme si rien n'était.

 Mais le samedi midi 15, pendant le déjeuner, deux officiers anglais qu'accompagnait M. Le Maire, arrivent à l'école.

 -          "Il nous faut vos classes ce soir" dit l'officier qui avait l'air de commander.

 -          "Mais monsieur, nous avons notre examen mardi !"

 -          "Il n'y a pas d'examen qui tienne ! D'ailleurs c'est l'ordre du Ministre ! Débarrassez vos classes, à 5 heures nous serons ici !"

 Rien à faire, il nous faut obéir. M. le Maire nous fait signe qu'il n'y peut rien lui aussi. Par la suite, nous avons appris qu'il avait proposé plusieurs logements à ces Messieurs, particulièrement, les magasins de Pierre Gautier et la ferme de la Cour du Bois. Mais les Anglais ne les trouvèrent pas à leur goût.

 A une heure, les enfants sont rassemblés pour leur communiquer l'ordre donné et à 1 h 1/2 c'est le départ en vacances !... Triste départ ! Nous débarrassons nos classes et vers 3 heures arrivent les premiers soldats anglais. Ils s'installent sous le préau pour y préparer le thé, et le gros du convoi arrive une heure plus tard. Les derniers venus enlèvent les tables des classes et à leur place y mettent leurs lits de camp... Mais vers '6 h grand branle-bas. Tout le monde se bouscule vers la sortie, s'empressant de tout replier et de tout remporter. Ils remontent dans les camions et... adieu !... "Repérez ici !" disent quelques-uns en partant.

 Nous ne les avons jamais revus. Ils prirent la direction de Saint-Nazaire, mais s'étant trompés de route, ils aboutirent à la Poitevinière. Ils jetèrent à l'eau toutes leurs munitions, firent demi-tour et prirent la route de Nort-sur-Erdre jetant dans les fossés boites de conserves; caisses de ravitaillement et bien d'autres choses encore...

 Le lundi, quelques séminaristes, soldats belges, qui couchaient dans la maison depuis une quinzaine avec un Frère de district de Saint-Omer, Robert Dupont, remettent les tables dans les deux classes où doivent avoir lieu les examens. Ceux-ci se passent le mardi 18 juin, au milieu du bruit des autos, des camions et des débris de notre malheureuse armée, toute cette file de civils évacués et de militaires se suivaient à tout touche dans les rues, se dirigeant vers Ancenis. La nuit précédents M. le Curé avait hébergé deux prêtres d'Alençon. Tous dormaient à la Cure lorsque quelqu'un se disant le Préfet de l'Orne, demanda une chambre. Il lui fut répondu qu'il n'y avait pas de place au presbytère, mais qu'il pouvait s'installer s'il le désirait dans une des remises.

 Le lendemain, 19 juin, les Allemands faisaient leur entrée Riaillé.

 Au début de juillet, sur le conseil du Frère Visiteur, nous avons repris nos classes jusqu'au 25. Puis ce furent alors les vacances. Notre petit novice Maurice Mercier se trouvait dans sa famille au moment où les Allemands occupaient la Loire-Inférieure. Toutes communications avec Saint-Joseph-sur-Mer étaient coupées. Ce fut alors qu'il fut décidé d'aller à Nantes à bicyclette. Le Frère Directeur accompagna le jeune homme jusqu'à cette dernière ville. A Ligné, nous fûmes arrêtés par 2 soldats allemands qui nous baragouinèrent un charabia incompréhensible :

 -          "Papiers" dit le Frère Directeur

-          "Ya, papiers" répondirent les Germains.

 Le Frère Directeur sans se démonter montra le laissez-passer délivré la veille par le lieutenant commandant la troupe de Riaillé. Dès que les soldats virent le cachet nazi avec l'aigle noir, ils nous firent signe de continuer notre chemin.

 En 1941, le personnel n'a subi qu'une seule modification. Le Frère Denis Donatien fut remplacé par un jeune scolastique : le Frère Cassien André. Les enfants ont bien réussi leurs examens : tous ont été reçus aux différents certificats, un au degré complémentaire libre, 4 à l'élémentaire et 5 au certificat officiel.

 Nous avons eu le 24 avril la confirmation dans la paroisse et la visite de Monseigneur à l'école. Les enfants ont donné un petit chœur à 2 voies. "Vers le grand ciel bleu". Son Excellence a dit toute sa joie de voir les Frères en habit religieux. Il a insisté sur la nécessité de trouver de bonnes vocations ecclésiastiques et religieuses.

 En 1942, le personnel n'a subi aucune modification essentielle. Le cher Frère Directeur, par suite de fatigue excessive, ne put reprendre sa classe en septembre. Le Frère Albert Michel vint pour faire la première classe (beau désordre) en attendant qu'un jeune scolastique le Frère Christophe André ait passé son baccalauréat. Celui-ci dût partir au début de décembre appelé à Angers remplacer un ancien professeur de Riaillé, le Frère Daniel Edmond tombé subitement gravement malade. Le Frère Directeur reprit sa classe pendant une dizaine de jours jusqu'à ce que le Frère Damase de Saint-Félix vint le remplacer.

 Sur 13 candidats présentés au certificat 10 ont été reçus et 1 au 2e degré qui faillit bien ne pas subir son examen par suite d'accident. Quant à l'officiel porté cette année à 14 ans, les deux candidats dont l'un n'avait pas 13 ans, et qui 15 jours avant l'examen ne s'attendait pas à le passer, ils échouèrent tous les deux.

 Nous avons eu le bonheur cette année d'avoir une vocation pour notre petit noviciat. En effet, le 5 septembre, le jeune Louis Malgogne entrait à Saint-Joseph-sur-Mer. A la rentrée de Septembre, 3 enfants de l'école communale sont entrés à l'école chrétienne. Le 18 octobre 1942, le conseil municipal vota, à l'unanimité, la suppression de l'école communale des garçons. Celle ci en effet ne comptait plus que 3 élèves dont 2 n'étaient pas de Riaillé, le fils du brigadier Bégaud et un petit réfugié.

 Depuis la rentrée, les classes sont balayées par les demoiselles Juré, payées par la municipalité. Sur l'ordre du docteur, le cher Frère Directeur dût continuer à se reposer "jusqu'à Pâques" avait dit la faculté mais le repos se prolongea toute l'année scolaire.

 C'est alors que le cher Frère Visiteur décida de faire monter le Frère Emmanuel en première et le Frère Cassien André en seconde. Pour faire la classe des petits, il nous envoya un très bon jeune homme, ancien petit novice, Pierre Jeanneau. Ce dernier réussit parfaitement sa classe. Le premier mars, le Frère Cassien passa une visite médicale et fut déclaré "Apte fort" pour aller travailler en Allemagne. Heureusement qu'à force de démarches, des supérieurs religieux ont réussi à retarder son départ jusqu'en juillet. Mais nous avons eu bien peur. Le 7 mars, eut lieu, à Riaillé' la journée d'affiliation de la J.A.C. par M. le Chanoine Mahot. C'est ce jour là que ce dernier ayant considéré les classes alors qu'il donnait une conférence aux hommes eut l'idée d'y installer une colonie pour les vacances suivantes.

 Le vendredi 16 avril, le bon Dieu rappelait à lui notre grand bienfaiteur : M. le Comte Pierre de Durfort, alors chez sa fille Mme la Comtesse de Verdun. C'est une belle figure qui disparaît. Noble, il l'était, simple, bon, délicat et tout dévoué pour l'école. Malgré de multiples démarches, personne de Riaillé ne put aller assister aux obsèques, les Ponts et Chaussées ayant refusé tout laissez-passer aux voitures demandées.

 Les examens furent avancés cette année en raison de l'avance même des vacances fixées au 12 juin. L'officiel eut lieu le 19 mai. Deux élèves furent présentés : Elie Rainteau et Louis Denion, le premier seul réussit. Les examens libres eurent lieu le 10 juin. Furent reçus : Bernard Jourdan, Claude Bertrand, Louis Denion, Jean Moquet, Pierre Emeriau Edmond Boucherie au 2ème degré; au premier degré, Paul Testard, présenté avec dispense d'âge fut reçu avec la mention Bien et premier de tout le canton, puis ce fut Arthur Lescaudron de Batz, Elie Rainteau, Henri Le Déan et Louis Gicquiau, 5 présentés, 5 reçus.

 En théorie, les classes se terminèrent le 12 juin, jour de la Pentecôte. Les parents pouvaient donc disposer de leurs enfants et les retirer de l'école s'ils le voulaient. C'est ce que quelques-uns de la campagne ne manquèrent pas de faire., La Communion solennelle eut lieu le 20 juin.

 La Direction Diocésaine avait prescrit que les classes resteraient ouvertes jusqu'au 10 juillet, mais le Frère Cassien ayant reçu sa feuille pour partir en Allemagne, nous avons terminé le 7 juillet dans la matinée. Ce même jour, notre bon jeune Frère Cassien nous quittait. Mais à Nantes, le lendemain, il obtint un sursis de 3 jours et revint le soir même. Ce n'est donc que le samedi 10 juillet qu'il quitta définitivement la communauté.

 Le 12 juillet, la colonie Saint-Michel arrivait à Riaillé et prenait possession de l'école. Elle était dirigée par M. l'Abbé Caillé, avait pour économe principal l'Abbé Roul du Grand-Auverné, pour économe secondaire l'Abbé Genet (alors sous-diacre à Saint-Sulpice). Elle comptait une soixantaine d'enfants de la paroisse de Saint-Donatien. Les classes et la remise de M. le Comte servirent de dortoir, le préau de réfectoire et la cuisine fut utilisée pour la préparation des repas des colons et de leurs dirigeants : grands et petits séminaristes.

 Ces colons sont partis le 7 septembre et ont été remplacés immédiatement par les enfants du patronage Saint-Donatien sous la direction de M. l'Abbé Bily. Ces derniers sont partis le 17 septembre, le lendemain du premier bombardement de Nantes qui fit tant de victimes !

 Notre bonne et si dévouée Jeanne Marie Paillusson nous avait quitté définitivement le 6 juillet. Pendant les onze années qu'elle a passées à l'école, nous n'avons eu qu'à nous louer de ses bons services, de sa réserve, de sa grande propreté, de sa délicatesse et de sa parfaite discrétion.

 Pendant les vacances, la cuisinière de la colonie Mme Le Devin (un cheval de bataille) préparait nos repas. Mais au départ des colons elle rentra à Nantes et nous n'avions personne à notre service. C'est alors que sur sa demande au cher Frère Visiteur, le Frère Dauphin Joseph amena sa Sœur ici, sinistrée au bombardement du 16 septembre. Mme Bouron, née Thérèse Brizard, nous assura donc depuis la préparation de nos repas.

 La rentrée des classes primitivement fixée au 20 septembre par l'Autorité diocésaine fut repoussée au premier octobre, un récent décret interdisant aux établissements d'enseignement privé d'ouvrir avant les écoles publiques sous peine de fermeture. Il nous fallut attendre jusqu'au premier octobre. Mais dans toute la France, la rentrée fut reportée au 18. Ce n'est donc qu'à cette date seulement que les classes purent ouvrir.

 Dès le premier juin, nous comptions 125 élèves grâce aux 27 réfugiés nantais, nous ne tardâmes pas à atteindre le chiffre de 133. Le cher Frère Directeur reprit la première classe, le Frère Emmanuel la seconde et M. Pierre Jeanneau la 3ème.

 1944 - Les débuts de cette année (pourtant féconde en événements importants) furent normaux. Les classes fonctionnèrent comme à l'ordinaire. Un travail intense régnait dans chacune d'elles.

 Grisés par leur, succès de l'exécution d'une messe en musique de César Franck, les principaux artistes, surtout le maître de chapelle M. Alfred Brégeau, eurent l'idée de fonder un comité pour l'érection d'une salle de patronage. Et pour commencer à trouver les fonds nécessaires à cette entreprise, rien ne leur parut plus naturel que d'utiliser encore!!! nos classes pour y donner des représentations théâtrales. Tout d'abord, il ne fut question que de concerts, mais en réalité ce furent bien des pièces qui furent jouées. M. Brégeau, président du Comité, vint trouver le cher Frère Directeur pour s'entendre avec lui sur la date qui conviendrait le mieux pour ces séances. Le président aurait voulu faire jouer à Carnaval, mais le Frère Directeur lui répondit : "Je m'oppose formellement à la désorganisation de nos classes : nos enfants ont perdu trop de temps cette année."

  Alors que nous aurions dû recommencer nos classes le 22 septembre, ce n'est que le 18 octobre que nous avons pu ouvrir ! Il fut donc décidé que les séances seraient données pendant les vacances de Pâques. Ce qui eut lieu en effet, elles se donnèrent le lundi de Pâques, le mercredi en soirée et le dimanche de la Quasimodo. Elles eurent un beau succès puisque le comité de la salle fit un bénéfice de plus de 50 000 F.

 Jusqu'au 6 juin, date du débarquement, tout fonctionna comme d'habitude. Nous voyions bien passer les avions et entendions bien les détonations, mais cela n'empêchait pas le travail des classes.

 Le samedi 3 juin eut lieu le certificat officiel à Saint-Mars-1a-Jaille et à l'école Saint-Fernand, étant donné le nombre élevé de candidats. Nos 6 élèves furent tous reçus : Claude Bertrand, Jean Moquet, Edmond Boucherie, Pierre Emeriau, Bernard Jourdan et Alain Tillaut. Le mardi précédent, ils avaient dû se rendre au centre de l'examen pour y subir les épreuves d'éducation physique.

 La communion solennelle eut lieu le dimanche 4. juin. La retraite préparatoire avait été prêchée par un capucin. Le samedi soir, 3 juin, vers 6 heures, 3 soldats allemands vinrent réquisitionner les classes pour y loger de la troupe. Celle-ci devait venir dans le courant de la semaine, le vendredi sans doute. Le mardi 6 juin avait lieu le débarquement, auquel beaucoup ne voulaient plus croire ! Le lendemain 7 juin fut notre dernier jour de l'année scolaire. En effet, le soir même les cantonniers vinrent déménager tout notre matériel, y compris les estrades et les tableaux. Les tables furent portées dans le magasin de M. Pierre Gautier, et les tableaux, estrades et bureaux sous le préau de l'école des Sœurs.

 Ce déménagement fut fait au bruit assourdissant du vrombissement des moteurs de centaines de "Forteresses volantes" escortées de chasseurs qui revenaient de bombarder Nantes. Evidemment, les soldats allemands ne vinrent pas le vendredi. Le débarquement déroutait bien des plans. Toutes les voies de communication étaient bombardées et il eut été très imprudent de faire venir les enfants à l'école. Cependant, les candidats aux examens libres vinrent quand même travailler un peu. Ces examens, présidés par le cher Frère Inspecteur, eurent lieu à l'école des filles le lundi 12 juin. Heureusement que le service des Postes ne fonctionnait pas bien à ce moment là, puisque une note venant de la Direction diocésaine supprimait tous les examens. Cette note n'arriva que le 14. C'était déjà chose faite depuis le 6 juin pour l'Officiel. Nous avons béni le bon Dieu que nos examens avaient déjà eu lieu. Au 2ème degré furent reçus : Paul Testard, mention bien, et Guy Millet. Au premier degré, Roger Benoît, Gaston de Lajartre, tous les deux avec mention bien, Guy Lahaie, Gilles Hayère, Donatien Douet, Maurice Huard, Pierre Auffray, Francis Bazin, Louis Hardy et Bernard Lardeux.

 Tout avait été préparé dans nos classes pour recevoir les soldats allemands. Les lits, tables, matelas et ustensiles de toues sortes avaient été apportés. Mais quelqu'un veillait sur nous. La très douce et très bonne Vierge Marie avait été établie gardienne de la cité. Sa médaille miraculeuse avait été placée dans chaque classe et au portail, et jamais la troupe ne vint chez nous. On peut dire que nous avons été très bien protégés, car si jamais nous avions dû loger des soldats, il eut été bien à craindre que nous eussions été bombardés ou mitraillés. Les américains étaient au courant de tout, et ils n'auraient pas été longs avant de nous envoyer des pruneaux.

 Le 26 juin s'ouvrit le triduum préparatoire à l'arrivée de Notre-Dame-de-Boulogne. Il fut prêché par M. le Chanoine Francis Gautier, aumônier des Sœurs de la Providence. Le 29 juin, pendant la première messe, alors que M. le Curé était en chaire, on entendit tout à coup des avions tournoyer au-dessus de Riaillé. Justement à ce moment-là, le prédicateur parlait des évènements. C'est alors qu'il dit : "Vous les entendez encore ces oiseaux de mauvaise augure". La parole était à peine prononcée qu'on entendit le crépitement d'une rafale de mitrailleuse. Fernand Bioteau et Marcel Tariot venaient d'être touchés, le premier très grièvement et le second mortellement. Il ne fut pas tué sur le coup. Transporté à l'hôpital d'Ancenis, il y mourrait dans la matinée. Il avait été atteint en pleine mâchoire d'une balle qui lui avait fêlé toute la boîte crânienne. Pauvre enfant, lui qui était si heureux d'avoir été désigné pour aller au-devant de la Madone avec ses camarades de la J.A.C. Que le bon Dieu ait son âme et qu'il console les pauvres parents, le père étant prisonnier en Allemagne.

 Riaillé se préparait à recevoir d'une manière digne d'Elle, Notre-Dame de Boulogne. A l'école, nous avions fait quelques guirlandes, puis toutes les invocations en français, des litanies de la Très Sainte Vierge avec de petites branches de noisetier. Les jambages furent recouverts de papier argenté lancé par les avions américains le 7 juin.

Le vendredi 30 juin, toute la paroisse était en fête pour recevoir la Madone vénérée. La paroisse de Riaillé devait la recevoir à Fontaine-Marie. Mais des ordres rigoureux de la Préfecture interdisaient à plus de 30 personnes d'aller au-devant de la Vierge. Le Frère Directeur et le Frère Dauphin remplirent le rôle d'acolytes tandis que M. Pierre Jeanneau devait traîner le char sur lequel se trouvait la barque et devait ensuite porter celle-ci sur ses épaules jusqu'à la table sainte. Le lendemain premier juillet, la Madone nous resta jusqu'à 1 h de l'après-midi. La paroisse de Riaillé eut l'unique faveur de la garder 6 heures de plus que les autres paroisses. Elle sût se montrer digne de ce privilège. Depuis 5 h le matin, jusqu'au départ, les vagues d'Ave Maria fervents ne cessèrent pas de déferler autour de la précieuse barque. A 1 h, on la reconduisit jusqu'au village de la Meilleraye en passant par la Poitevinière.

 Depuis 3 jours, nous hébergions ici un Frère de Fougères C. Hamard et 2 postulants qui regagnaient Saint-Joseph -sur-Mer à pied. Une retraite du district eut lieu à Blain du mardi premier au dimanche 6 août. Le Frère Dauphin seul en suivit les exercices, s'y étant rendu à bicyclette. Le Frère Directeur fit sa retraite ici.

 Nos classes qui n'avaient pas vu les troupes germaniques reçurent les F.F.I. Ce ne fut d'abord ici qu'un poste de secours, puis ensuite le P.C. de la garnison. Mais le mardi 22 août grand branle-bas : des soldats de la grande Amérique arrivaient à Riaillé et s'installaient chez nous : classes, préau, cour. Ils n'y passèrent que la nuit et le lendemain repartaient porter leurs pénates à la Poitevinière dans les allées conduisant au château. " French wine is very famous in America !" disaient-ils. Mais sur place, ils le trouvèrent encore meilleur et en firent de belles libations !

 Le mercredi 23 août fut marqué par le retour à Riaillé du Frère Cassien André récemment revenu d'Allemagne. Nos vacances s'avançaient Pour nous prêter main-forte et accomplir d'assez pénibles travaux de jardin le Frère Visiteur avait eu la bonté de nous envoyer le Frère Léandre, qui venant de quitter Saint-Père-en-Retz, dut attendre ici sa nouvelle destination. Le terrain fut graissé sérieusement avec le contenu de la fosse d'aisance. Le travail allait bon train au milieu de joyeux éclats de rire des jeunes !

 Les péripéties ne manquèrent pas, tel ce plongeon tête première du Frère Dauphin dans la brouette qui contenait une chose qu'il vaut mieux ne pas appeler par son nom. Pourquoi voulut-il nous montrer qu'il était maître nageur? Les Chers Frères Léandre et Cassien riaient comme des bossus et ne songeaient guère à secourir leur infortuné confrère ! Il fallut faire chauffer de l'eau dans la lessiveuse et laisser seul le pauvre malheureux changer de tout et se laver de son mieux !

 La rentrée fut annoncée pour le 2 octobre. Mais le 26 septembre une note parut dans les journaux informant parents et écoliers que M. le Préfet l'avait fixée au 16. Donc encore deux semaines à attendre.

 Enfin le lundi 16 s'effectua la rentrée sous une pluie diluvienne. 95 enfants étaient présents le premier jour, mais le lendemain mardi, un envoyé de la Préfecture vint annoncer à M. le Maire et à M. le Curé que Riaillé devait recevoir 200 réfugiés de la côte et que d'accord avec l'Inspection Académique, il fallait fermer les écoles pour qu'elles puissent servir de centres d'accueil à ces pauvres malheureux. Aussi le mercredi soir, après trois jours de classe seulement, nos enfants furent remis en vacances.

 La deuxième rentrée se fit le 3 novembre. Comme M. Pierre Jeanneau ne pouvait reprendre sa classe immédiatement, le cher Frère Clément Marie le remplaça. Nous avons eu le bonheur cette année de conduire un de nos enfants au Petit Noviciat : Bernard Lecomte. Un autre Gaston de Lajartre est entré en pension, se destinant au sacerdoce. Le Frère Cassien nous a quitté définitivement le 15 décembre 1945 se rendant à Doué-la-Fontaine.

 1945 - Le personnel de l'école n'a pas changé pendant cette année 1945. Le nombre des élèves s'est maintenu autour de la centaine ce qui est la population scolaire normale pour Riaillé. Nous n'avons pas eu cette année de candidats à présenter au certificat officiel. Aux examens diocésains, 3 enfants : Pierre Auffray, Francis Bazin et Louis Hardy furent reçus au 2e degré. Au premier degré, 5 élèves furent reçus : Louis Braud, mention très bien, Edouard Derouin, mention très bien, Jean Branchereau, bien, Christian Robillard et Maurice Brécheteau furent également reçus.

 Le 26 avril, nous avons eu la visite de Monseigneur Villepelet venu donner la confirmation. Tous les enfants garçons et filles s'étaient réunis à l'école des Frères pour recevoir son Excellence. Le compliment d'usage lu par Paul Testard fut très apprécié de Monseigneur. L'auteur avait pris pour thème : "Royaume de France, Royaume de Marie." Après sa visite, Monseigneur alla bénir la première pierre de notre future salle paroissiale, puis ensuite l'hôpital.

 Et pendant ce temps, l'Allemagne agonisait. La fin de la guerre approchait. Enfin le 7 mai annonça que l'ennemi avait capitulé sans conditions et que la guerre cesserait le lendemain à 3 heures. Immédiatement les cloches furent sonnées à toutes volées depuis 4 h jusqu'à 8 h 1/2 du soir sans arrêt.

 Nos enfants vinrent en classe le lendemain 8 mai qui devait être un si beau jour pour la France. A 8 h 1/2 nous les avons mis en rang. par 4. Le cher Frère Directeur les harangua en quelques paroles vibrantes et bien senties. Puis le drapeau fut mis entre les mains d'un orphelin de guerre : Jacques Micheau, ayant à ses côtés un enfant de prisonnier dont le papa n'était pas encore rentré. Chacun de ces deux enfants portaient une gerbe de fleurs. Et alors toute l'école défila dans le bourg, se rendant au cimetière pour y déposer les fleurs au pied de la Croix. Et l'on reconduisit le drapeau à l'école au chant de "0 France, ô ma patrie'' comme on l'avait chanté en descendant au cimetière. L'annonce de deux jours de congé pour fêter une telle victoire fut saluée de vivats joyeux.

 Les vacances eurent lieu du 11 juillet au 1er octobre. Et l'année scolaire 1945-1946 s'ouvrit ainsi à une date normale. Rien d'extraordinaire ne s'est passé depuis la rentrée. Les élèves marchent bien et avec beaucoup d'entrain.

 

1946 - Aux vacances de Noël 1945, les jeunes filles du patronage donnèrent plusieurs représentations. A la rentrée, au début de janvier, le théâtre resta monté ce qui prit encore toute la moitié de la 3ème classe. Le cher Frère Directeur et Monsieur Pierre Jeanneau tentèrent, mais en vain, près des autorités tant ecclésiastiques que civiles, en l'occurrence les dirigeants de l'Espérance de Riaillé, de reprendre la classe entière, mais il n'y eut rien à faire.

 Au mois de mai, M. Jeanneau fut appelé sous les drapeaux. Le cher Frère Visiteur partit alors pour Rome où il devait être élu Assistant au Chapitre Général. Il avait désigné le bon Frère Calixte Julien pour venir le remplacer. Ce dernier ne resta que 10 jours ici, le mauvais état de sa gorge l'empêchant de continuer la classe. Mademoiselle Jehanne Moreau se trouvant alors disponible accepta de venir faire la petite classe et c'est ainsi que l'on termina l'année scolaire.

 Voici quels furent les résultats des examens officiels pour la deuxième partie : 3 présentés, 1 reçu : Pierre Auffray, officine première partie : 3 présentés, 3 reçus : Louis Braud, Édouard Derouin, Christian Robillard.

Certificat libre 2e degré : 2 présentés, 2 reçus : Édouard Derouin, mention bien et Louis Braud. Certificat premier degré : 6 présentés, 6 reçus : Camille Jeanneau, Claude Lefort, Georges Choquet, Eugène Dutertre, ces quatre avec la mention Bien, Jean Fougères et Lucien Huard.

 Le mercredi 3 juillet, 23 enfants joyeux prenaient d'assaut le car Garnier pour une excursion au bord de la mer. Le but de la promenade était Saint-Joseph-sur-Mer. La mer étant basse à leur arrivée, les enfants purent se livrer à la pêche sur les rochers.

 A midi, déjeuner dans le bois, puis visite de la maison toute entière, sauf évidemment les locaux du Noviciat. A 2 heures, le car repartait pour Mindin en passant par Pornic, Sainte-Marie, La-Plaine, Préfailles, Puis visite de la pointe Saint-Gildas, ce qui intéressa vivement les enfants. Saint-Michel-Chef-Chef, Saint-Brévin furent ensuite traversés et ce fut l'arrivée à Mindin.

 Une péniche de débarquement servait de bac pour le passage de la Loire. Les enfants furent tout heureux de monter sur un bateau et de faire la traversée. Tous furent très sages à bord. Les ruines de Saint-Nazaire impressionnèrent vivement les petits voyageurs et après un bon goûter pris sur les marches de la gare, ce fut le départ pour le retour. Il était 8 h 3/4 solaire quand nous arrivâmes à Riaillé. Un gros orage éclate soudain et plus d'un enfant fut arrosé avant d'arriver chez lui.

 Après la retraite, le cher Frère Dauphin Joseph reçut une obédience pour Nort-sur-Erdre. Il fut remplacé par le cher Frère Célestin Henri.

 Le 12 septembre, le cher Frère Directeur accompagna M. et Mme Huard de la Forge allant conduire leur petit Lucien au petit Noviciat de Saint-Joseph-sur-Mer. Cette nouvelle recrue portait à 3 le nombre de nos enfants là-bas.

 Notre Amicale qui semblait en état de léthargie pendant la guerre a repris son activité cette année, M. Gaston de Lajartre (fils) en fut élu président. L'assemblée générale eut lieu le dimanche 22 septembre,. la grand-messe, M. l'Abbé Théon nous fit un magnifique sermon. Puis après la cérémonie, un nombreux cortège où l'on remarquait beaucoup de jeunes se rendit au cimetière comme d'habitude. Le banquet ne comptait pas moins de 105 couverts, chiffre qui n'avait jamais été atteint. Et pour reprendre les traditions, une séance récréative fut donnée par les anciens et par un groupe d'enfants. Ces derniers interprétèrent avec beaucoup de succès : "Les petits clercs de la Sainte Chapelle".

 Le 30 septembre eut lieu la rentrée des classes. Melle Moreau accepte encore, sur la demande de nos supérieurs de venir se dévouer en faisant la 3ème classe.

 Une mission fut donnée dans la paroisse par 3 Révérends Pères Rédemptoristes du 13 octobre à la Toussaint. Le Père Crépin s'occupa beaucoup des enfants : il avait vraiment le talent de les intéresser. La Croisade Eucharistique fut alors relancée dans l'école et 21 enfants demandaient à en faire partie.

 1947 - Le personnel religieux a subi un changement. Le Frère Directeur, disciple de Jésus est parti à la mi-septembre pour prendre la Direction de Saint-Gildas-des-Bois; il terminait ainsi un bail de 15 ans à Riaillé. Il a été remplacé par le Frère Célestin Bernard de Saint-Donatien-de-Nantes. Le personnel civil est inchangé. La population scolaire marque une légère tendance à s'accroître due aux naissances de l'après-guerre.

 Les études scolaires ont besoin de voir leur niveau se relever. Cependant, quelques succès scolaires furent la récompense du zèle des Maîtres. Officiel : Francis Bazin, Louis Braud, Edouard Derouin, Christian Robillard. Libre premier degré : Paul Bourgeois, Marcel Guérin, René Bazin, Maurice Rossignol. 2ème degré : Jean Fougères, Georges Choquet. Aux compositions du Frère Inspecteur, nos classes obtenaient un bon classement en catéchisme.

 A Pâques, l'Amicale fit sa réunion annuelle, son banquet et une soirée. En septembre, elle donna une séance avec des artistes nantais.

Avant de songer à une vraie culture des vocations, il faut songer à redonner de la piété aux enfants, un idéal et le sens de la générosité. Donc résultat nul en apparence. Les relations se maintiennent cordiales avec les autorités civiles et religieuses. M. le Curé arrivé du printemps est sympathique et zélé.

 Différentes améliorations sont en projet pour la maison d'habitation. Le jardin est remis en culture très sérieusement, les arbres de la cour ont été émondés.

 Le 15 mai vit à Saint-Joseph un grand meeting d'enfants de nos écoles. Riaillé y était représenté par un groupe auquel Saint-Mars et Nort s'étaient joints pour le transport.

 Le lundi de la Pentecôte, un car de parents des petits novices et amis débarquaient à Saint-Joseph pour une journée qui a laissé un excellent souvenir.

 1948 - En septembre, le Frère Célestin Henri prenait la direction de Longué et était remplacé par le Frère Désiré Charles venant d'Aubigny. L'effectif scolaire a légèrement progressé par suite d'une forte rentrée de Pâques. Rentrée qui eut lieu à cette époque par suite de l'exiguïté de la 3ème classe que le théâtre encombrait par moitié. Ce fut avec grande plaisir et soulagement que l'on vit sa démolition.

 Les classes s'améliorent légèrement par suite du départ de l'élément âgé de première classe qui était peu intéressant. L'année scolaire se termina par le succès de Jean Fougères à l'officiel. Au libre 2ème degré Paul Bourgeois et Marcel Guérin. Au premier degré : Noël Bouvet, Bernard Eline, Auguste Pasquier, Jean-Baptiste Boucherie.

Bons résultats aux compositions du Frère Inspecteur qui octroya une récompense (congé) aux élèves : succès surtout en catéchisme. L'année scolaire s'acheva par une séance de prix donnée dans la nouvelle salle du patronage rudimentairement équipée. Les prix furent payés par l'Amicale.

 Au lundi de la Pentecôte, un car entier emmenait des parents et amis à Saint-Joseph-sur-Mer pour la journée des parents. Pour l'instant la culture des vocations ne consiste que dans la préparation favorable du terrain. On note déjà une notable amélioration de l'esprit des enfants qui deviennent moins sauvages, plus familiers. On relève moins de brutalités dans la cour.

 Le percepteur semble vouloir exiger de nous quelques impôts. Après les avertissements réglementaires, le percepteur nous menace de saisie. Le Frère Visiteur de passage sur ces entrefaites va le voir et tout finit par s'arranger. Sans que l'on verse un sou. Les relations autrement sont cordiales soit avec M. le Curé, soit avec la municipalité. La maison au printemps voit d'heureuses transformations, au rez-de-chaussée qui était mal partagé et pas commode. Les enfants devaient traverser une grande cuisine enfermée pour arriver au petit réfectoire incapable de contenir les convives, si bien que plus de la moitié mangeait dans la cuisine.

 Après avoir discuté quelques semaines avec M. le Comte de Durfort, celui-ci fait faire les transformations. La chambre de la bonne passe dans la pièce voisine qui était un débarras. Le réfectoire a augmenté de l'ancienne chambre de la bonne, et refait ses murs à neuf sous un nouvel enduit de plâtre. Travail fait par M. Jugeur de Nort. La cuisine trop vaste fut partagée en deux par une cloison qui isolait ainsi l'arrière-cuisine.

 Aux grandes vacances, on procéda au grattage des murs de la cuisine et de l'arrière-cuisine. Le tout fut repeint. La fenêtre de l'ancien réfectoire fut transformée en porte, ce qui permettait l'accès direct au réfectoire. Les tables du réfectoire complétèrent l'aménagement. L'arrière-cuisine se meublait d'étagères et le lavabo qui était à la fenêtre fut déplacé sur la gauche. En février, la cuisine se munissait d'un butagaz. Les classes furent reblanchies et décorées de belles et grandes illustrations. La seconde classe reprenait son orientation ancienne, face à la 3e classe et s'agrémentait de 2 nouveaux tableaux en contreplaqué. Les arbres de la cour furent retaillés. Une porte fut ouverte dans le garage au corbillard. Au jardin, on replanta plus de 40 arbres fruitiers.

 Au cours de cette année, aucune modification n'est intervenue dans le personnel de la maison. La population scolaire a quelques unités de plus que l'an dernier, dont deux jeunes venus de l'école publique qui ne compte plus que 5 élèves. La rentrée de Pâques fut normale, les sorties en fin d'année peu nombreuses. A la rentrée d'octobre, aucune rentrée de tous jeunes, ceux-ci devant aller à l'école maternelle ouverte à l'école libre de filles. Les études progressent marquant une légère supériorité sur les années passées. Les compositions du Frère Inspecteur le constatent, sur tout en certaines divisions. Les résultats en instruction religieuse sont satisfaisants. Nos 3 candidats à l'officiel échouent au centre de Saint-Mars-la-Jaille qui n'enregistra que 19 succès sur 59 candidats.

Au certificat libre : un succès au complémentaire ; Jean Baptiste Boucherie et 8 sur 9 au premier degré : Joseph Boilève, Jean Allard, Jacky Grandière, Michel de Lajartre, Charles Rullié, Alexandre Huard, Claude Godard, André Auffray.

 Aucun résultat ne marque la recherche de vocations. Cependant l'esprit est bien meilleur chez les enfants. Il y a progression dans la fréquentation des sacrements. Les relations avec les autorités sont toujours très cordiales. 

 Aux grandes vacances, le réfectoire fut peint. M. le Comte de Durfort nous accorde des estrades devant les tableaux de 2ème et 3ème classe. La porte de cette dernière fut également refaite à neuf. La situation budgétaire semble satisfaisante.

 1950 - Aucun changement cette année dans le personnel enseignant. Aucune rentrée à Pâques. Deux enfants nous viennent en octobre de l'école maternelle. De ce fait, et avec les départs de fin d'année, l'effectif en octobre atteint seulement 80 élèves.

 Au certificat officiel, 3 succès sur 6 présentés : Jean Baptiste Boucherie, Joseph Boilève et Jacky Grandière. Trois semaines plus tard aux certificats libres passés cette année à Saint-Mars-la-Jaille, nous enregistrons 14 succès sur 14 dont le premier du canton au 2e degré. Premier degré : Daniel Déquippe, Guy Delanoue, Roland Verger, Louis Gaudin, Robert Petiteau, Charles Testard, Yves Huard. 2ème degré : Joseph Boilève, Claude Godard, Jacky Grandière, Alexandre Huard, Gérard Le Ridan, Jean Allard et André Auffray.

 Au mois de juin commençaient les travaux d'installation du service d'eau. Comme pour les autres écoles de la commune, la municipalité fit faire le travail extérieur et grâce à la générosité de l'entrepreneur, cette installation se fit sans frais pour nous. Le 14 juin, nous avions l'eau courante au jardin. Celui-ci voyait de nouvelles plantations de vigne et d'arbre fruitiers, qui en réduisant la surface à cultiver, permettaient d'envisager pour un proche avenir la récolte de la boisson suffisante et de fruits nombreux et variés. La fin des grandes vacances voyait de nouvelles transformations au premier étage de la maison ; retour à l'installation primitive de chambres égales du côté de la route, et construction d'une cabine de douches sur le palier en haut de l'escalier.

 La suite de l'installation de l'eau permets à celle-ci d'arriver à la cuisine et dans la cabine de douches complètement installée au début de décembre 1950.

 1951 - En septembre, la communauté change de physionomie. Le Frère Désiré Charles rejoint l'école Sainte-Croix de Nantes. Il est remplacé en seconde par le Frère Céleste Jean, venant de Saint-Père-en-Retz. Mme Beaujard (ex Melle Moreau) ne peut assurer que quelques heures de classe dans l'après midi. Le Frère Jean Kerhoas devant assurer la matinée. Mais c'est un vieillard qui a bien gagné sa retraite, il rentre à la Place du Croisic au début d'octobre.

 A ce moment et pendant 10 jours la population scolaire est répartie en 2 classes jusqu'à l'arrivée (19 octobre) d'une adjointe de Varades. Les effectifs se maintiennent à 80 élèves, les sorties étant compensées par les nouveaux venant de la maternelle.

 Les études se poursuivent normalement. Les résultats aux examens sont satisfaisants étant donné la sévérité de l'officiel à Saint-Mars-la-Jaille 2 sur 4 présentés au libre premier degré: 5 sur 5, 2ème degré : 2 sur 4 malgré double dictée par ces candidats. L'Amicale au premier avril fit sa réunion traditionnelle avec banquet. L'après-midi, la troupe théâtrale donna au profit de la caisse de l'Amicale les "J3". Ce qui permit au trésorier de verser une bonne somme à la Communauté.

 L'exposition "lasallienne" envahit nos classes à quelques jours des prix. Cette exposition fut inaugurée par les personnalités de la localité. Elle eut beaucoup de succès et émerveilla la population étonnée de se trouver en face d'une congrégation importante et mondiale aux œuvres diverses.

 Les relations avec M. le Curé ont subi un froid momentané. Celui-ci ayant émis l'idée de supprimer notre 3ème classe et ayant agi, comme s'il avait eu cette idée pendant plusieurs mois, nous laissait dans l'inquiétude au sujet du maître de petite classe.

 La basse-cour prend de l'extension : achat d'une couveuse électrique, construction d'une poussinière et réfection du poulailler afin de trouver le complément d'un traitement insuffisant.

 1952 - L'extension de la basse-cour s'est continuée jusqu'aux grandes vacances et poules et canards y ont habité par centaines. Aux grandes vacances, le départ pour Blain du cher Frère Célestin amena un ralentissement considérable de cette activité.

 Les résultats des examens finissant l'année scolaire avaient été bons. 2 sur 3 à l'officiel, 8 sur 9 au libre. L'arrivée du Frère Claudien Jean pour diriger l'école n'a pas marqué la reprise du poulailler dont l'activité était mal. considérée par certaines personnes. Le Frère Céleste reste chargé de la 2e classe et Mlle Pellerin revient en 3ème après son mariage manqué, mais elle rentre un mois en retard. Les relations sont bonnes avec M. le Curé, le Comité et la municipalité.

 1953 - Le personnel reste le même, et Melle Pellerin est encore revenue, contrairement à ce qu'on pensait, mais avec 15 jours de retard. L'effectif a baissé à la rentrée d'octobre, car il n'y a pas eu de nouveaux, ceux-ci arrivant en mars. Nous sommes 75 en octobre, mais nous dépassons 90 en mars. Les succès ont été assez bons; 2 sur 3 à l'officiel, 3 sur 3 au libre premier degré et 5 sur 5 au 2ème degré.

 L'absence de vocations supérieures depuis plusieurs années n'est pas sans causer de soucis aux responsables de l'école. Des désirs se manifestent pourraient-ils devenir des réalités ? Les relations restent excellentes avec toutes les autorités Il est peut-être regrettable que certaines maladresses au moment des élections communales aient été cause d'une division profonde parmi les bons de la population.

 Les classes ont été améliorées grâce à la générosité du Comte de Durfort. La première et la 2ème classe ont vu leur plancher refait à neuf. Les murs des 3 classes ont été repeints, la 3ème en rose, la 2ème en vert et la première en bleu clair. La peinture des murs et le travail du plancher ont été l'oeuvre des Frères. Les ressources avec 2 Frères permettaient difficilement de vivre, s'il n'y avait des aides en nature produites d'une part par le panier des écoles, d'autre part par des apports de légumes, viande ou charcuterie. Les réserves sont maigres mais au jour le jour on peut vivre.

 1954 - Le personnel enseignant a subi une modification assez prononcée. Un jeune homme M. Joseph Fourage de Nort-sur-Erdre, ancien séminariste, a remplacé Mlle Pellerin dès la rentrée. Le 7 octobre, le C.F. Claude Paul venu de Martigné-Ferchaud remplace le cher Frère Directeur Claudien rappelé à Saint-Joseph-sur Mer en qualité de S.D. poste de grande importance.

 Le Frère Claudien était très estimé de la population et très aimé des élèves, aussi ce changement a mal impressionné les gens, mais avec les explications données tout a paru rentrer dans le calme.

 La rentrée s'est faite avec 88 élèves, 3 élèves de l'an dernier nous ont quitté pour l'école publique, suivis de 3 autres au moment du changement de Directeur. Un certain nombre de familles nous envoient leurs enfants sans doute par respect humain "à rebours" sans conviction profonde

 Les examens ont été ainsi sanctionnés : certificat officiel, 2 reçus sur 2 : Jean Marie Lecomte et Louis Rossignol ; certificat libre 2e degré, 2 reçus sur 2 : Bernard Rullié et Louis Rossignol, certificat libre premier degré : 6 reçus sur 7 : Jean Coigné, Guy Paillusson, Bernard Verger, Yves Ménoret, Louis Erhard, André Rousseau.

 Dans l'école fonctionnent des cours postscolaires agricoles d'artisanaux, les agriculteurs viennent le jeudi, à tour de rôle, ils ont cours d'enseignement général par le Frère Céleste, cours de sociologie par l'abbé Roger Lhériot, vicaire, cours d'agriculture par Bernard Douet, cours de zoochimie par le vétérinaire. Tous les 15 jours, les artisans ont cours d'enseignement général par le Directeur, les cours de technologie se donnent à la mairie par un professeur venant de Nantes.

 Le 26 mai au petit matin, le comité s'est rendu à Saint-Mars-la-Jaille pour accueillir le très cher Frère Denis supérieur général. Ce fut pour tous une grande joie de voir de près le Chef de l'Institut, de lui parler et de constater ainsi que nous comptons pour lui, si "squelettiques" que soient nos communautés.

 L'Amicale et le Comité se sont montrés compréhensifs en réglant entièrement à parts égales, la note d'une cure à Luchon que nécessitait la santé du Frère Céleste. En septembre, l'Amicale a fait venir la troupe Debur de Nantes qui a joué "Les indiscrets". Le grand succès de cette pièce a remonté les fonds de l'Amicale.

 Pas de vocations supérieures cette année encore. Les enfants ne sont pas pieux, n'ont pas le sens du sacrifice, il faut continuer à préparer le terrain. Cependant on peut fonder quelque espoir sur plusieurs enfants d'excellentes familles. Le 17 octobre, le Père Douet ancien élève fait ses adieux à la paroisse ; il est parti en mission au Cameroun. Il fit ses premières études à notre école, il continua au collège d'Ancenis puis au séminaire à Pontmain.

 Les relations avec les autorités religieuses sont excellentes Monsieur le Curé vient dans les classes rendre les résultats des examens bi-trimestriels et encourage les meilleurs résultats par une distribution de bonbons. Chaque trimestre se réunissent les Frères, les Sœurs et les prêtres pour un échange d'idées. Monsieur le Maire s'est montré très aimable et généreux le devant de notre maison a été gravillonné et cylindré "municipalement". Le Conseil Municipal a voté 30 sacs de charbon pour le chauffage des cours post-scolaires et comme de coutume la Mairie a payé les prix de fin d'année.

  Réfection complète de la toiture par les soins du propriétaire, le Comte de Durfort.. L'année mariale se termine par une semaine prêchée par le jeune père Fauchon. Le jeudi 2 octobre, nous organisons avec une douzaine d'enfants, une sortie vers la fontaine minérale. Aller : jeu de piste avec recherche de messages marials, récitations du chapelet devant la statue de Notre-Dame de Lourdes, cantiques, puis grand jeu. Retour avec chants.

 Les ressources de la maison sont insuffisantes pour l'entretien des Frères et des classes. Aussi en vertu d'une autorisation du 25 octobre 1953, la communauté reçoit les dons offerts par les parents des élèves. Cette autorisation est valable jusqu'au 30 septembre 1956.

 1955 - Un seul changement dans le personnel enseignant. M. J. Fourage étant appelé au service militaire au Maroc,à la rentrée de septembre, la 3ème classe a été confiée à M. Joseph Germain de Belligné qui nous vient de Mésanger, il donne toute satisfaction.

 La rentrée s'est faite avec 89 élèves. Nombreux ont été les départs au collège. J. Ferré au Loquidy, J.F. de Lajartre à Mongazon, D. Corbineau à Saint Stanislas, J. Herrouin à Saint Joseph d'Ancenis, A. Rousseau à Guérande, Claude Bouvet. à Combrée et Yves Menoret à l'école laïque des Terrasses à Châteaubriant, M. et L. Erhard à Saint Ferdinand de Chartres, leurs parents s'étant installés dans cette région. Par contre, nous avons inscrit 7 nouveaux pour la 3ème classe.

 Les examens ont été ainsi sanctionnés : certificat officiel, 1 sur 1 : Bernard Verger ; Certificat libre 2e degré : 4 sur 6 : Guy Paillusson, André Rousseau, Yves Menoret et Jean Coigné ; certificat libre premier degré, 9 sur 10 : Jean Ferré, M. Erhard, J. Herrouin, M. Lecomte, J. Fougères, B. Godard, Claude Paillusson, M. Ploteau, J. F. de Lajartre. Brevet sportif scolaire : B. Verger.

 Les cours artisanaux continuent tandis que les cours agricoles ont été suspendus, les élèves étant trop peu nombreux, ils vont désormais à Saint-Mars-la-Jaille.

 L'Amicale a eu sa fête annuelle à la Quasimodo. Une petite soixantaine de convives seulement prirent part au banquet qui fut précédé de l'Assemblée générale à laquelle était présent M. le Curé. Il y eut quelques minutes assez pénibles.

 Le 15 mai tombant un dimanche M. le Curé accepta que la grand-messe fut celle de Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle, lui-même donna le sermon dans lequel il rappela l'encyclique de Pie XI sur l'éducation. Le premier mai eut lieu l'inauguration du monument marial de la Butte des Haies en présence de toute la paroisse. Etaient présents autour du clergé paroissial : le chanoine Gautier, l'Abbé Gautier, l'Abbé Moreau, les curés de Bonnoeuvre et de Pannecé, l'Abbé Lécuyer, les enfants des écoles, les jeunes filles de la chorale, les jeunes gens de la Clique, les conseillers municipaux, maire en tête et les conseillers paroissiaux.

 La statue fut bénite par M. l'Archiprêtre d'Ancenis, le prédicateur le P. Eleuthèse capucin. Dans l'assistance on remarquait la présence de l'architecte et sculpteur : M. Fréour d'Issé. Après les examens, une promenade emmena les candidats vers Saint-Joseph-sur-Mer, Saint-Nazaire et Blain, ils eurent ainsi le plaisir de revoir leurs anciens Frères Directeurs : C.F. Claudien Jean et Célestin Bernard, trois amicalistes s'étaient faits chauffeurs bénévoles : Gaston de Lajartre, A. Hardou, Jeanneau garagiste. Ils ne furent pas les moins contents de cette journée.

 Au début d'octobre, la troupe Delrue a joué au profit de l'Amicale : "Le commissariat du XXIIème". Gros succès habituel mais bénéfice net moindre, puisqu'il a fallu louer la salle du patronage à 25%. Les relations des Frères avec M. le. Curé restent bonnes quoiqu'il paraisse de plus en plus hostile à l'esprit "anticlérical" qui parait-il animerait nos amicalistes.

 La Mairie a continué son action bienfaisante : paiement des prix, allocation de charbon, subvention pour la cantine, réfection de la cour dont le goudronnage est prévu pour le prochain exercice. M. le Comte de Durfort a fait réparé le plafond de la chambre nord-est, une fenêtre de la première classe a été refaite. Le portail a été réparé : pile droite entièrement remontée.

 On peut enregistrer une vocation avec l'entrée de Joël Herrouin à Ancenis. Il veut être prêtre, pieux et courageux, il n'a pas cependant beaucoup de facilité pour les études.

 La situation financière est assez bonne grâce à un don généreux de l'Amicale et aux dons en nature. Cette année encore, l'Amicale a réglé la moitié des frais de la cure du F. Céleste. Mais M. le Curé n'a pas voulu que le comité scolaire renouvelle le geste de l'an dernier sur les lourdes charges financières de la paroisse. Sur la démarche du cher Frère Visiteur la Direction Diocésaine donne la moitié de la somme restante et la Communauté prend le dernier reste à son compte.

 1956 - Le 18 mars, nos amicalistes se livrent à un concours de belote. Cette réunion contribue à resserrer les liens d'amitié qui les unissent.

Le dimanche de la Quasimodo voit la réunion annuelle de notre Amicale. A la grand-messe M. le Chanoine Gautier exalte le rôle primordial de l'école chrétienne. Le déjeuner réunit autour du Chanoine et de son neveu : l'Abbé Gautier, aumônier du Pensionnat Saint Félix, 85 amicalistes heureux de se retrouver dans ce qui fut le cadre de leurs jeunes années.

L'Amicale toujours généreuse paye à l'école un appareil de projection "Malik 300". Nous inaugurons cet appareil le 15 mai. Un écran perlé rend plus lumineux encore la projection. Les examens de fin d'année permettent à Jean Coigné, Joël Fougères, Bernard Godard, Michel Lecomte, Guy Paillusson et Roland Tillaut de réussir à l'officiel.

Au degré complémentaire libre : Joël Fougères, Bennard Godarc Michel Lecomte Guy Paillusson, et Roland Tillaut affrontent avec succès le jury tandis que Bernard Orhon et Ernest Verger triomphent à l'élémentaire.

 Le 5 juillet, le Congrès eucharistique national de Rennes est pour une trentaine de nos enfants l'occasion de manifester leur dévotion à Jésus-Hostie.

 Le 10 août une promenade au Mont-Saint-Michel récompense les candidats aux examens. De nombreux arrêts nous permettent de découvrir Fougères, les cimetières américains de Saint-James, Saint-Malo et ses remparts ainsi que l'estuaire de la Rance.

 Le 16 août, le cher Frère Dauphin Joseph prend la direction de la Communauté en remplacement du cher Frère Claude Paul appelé par la confiance des supérieurs à diriger l'importante école de Nort-sur-Erdre. C'est le troisième séjour du nouveau Frère Directeur à Riaillé où il a déjà passé 7 ans sous le nom de Frère Emmanuel. Le cher Frère Céleste reste chargé de la 2ème classe et un civil, M. Bernard Billon, âgé de-19 ans remplace M. Joseph Germain appelé sous les drapeaux.

 Le premier trimestre s'est déroulé sans histoire et l'école forte de 83 élèves continue sa marche en avant.

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