LA GUERRE 1939-1945

 

A peine vingt et un ans s'étaient écoulés depuis la soi-disant « dernière » que le tocsin sonna à nouveau, le 3 septembre 1939, pour la mobilisation générale. En quelques jours eurent lieu les réquisitions de chevaux, de voitures automobiles, de camions et même de tracteurs. Une compagnie de transport fut formée à Riaillé, qui partit très vite vers l'Est avec des équipements très hétéroclites, habillements et moyens de transports, encore beaucoup de chevaux, comme en 1914, la leçon n'avait pas été retenue !  On allait le voir par la suite.

Plusieurs familles de réfugiés de la région parisienne, furent accueillies et logées, dans des maisons vides ou partiellement inoccupées.

Puis une drôle de guerre s'installa jusqu'au 11 mai 1940. La ruée des divisions allemandes poussera des millions de soldats et de réfugiés, de Belgique, du Nord et de l'Est de la France, sur les routes. Tout le monde voulait « passer la Loire », pour se sentir sécurisé. Quelques personnes de Riaillé, entassant le principal de leurs biens dans l'auto familiale, entreprirent aussi le voyage. Ils n'allèrent pas loin et revinrent quelques jours plus tard.

Plusieurs familles venues de l'Est, du Nord, arrivèrent exténuées, en voitures à cheval, d'autres en vélo ou à pied... complètement démunies. Ces familles furent recueillies dans tout ce qu'il y avait de logements libres et bien assistées. Certaines, quand les évènements se furent calmés, entreprirent le chemin du retour.

Vers le 15 juin, un régiment de soldats hindous, de l'armée anglaise, bien enturbannés, équipés de centaines de magnifiques mules, fuyant l'avance allemande, à pied, se rendant vers Saint-Nazaire pour embarquer, bivouaquèrent sur la ligne du Château d'Ancenis les Bois. Ils repartirent de bon matin, en marche forcée, laissant au passage beaucoup de mules qui ne leur étaient pas indispensables. Ils jetèrent dans l'étang des caisses entières de munitions (cartouches, grenades). Ces soldats embarquèrent deux ou trois jours plus tard, sur un paquebot « le Lancastria » qui les attendait à Saint Nazaire . Mais à quelques miles au large, une bombe larguée par un avion allemand atteignit le navire en plein milieu. Il sombra, corps et biens, faisant plus de 5000 morts, il n'y eu pratiquement aucun survivant.

Les troupes allemandes arrivèrent à Riaillé le 20 juin 1940, par un temps très chaud et établirent leur campement dans le champ où se trouve actuellement le Centre vétérinaire, ou ils regroupèrent des prisonniers français récupérés par-ci par-là. La Kommandantur était installée dans la Mairie et l'ancienne boucherie Phillipeau joignante.

Cette occupation active ne dura que quelques semaines, et par la suite, seules quelques patrouilles, de temps à autres, circulaient. Les réquisitions, surtout de céréales, chevaux et bestiaux eurent lieu. Par contre à Saint-Mars-la-Jaille, des éléments de la marine allemande séjournèrent au Château de la Ferronnays pendant toute la durée de la guerre et nous avions souvent leur visite, surtout l'été, car ils venaient se baigner dans l'étang de la Poitevinière.

C'était en majorité des équipages de sous-marins en permission de courte durée, ils n'étaient pas virulents.

Par contre en 1942, un ordre de réquisition de main-d'oeuvre de jeunes surtout, des classes 41, 42, 43, fut mis en place pour renforcer le personnel dans les usines d'Allemagne et pour la construction de la base sous-marine de Saint-Nazaire et du Mur de l'Atlantique. Les Allemands déléguèrent cet ordre aux Maires et Gendarmerie des Communes. Ceci provoqua une grande pagaille parmi la population, heureusement, peu partirent en Allemagne, les autres se cachant dans la nature et trouvant du travail dans les fermes, dans les forêts, où le travail ne manquait pas, car pendant ce temps-là, presque une centaine de prisonniers de la Commune étaient confinés chez l'ennemi.

Le 16 septembre 1943 c'est le bombardement de Nantes, événement malheureux puisqu'il y eu plus de 1500 morts, écrasés sous les bombes. Deux jeunes filles de Riaillé, les scieurs Thérèse et Renée Gautier, filles de Pierre Gautier, adjoint en ce temps là, furent tuées, Place du Cirque.

Le 23 septembre suivant, nouveau bombardement, mais beaucoup de Nantais étant évacués, il fit moins de victimes. De nouveau, les réfugiés affluèrent de Nantes et de Saint Nazaire, qui subissait aussi le martyr.

La Libération de Riaillé par les Américains eu lieu le 6 août 1944

Deux véhicules, un blindé sur roues et une jeep sont arrivés par la route de Bonnoeuvre et stationnèrent sur la route (devant la Maison Familiale actuelle) à l'abri de hautes haies. Ils étaient en liaison radio constante avec leur unité. Ils n'y restèrent pas longtemps et seules quelques patrouilles bien équipées nous rappelaient que nous n'étions plus sous le joug de l'occupant allemand. Quelques jours plus tard, une division blindée de l'armée Patton venant de la Meilleraye et allant vers Saint Mars la Jaille, traversa le bourg à grande vitesse, sous nos yeux ébahis devant cette abondance de matériel, rutilant et bardé d'armes de toutes sortes, quelle différence avec notre armée de 1939 !!

Une compagnie de F.F.I., fut formée à Riaillé avec les éléments des différentes composantes de la Résistance rescapée et des volontaires. Cette compagnie intégra le premier Bataillon à Saint Mars la Jaille.

Les premiers prisonniers libérés furent accueillis avec une grande joie par tout le monde, mais il fallut attendre l'Armistice du 8 mai 1945, pour pouvoir être tranquillisé sur leur sort, un seul ne revint pas, c'était le père de Marcel Tariot, tué par un avion anglais. Deux autres riailléens, Xavier Braud et F. Bureau ne revinrent pas d'un camp d'internement allemand.

Les conditions de vie ne s'améliorèrent pas vite et l'on connut encore, assez longtemps, les restrictions, les tickets.

Des prisonniers allemands, étaient affectés à leur tour, à travailler pour la France, une vingtaine environ, étaient logés dans ce qu'on appelait la basse-cour, la propriété de Mr Denéchau (au n° 9 rue de l'Ouche actuellement) . Ils travaillaient chez plusieurs artisans et aussi en groupe pour l'extraction de la pierre, destinée à la construction et surtout à faire les nouvelles routes reliant les villages.
Au bout de deux à trois ans, ils furent à leur tour libérés et rentrèrent dans leur pays. Ils n'avaient pas été maltraités et plusieurs revinrent voir leur ancien pays de détention.

Pendant toutes ces années, tout manquait ,des bons étaient distribués chaque mois aux familles, pour le pain, la viande, l'huile, le beurre enfin pour toutes les denrées. Il n'y avait pas d'essence non plus, ni de pneus, ni de chaussures. Les artisans touchaient des bons matière, très restrictifs, pour obtenir les matériaux nécessaires à leur activité, ciment, acier .... L'électricité était souvent coupée. Le système D fonctionnait pourtant et les riailléens ne souffrirent pas trop de la nourriture, et pour les quelques véhicules qui circulaient, le gazogène remplaçait l'essence, les rouleaux de caoutchouc dur, les pneus de vélo et les semelles de bois, le cuir. C'était la bonne époque pour les sabotiers.

Les gens de Riaillé pensaient beaucoup à leurs prisonniers et une association collectait les denrées qui pouvaient leur être envoyées. Des kermesses et des fêtes diverses étaient organisées pour récolter l'argent nécessaire à l'envoi de colis.

Le débarquement des troupes alliées, le 6 juin 1944, apporta beaucoup d'espoir, mais aussi de craintes car nul ne savait ce qui allait se passer. Quelques précautions furent prises pour éventuellement, se mettre à l'abri. Pour preuve, le 28 juin, à la Butte des Haies, un attelage appartenant à Fernand Biotteau, partant vers la forêt avec son commis Marcel Tariot, alors âgé de 17 ans, fut mitraillé par un avion anglais. Marcel Tariot fut tué sur le coup et Fernand très grièvement blessé, les deux chevaux tués nets. Ce même jour, une carriole occupée par G. Déquippe de Bonnoeuvre, était également mitraillé, route de Hardouin, il fut tué aussi. C'était au moment de l'attaque du Maquis de Saffré et tout ce qui bougeait était suspect.

Le 25 juillet un avion de la R.A.F. piloté par deux canadiens fut abattu par deux chasseurs allemands, il s'écrasa en flammes dans un champ au bout de la chaussée de la Forge. Ses deux occupants furent tués sur le coup. Leur sépulture eut lieu devant une foule de riailléens, malgré les injonctions des allemands, une gerbe en forme de Croix de Lorraine fut déposée sur les cercueils, recouverts aussi d'un drapeau tricolore, ceci devant une section de soldats allemands médusés, mais qui ne bronchèrent pas et rendirent les honneurs militaires.

Un jeune soldat de Riaillé, Bernard Cornuaille, volontaire dans l'armée De Lattre trouva la mort au combat dans les Vosges en 1945.

 

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