BONNOEUVRE

 

Le bourg se groupe joliment de chaque côté de la grande route de Riaillé à Saint-Mars, et sa situation sur un sommet de la rive droite est très pittoresque. L'Erdre serpente agréablement tout au fond de la vallée devant un vieux moulin, puis sous un pont rustique. Le tout accroche le regard du visiteur.

Une halte sur la place de l'église, avec une visite au presbytère, aucun prieuré. s'impose. Les prieurs savaient choisir leur emplacement. De leur logis à lucarnes et spécialement de la terrasse, la vue est magnifique sur le coteau de Pannecé.

Les principaux prieurs furent : Lemarié, Bodiguel, Pierre Brouard, Camaret, Leroux... desquels on garde bonne mémoire. Ils dépendaient de l'abbaye de Saint-Florent-le-Vieil; ils étaient seigneurs avec droits de justice, de garenne et de colombier.

L'église a pour patron Saint Martin et le prieuré Saint Martin, on conserve une vieille statue en bois du XVIII° en la grande salle de la terrasse; sur les portes sont peintes les armoiries d'azur avec 3 croissants d'argent. Et tout autour < Juridiction de Bonneouvre ».

Le personnel comprenait : le notaire Bartheau, chargé d'enfants qui s'allient aux Chamoret, chirurgiens-majors, Lebec, Thiévin et Péhu.

Le procureur fiscal Estafel de la Buchetière demeurait au logis de la Chéze, allié aux Tiger et Juston.

Les sénéchaux : Ricour et Le Ray.

Le nombre des signatures aux naissances et mariages indique que les prieurs tenaient à l'instruction, comme ils tenaient à leurs droits de pêche et de chasse. Leur lazaret était à Champ Maurin en bordure de la Forêt de Saint-Mars qui forme un diadème pour Bonnoeuvre. Le public a toute facilité de s'y rendre en dehors des ,jours de chasse à courre.

Lieux-dits : La Chèze. domaine des Estafel, Juston, Demangeat et Brand. Ce fut une gentilhommière avec tourelle, terrasse, et de beaux ,jardins.

Chamoret, logis en bordure de forêt. Famille d'officiers.

L e Vau, c'est un beau site avec moulin à vent des ancêtres Péhu sur la hauteur, alors que dans la vallée un moulin utilisait la force hydraulique d'un étang, aujourd'hui assèché. Il serait possible d'y établir un bel asile fleuri comme à Quinquengrogne-en-Joué.

Sur la rive nord de l'Erdre : Fontaine-Marie rendez-vous de chasse avec chenil de plusieurs douzaines de chiens de meute. L'ancien garde Chauveau et son collègue d'Ancenis-les-Bois Boislève, nous ont conté leurs principaux exploits. L'un tua en la même journée trois sangliers; l'autre quatre dont un qui résista à la meute et blessa quinze chiens. Tous les deux se sont trouvés en 1943 face à face avec un troupeau de 32 sangliers qui errèrent deux semaines durant dans la Forêt de Saint-Mars, mais comme les Allemands avaient ramassé tous les fusils, impossible de les tuer.

Des sangliers toujours rudes et bourrus nos conteurs passent aux cerfs, biches et chevreuils dont la mise à mort est toujours attendrissante.

Et comme nous demandions pourquoi l'hallali finissait dans une pièce d'eau ?

- C'est que les pauvres bêtes ont l'impression que les chiens féroces et excités ne pourront pas les suivre, mais aussi parce qu'elles ont très chaud, et l'eau les attire par sa fraîcheur et son miroir.

- Quelles étaient les personnalités de vos équipages ?

- Le marquis (le La Ferronnays,_ Potiron clé Boisfleuri, de Montaigu, de Bourmont, Bouillé de Casson... c'est alors tout l'armorial local qui défile dans ces récits.

Champ-Morin ou Maurin, vieille appellation historique connue, qui désigne le refuge des chefs celtes, druides, ou étrangers (Maures) restés insoumis aux Romains, comme à la doctrine chrétienne, c'est toujours un vieil habitat, en marge des forêts, et les enfants des écoles vers 1914 v ont trouvé des haches en pierre polie et une en bronze.

Toua près de Champ-Maurin, se remarque le chêne aux clous, et l'on s'y rend du Patisseau (maison forestière), par une allée de la Forêt de Saint-Mars. Sur la gauche, prospéraient des chênes à gui, très vénérés. Celui qui reste a une circonférence de quatre mètres, il a les vertus curatives de ses ancêtres, et en particulier celle de chasser les furoncles. Il suffit de planter un clou à chaussures, caboche, ou maillette, après avoir fait sept fois le tour du géant. L'écorce en est couverte, et l'arbre se porte fort bien, avec cette ferrure ou armature.

Le Prieuré fit du Champ-Morin, une maladrerie, dont les ruines avec grosses pierres en schiste, et la tour carrée, portent encore le nom de < château ». On y parle de souterrains et de trésors.
Plusieurs croix et statuettes modernes, ont été mises pour sanctifier ces lieux.

Le Marchy, entre Bonnoeuvre et Saint-Sulpice, fut le siège d'un champ de foire, dépendant ,du prieuré, où se faisait le troc des productions.

Le grand charme de Bonnoeuvre, centre d'excursions en forêts, c'est que sitôt que l'on gagne le croissant de la partie nord du bourg, on arrive en la Sylve. En suivant les avenues transversales, de belles promenades sont possibles.

Il n'est pas étonnant que de distingués prieurs qui auraient pu se prétendre à de hautes dignités, se soient plus en ce poétique ermitage et qu'ils préférèrent y demeurer.

L'enseignement a été continué à Bonnoeuvre, au temps des maires Juston de La Chèze et Gaignard, par Marie Duchesne, née à Bonnoeuvre en 1815, brevetée en 1845, qui se dévoua pendant trente ans pour ses compatriotes.

« Toujours le même zèle - écrit en 1875 ses Inspecteurs Le Pelley et Damy - mais sa santé s'affaiblit et sa vue a considérablement baissé. C'est une maîtresse modèle, d'un dévoûment au-dessus de tout éloge ».

Théophile Douillard resta 25 ans comme maître d'école et secrétaire de mairie. On nous a cité également les noms de Ménoret, Baud, Blouin...

M. Gaignard, mutilé de guerre, nous demande quelques précisions sur sa commune (car il porte un nom qui rappelle celui de plusieurs maires et d'un abbé très cultivé qui fit en 1789, un voyage en Montgolfier au=dessus de la baronnie d'Ancenis); nous sommes entrés dans sa maison; nous y avons remarqué un beau bureau en acajou, style Louis XV, dommage que les tiroirs ne contiennent plus les précieux manuscrits de l'abbé Charles Gaignard ! Puis une p!aque foyère armoriée dans la vieille cheminée, et nous avons déterminé n'il s'agissait des armes des négociants nantais Oriordan de Saffré, qui furent eux aussi de grands chasseurs de loups à la rin du XVIII°. Ils appartenaient à ce groupe de marins Irlandais (Stapleton, Clarke, Grou) qui animèrent le commerce du « bois d'ébène > . Leur devise était : « J'ai combattu et ,j'ai vaincu >> . Dans leurs armes, une épée dressée et un lion au pied d'un chêne.

Pour conclure par une note touristique, nous avouerons avoir trouvé charmante la route de Pannecé à Bonnoeuvre, l'arrivée est remarquable, mais ce qui est encore beaucoup mieux c'est la route de Riaillé à Bonnoeuvre, elle serpente comme l'Erdre qu'elle accompagne, et à partir de Fontaine-Marie jusqu'au bourg, on est sous les bois, dans un cadre étonnant, aussi voit-on aux beaux ,jours de nombreuses autos abandonnées sur la berge; les passagers se sont évadés dans la nature et perdent la notion du temps comme le Sous-préfet aux champs.

A. G.

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Pannecé

 

Ce qui frappe en arrivant à Pannecé, c'est une grande place devant une église massive dont la grosse tour carrée surprend. Le cimetière jadis autour du sanctuaire a été transféré dans la vallée.

Au centre du bourg un logis à tourelle et lucarnes (Cour de Pannecé), fut l'auditoire, et la demeure des fonctionnaires des juridictions de La Rivière et de La Guibourgère.

Le premier centre paroissial avant 1648, fut à La Bourdiniére qui reste un village important avec des souvenirs plus grands encore, ainsi que nous le verrons. On disait la << ville de La Bourdinière ». Cette station militaire romaine marquait une jonction de voies sur le Donneau, et une défense sur la butte de La Garenne. Tout dernièrement le propriétaire du jardin en triangle qui borde le gué, ayant eu à creuser une fosse pour éteindre de la chaux, rencontra une base de murailles en ciment romain, impossible à défoncer. Il s'agit probablement de l'une des bases du pont d'antan (dont le milieu devait être fait de planches pour la traversée), et sous de fortes charges ces planches purent céder d'où la trouvaille de pièces romaines.

De l'autre bord de la rivière, c'est Le Faulx, terre noble qui remplaça une villa. A la Révolution ce fut la propriété des citoyens Guitard de La Richardière, dont un membre influent du District d'Ancenis. Ses filles firent la classe en ce lieu.

Sous Louis-Philippe, un Instituteur communal, Jean-Louis Lenué, y passa toute sa carrière. Il se fit enterrer civilement sous un tertre.

Mais revenons au Bourg, et à ses juridictions.

La Rivière : Cette terre noble fut habitée au XVI° par des Cornulier. On a découvert sur les poutres peintes des ornements et un portrait (le dame en costume du temps de la Fronde.

Les lucarnes du château sont ouvragées et toute la disposition des multiples salles et chambres, prouve que ce lieu a toute une histoire.

A l'époque de la Révolution, les hommes de loi Gourlet et Juston (beaux-frères) y habitèrent. Ce fut un centre de résistance royaliste. Dès l'époque du Directoire des boiseries et divers décors furent ajoutés par les précités.

Mais en 1840-50, les héritiers : de Lorgeril dont l'hôtel était à Rennes, y venaient chaque été, passer les beaux jours. En 1842, une naissance, nous précise que le père était Alphonse de Lorgeril et la mère Alexandrine de La Marre.

La Papinière : gentilhommière à pavillon qui domine le Donneau, abritait les hommes de loi et d'église : Verger de La Papinière alliés aux Prodhomme, Bourcier.

Les fonctionnaires de seigneuries étaient en plus des Verger et Guitard précités : Michel Derval notaire, Ricour procureur fiscal, Ernoult sénéchal, Testard, René Claude, puis Terrier, Menable et Dupayvas médecins.

Tous prirent part à la rédaction du cahier de doléances et l'accord est parfait sur ce point. La division se fit à propos de la Constitution civile du Clergé.

Jean-Clair Terrier, demeurant à La Métairie, entra comme médecin sous les ordres de Bonchamps à Saint-Florent-le-Vieil. De retour à Pannecé, il soigne indistinctement les Blancs et les,Bleus, et il se soumet au District dès 1796.

Il devint maire éminent, après Prodhomme, et c'est lui qui fit la vente des terres vaines et vagues, luttant contre les prétentions des régisseurs de la veuve du marquis Charost-Béthune.
Nombreux furent les < Chouans » qui touchèrent des secours et indemnités sous la Restauration en 1827. La poussée chouannique en 1815, sous l'influence de La Rochemacé, avait été très forte.

Sous Louis-Philippe, Hippolyte Testard devient maire, il sera notaire puis ,juge de paix, rendant d'immenses services à la région. Il soutint avec son collègue Mériais les premiers Comices agricoles et le développement de l'agriculture.

Les défrichements furent abondants à cette époque. La forét de Pannecé ,jouxtait celle de Maumusson. La maison de garde de La Mesliére est devenue le centre d'un village et l'on y a établi une école mixte très prospére. Tous les alentours valent la peine de retenir le touriste. Souvenons-nous que la marquise de Sévigné a séjourné à Maumusson chez ses cousins de La Troche; elle en a gardé un souvenir cuisant! à cause des puces.

Les deux moulins qui dominent le bourg de Pannecé ne tournent plus, n'ayant plus d'ailes; ils marquent le chemin qui menait à une chapelle paroissiale bien située. Le tour d'horizon est rare et attire fort justement les promeneurs.

Sur la pente du coteau, voir la Carrière de La Floquerie dont le monticule sablonneux retient les regards. Elle a environ vingt mètres de profondeur et la coupe en est intéressante au point de vue géologique : sable, mica-schistes, grès, enfin une couche noire de schistes carbonifères. Au toucher les mains deviennent noires et l'on penserait que la roche s'effrite aisément; elle est au contraire dure et résistante, puis écrasée elle forme avec le goudron un ciment remarquable, si bien qu'elle est demandée pour les routes, loin à la ronde. Une douzaine de camions sont constamment en service, et le personnel de la Société Gaillard, devient de plus en plus nombreux.

Pour le simple curieux, 1a vue riche en couleurs de cette carrière vaut une halte. Cette teinte noire force le rapprochement de ce filon, avec celui des anciennes carrières de Mouzeil et de Montrelais.

A. G.

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Le moulin à vent de Pannecé

 

Le meunier Péhu, charmant conteur, à la mémoire sûre, nous a rappelé le passé de La Bourdiniére.
<< C'était une ville du temps des Romains », affirme la tradition, mais de ce centre il a déjà été question. Ecoutons ici le tic-tac de son moulin.

<<Tourne, tourne joli moulin » , chantait-on ,jadis aux petits enfants. Mais bientôt les enfants ne sauront plus ce qu'était un moulin, car ils ont presque tous disparu, sans bruit, sans une plainte, cassés par le progrès. Quelques-uns ont été transformés en habitation de plaisance, d'autres intégrés dans une minoterie moderne; le plus grand nombre, réduits à leur tour découronnée, montent encore une garde solitaire sur nos collines.

Aussi est-ce une agréable surprise de rencontrer encore un moulin, << tournant et virant ». Tel est le cas de celui de La Bourdinière en Pannecé.

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Le moulin de la Garenne

Il est situé sur la colline de La Garenne, qui commande un large horizon. A nos pieds serpente la rivière du Donneau et juste derrière elle, on voit les bâtiments du château du Faulx. Un peu plus loin et juste en face se dessinent les toits du massif château de La Rivière aux belles lucarnes sculptées. Dans le lointain on découvre de gauche à droite les clochers de Pouillé, de Teillé et par temps clair, de Carquefou.

Solidement campé sur le rocher, notre moulin domine la colline de ses 12 mètres de haut. Le meunier, Monsieur Péhu, continue la tradition d'une longue lignée de meuniers qui avant lui possédaient la plupart des moulins du Canton, et tout spécialement celui de Vau au bord d'un étang en Bonnoeuvre.

D'après les vieux manuscrits, précieusement conservés par M. Péhu, le moulin de La Garenne est un des plus anciens de la région. C'était en effet un moulin noble, construit jadis par ordre des Barons d'Ancenis, et pour lequel était due à perpétuité par le meunier titulaire, une rente annuelle au baron où à ses ayants droit. L'époque de la première construction n'est pas précisée, mais on sait que c'est au retour des Croisades que les Seigneurs firent bâtir les premiers moulins à vent sur le modèle de ceux qu'ils avaient vus en Orient. Plus anciens, les moulins à eau étaient plus onéreux à établir, demandaient un cours d'eau de débit suffisant, et malgré tout, leur rendement était souvent moins bon.

Ces premiers moulins étaient munis de voiles en toile, qu'il fallait rouler lorsque le vent forçait. En cas de temps incertain, une vigie placée au pignon du moulin était chargée de veiller au grain. Gare à l'imprudent meunier qui s'endormait malencontreusement, les toiles risquaient fort d'être déchirées ou emportées par la tempête !

Pendant les combats de la Révolution le moulin qui abritait des Blancs a été canonné par les Bleus qui tenaient le château du Faulx. On montre encore un boulet de fonte aplati, par l'impact, souvenir de la bataille.

Il a fallu ensuite réparer les dégâts pour recommencer à moudre le grain, toujours avec les ailes en toile. Ce n'est qu'en 1876, à l'occasion de nouvelles réparations, que les progrès techniques permirent de munir le moulin d'ailes, tout en bois, tel que nous le voyons actuellement.

La tour du moulin, haute de douze mètres, est solidement construite en petites pierres du pays. Les réparations de 1876 l'ont rehaussé de près de trois mètres. Le toit, conique, à calotte tournante, est recouvert de petites planches de chênes ou archelettes, plus résistantes aux vibrations que les ardoises. Les ailes sont portées par un axe légèrement oblique, par rapport à l'horizontale, qui traverse la charpente de part en part. Une roue dentée en bois, solidaire de l'axe, le grand rouet, transmet le mouvement à un autre axe vertical qui fait fonctionner les meules. Ces ailes sont du type « Berton>>, composées de quatre verges, longues pièces de charpente assemblées deux à deux autour de l'axe de transmission. Devant les verges sont disposés les volets, soit onze planches de bois placées les unes devant les autres, pouvant se déployer latéralement. Elles s'étendent plus ou moins suivant l'intensité du vent et leur réglage peut être modifié aisément sans arrêter 1a marche du moulin. C'est donc un gros progrès par rapport à la voilure. D'autres systèmes de sécurité, tels que régulateur à poids et frein commandés à la main, peuvent également intervenir pour empêcher l'emballement du mécanisme.

On accède dans ce moulin par une porte basse cintrée. Au rez-de-chaussée sont rangés des sacs de farine et de grain. Un escalier fait de grosses pierres fichées dans le mur permet de gagner le premier étage. On y avait installé une cheminée de pierre afin d'allumer de bonnes flambées par les soirées d'hiver.  Elle a été supprimée par M. Péhu qui voulu gagner de la place. Une simple échelle de bois permet de grimper au plancher du second étage entièrement occupé par les deux meules, composées chacune de deux parties : meule dormante, fixe en-dessous, meule tournante entraînée par le mécanisme, au-dessus. Ces meules sont précises et fragiles, quelques graviers malencontreusement mélangés aux grains suffisent à les altérer gravement. Aussi faut-il de temps à autre les démonter pour les repiquer au marteau. Travail délicat du spécialiste, l'amoulageur.

Au troisième étage, on est au coeur du moulin sur l'axe central et les engrenages qu'il commande. Aujourd'hui il ne tourne pas, mais un vent printanier agite ses ardoises, fait vibrer ses membrures. On le sent comme conscient de l'importance de son travail et impatient de re prendre son mouvement.

Il travaille bien certes, et la farine de blé noir qu'il fournit, incomparable pour préparer le galettes, est très recherchée par les connaisseurs Souhaitons-lui donc longue vie. Mais hélas les charpentiers de moulin n'existent plus, et si Monsieur Péhu, excellent bricoleur n'était pas capable de procéder lui-même aux multiples travaux d'entretien que nécessite un mécanisme pourtant d'apparence robuste, il y a longtemps que son moulin serait inerte comme bien d'autres.

Ne serait-il pas possible de faire classer ou protéger un moulin tel que celui-ci, alors qu'il est encore en état de marche, plutôt que d'attendre quelques années avant de s'apercevoir, avec des regrets tardifs, que tous les moulins d'antan ont perdu la vie ?

Dr YVES MERLANT.

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Teillé et Mouzeil

Teillé :

En partant de Nantes, par Carquefou, Ligné, Le Boulay, on aperçoit très vite sur un sommet, l'église et le cocher de Teillé, bel ensemble harmonieux qui rappelle Carquefou en plus petit.

Au bas du bourg, coule le Donneau, cours d'eau calme aux nombreux méandres, ce qui a permis à la Municipalité actuelle, d'établir un coquet jardin public, admiré par les promeneurs .et apprécié par les pêcheurs à cause de sa pièce d'eau.

Toute la bourgade qui s'étage au flanc du coteau est d'aspect agréable et l'on devine une activité importante autour de la minoterie J.-B. Roussel, des garages et coopératives agricoles.

Le Boismaquiau, tout près du bourg, sur une éminence d'où l'on jouit d'un beau tour d'horizon, garde les vestiges d'une ancienne seigneurie.

Le château était entouré de douves avec pont-levis. Les dépendances subsistent.

S'est là que demeurait la branche aînée des Cornulier, seigneurs du Boismaquiau, de La Rivière et de La Sionnière; ils furent conseillers au Parlement de Bretagne et membres de la Chambre des Comptes à Nantes.

En 1667, 70, 71, 85 furent baptisés en la vieille église de Teillé les enfants de haut et puissant J.-B. Cornulier et de Jeanne de La Poëze sa compagne.

Leurs descendants résidèrent par la suite au château du Vair (Anetz).

Au moment de la Révolution, les titulaires étaient Marie de Cornulier et son époux Charles Merdy de Catuélan,, puis le bien revint aux de Lorgeril de La Rivière.

Le domaine actuel comprend encore cinq métairies.

Le Tremblay : terre noble, qui eut l'honneur d'abriter la Duchesse Anne de Bretagne, et l'on parle de la chambre où elle se reposa.


La Piverdiére, appartenant à Messire Charbonneau, revint aux de Beaulieu, sieurs de La Pommerave et de La Haie en Derval.

La Guibourgére. Près beau domaine, sur le bord gauche de la route de Teillé à Riaillé. Une longue avenue bordée de vieux chênes conduit à un château XVII°, encadré par deux larges pavillons.

Un sous-bois sur la gauche abrite une chapelle et une pièce d'eau.

Au delà, un grand parc avec des cèdres et des chênes. L'ensemble est majestueux et mérite d'être conservé, tout comme La Chauvelière, en Joué. Sans ces fleurons du passé, l'Histoire ressuscite mal.

Une même famille s'est perpétuée en cette seigneurie : les Raoul de La Guibourgère : << de sable au poisson d'argent, accompagné de 3 annelets dont deux en chef et un en pointe » ; et les Camus qui portent : << deux croissants, une étoile, et un autre croissant ».

Sur un aveu de 1757, les Journaux du Chalonge, en Saint-.Julien-de-Vou vantes, reconnaissent être « sujets vassaux, de haute et puissante dam Françoise Raoul de La Guibourgère, épouse de Messire Jean-Baptiste Camus de Pontcarré, chevalier de Viarmes, conseiller d'Etat et ci-devant Intendant de Bretagne ».

Ces Journaulx-Lejeune possédaient des « habitations négrières » en Saint-Domingue et étaient en relation avec le général de La Ferronnays qui commandait alors les troupes en cette île chère aux Nantais.

La famille Camus a donné un maire de Nantes sous Louis XIII et Richelieu. Devenu veuf d'une Charette, il entra dans les ordres et devint évêque de Saintes et de La Rochelle. Mort en 1661, il voulut que son coeur fût déposé en l'église de Teillé. Dans la chapelle du château, une pierre de schiste rappelle son souvenir.

Un de La Guibourgère périt sur l'échafaud, à Paris, le 20 avril 1794.

A ce moment, le domaine fut inventorié. C'est un Le Bouvier, oncle de Victor Palierne, chef royaliste, qui régissait le domaine et ce fut un centre de repli pour les Rebelles.

La châtellenie qui avait droit de haute justice, comprenait aussi Le Tremblay, La Ragotière, Saint-Ouen, La Piverdière. Les assises de la juridiction se tenaient à La Chapelle-Breton.

Parmi le personnel seigneurial : Le Bouvier, Palierne, les Rabu notaires, Testard, Letang, Bourgeois, Baudouin, Hervé de Beaulieu, Gicqueau, Drouet.

Certains acquirent des biens nationaux aux environs, ce qui démembra la seigneurie des Hommeaux.

Malgré le souvenir d'Anne, la « bonne duchesse », qui s'attache au Tremblay, il n'en reste pas moins vrai que si la commune de Teillé prend des armoiries, un jour, celles des Camus de La Guibourgère s'imposeront, en y épinglant un moulin, pour rappeler celui du maire actuel M. Jean-Baptiste Roussel. Soudan peut servir d'exemple pour ce genre d'armoiries, et réciproquement Teillé donnerait pour le Square du Tertre, un modèle de petit jardin public, beaux exemples d'émulation entre les bourgades qui se connaissent.

Le Clergé : Après les abbés Delmur,' de Bonnefous, Guillaume Guérin (mort à la cure en 1783) restés longtemps à Teillé, vint l'abbé Gilles Garnier, originaire de Châteaubriant, ordonné en 1780 il arriva en 1783. Docteur en théologie et professeur à l'Oratoire, il connaissait Joseph Fouché du Pellerin. D'opinion gallicane il était intime avec Jacques Defermon, député à la Constituante et fervent partisan de la « Constitution civile du Clergé ».

Garnier prêta le serment en ces termes : « Je jure d'être fidèle à Dieu, à l'église et à la constitution s'il est possible>>. Il était l'oncle d'un Nantais, député sous le surnom de Garnier bras-de-fer. On lui reprochait son libéralisme.

1.a démission de Gilles Garnier en 1815 après Waterloo, fut motivée par l'envoi d'une adresse de fidélité à Napoléon.

Il est mort à Nantes le 3 mai 1830, peu de temps avant 1e retour du drapeau tricolore qu'il avait adopté.

Les maires de Teillé pour la même époque, furent : Louis-Julien Rabu, David, Jean Gaignard et sous la Restauration : Camus de La Guibourgère, avocat à la Cour royale de Paris, élève de Berryer.

Les tombes de la famille Camus de La Guibourgère sont assemblées au cimetière, à l'ombre d'un bosquet de cyprès qui s'aperçoit de loin. La vieille et primitive église, gardant les coeurs en des coffrets de métal différents, était là toute proche, et c'est aujourd'hui une place publique, un parc à autos.

La vieille cure, occupe, comme le moulin Rousse!, un point culminant du Haut-Bourg. La première est une maison cubique imposante, aux murs épais, et des fenêtres des chambres le tour d'horizon est superbe. En 1783 d'importantes réparations furent faites au presbytère sous la direction de Ogée et Lefort, architectes nantais.

C'est tout à côté que l'abbé Pierre Roussin, fit construire la nouvelle église de style ogival. Les trois vitraux du choeur ont été offerts par la famille Camus de La Guibourgère. Le chanoine Doussin avait pour ami et contemporain le chanoine de La Guibourgére, curé de Saint-Germain-des-Prés qui seconda puissamment son confrère. C'est ainsi que fut créé un Hospice régional, animé par l'ordre de « la Sainte Famille », congrégation religieuse de fondation Teilléenne, qui compte actuellement une trentaine de religieuses. L'oeuvre de Doussin vient d'être exposée en un livre de 225 pages par le chanoine Eriau, docteur ès lettres et auteur très apprécié.

Teillé est fertile en personnalités marquantes les chanoines Auneau 1815-1886, Louis Bliguet 1812-1885, contemporains des précités; le commandant Cordeau, fils d'un cantonnier, mort à Salonique en 1916.

En ce même milieu, naquirent les Rabu dont une branche fixée à Paris.

Les Monnier dits de La Raudière. Le premier connu est le lieutenant de frégate Jean-François qui meurt en 1801 à 72 ans.

Il eut pour fils François Monnier, 1769 à 1846. Son acte de décès à Teillé, indique qu'il était officier retraité, et la tradition rappelle ses campagnes napoléoniennes avec Lemaitre de Riaillé et Moricaud de La Meilleraye. Ses petits enfants, médecins et pharmaciens, ont bien entretenu la légende à Vertou, Port-Saint-Père et Nantes, de ces vaillants < grognards ».

Le fils de l'officier du 1er Empire, Jean-Urbain Monnier, né en 1822, entra à l'Ecole Normale de Rennes en 1841, et malgré son rang de sortie, il demanda modestement le poste de Teillé, où il enseigna jusqu'en 1870.

Très estimé, il fut dévoué au Gouvernement de Louis-Philippe, fidèle au drapeau tricolore et ses rapports le qualifient de < maître d'école très au-dessus du niveau ordinaire ».

Son oeuvre pédagogique a été continuée par un autre << pionnier de l'enseignement public » Pierre Rabu, né à Teillé en 1854. Il a dirigé avec sa dame Lucie Rousseau (de Mouzeil), une école à 3 classes dont les résultats aux examens furent remarquables. L'Inspecteur Cosmao dit grand bien de Pierre Rabu, qu'il apprécie hautement. La tradition entretient son même bon souvenir, ainsi que nous l'avons constaté.

C'est lui qui fonda, à Teillé : « L'assurance mutuelle contre la mortalité du bétail ».

Le tout a été continué par les successeurs Cottineau et Lévesque. On nous a dit que le talentueux metteur en scène, des films : « Lola », « Parapluies de Cherbourg »..., le Nantais Jacques Demy, avait fait une partie de ses études primaires à l'école publique de Teillé, où sa famille était réfugiée.

Voici la suite des maires après 1850 : Ménard, Rousseau, Gautier, Camus de La Guibourgère, Lemercier, Alexandre Eriau dont le fils est l'un des plus jeunes Préfets de France, puis Jean-Baptiste Roussel.

Mouzeil :

Ne connaissant pas du tout Mouzeil, si ce n'est par une, promenade aux étangs de Copchoux et une visite aux anciennes mines de charbon, nous avons eu énormément de plaisir à découvrir récemment cette jolie et curieuse bourgade, sous la conduite de Madame Colas, amie de la famille Cadoret.

De chez elle, j'ai aperçu le château des de La Barre, héritiers des Charbonneau, parents des Capet et portant des fleurs de lys dans leurs armes. Ces de La Barre Elie dont les charmilles venaient jusqu'à la maison Colas, avaient de belles plaques foyères bien conservées, représentant des fables de La Fontaine : le loup et l'agneau, le loup et le cheval.

Nous avons visité l'église à la belle fenêtre gothique et aux retables de même, puis nous avons admiré, ces merveilleuses reliques du XV°, bien assemblées : un Christ, un Saint Pol de Léon, un Saint Jean-Baptiste, en bois, rapportés en 1927 de la Chapelle aux Bretons, entre Teillé et Mouzeil; ils ont figuré en différentes expositions d'art religieux.

La légende dit que la Duchesse de Rohan en séjour au Tremblay oit vivait un bâtard des Ducs de Bretagne, avait été prise de « mal d'entrailles », au cours d'une chasse, et qu'elle avait fait voeu pour guérir d'élever au lieu où elle dut s'aliter un moment, une chapelle.

Après sa guérison, elle tint parole, et orna le sanctuaire de statues. Par la suite les Bretons qui venaient traditionnellement en pèlerinage à Saint-Julien-de-Vouvantes et au Marillais, n'oublièrent jamais cette chapelle aux Bretons.

Les Rohan de Blain, de Jocelyn et de La Chapelle-Glain, connaissaient la famille Charbonneau ainsi que celle des Pâris de Soulanges qui a donné plusieurs généraux, dont l'un fut intime de Turenne.

Notre satisfaction fut complétée par la louange recueillie de foyers en foyers sur le vénérable Maître d'école de ce lieu Louis Cadoret, y ayant fait toute sa carrière, et ayant épousé une Mouzeillenne. Il mériterait une notice.

Parmi les maires et notabilités nous avons retenu les noms de : Baudouin, Bourgeois, Corroyer, directeurs des mines de Mouzeil, Cottineau, Lermite, Jourdon.

Adolphe Decroix, directeur des fours à chaux de Copchoux, fut Conseiller général et Sénateur, il est mort en 1895. Une de ses filles épousa un Bureau de La Meilleraie, si bien que cette branche s'appela Bureau-Decroix, et une autre épousa le frère d'un disciple éminent de Lacordaire.

Teillé et Mouzeil sont deux charmantes communes, intéressantes à parcourir. La population très accueillante se plait à guider le visiteur.

Pour les amateurs de l'époque Gallo-romaine, nous avons constaté que la vieille église, a, dans les murs de la sacristie, une structure : briques et pierres rondes, qui rappelle celle de la chapelle du cimetière Saint-Donatien (Nantes), et celle de la chapelle Saint-Barthélemy (SaintJulien-de-Concelles).

En consultant aux Archives Départementales, les dossiers relatifs aux de Charbonneau, seigneurs de Mouzeil, on constate qu'après différents partages ils possédaient encore 130 hectares à Mouzeil en 1850. Depuis lors l'émiettement s'est produit.

Au temps de la Révolution ce fut une demoiselle Charbonneau Marie, veuve Jacguelot de La Motte, qui défendit le patrimoine. Les armoiries de ces Jacquelot sont : << d'azur au chevron d'argent accompagné de deux mains ouvertes, et d'une levrette d'argent en pointe ». Elles existent sur une plaque foyère du château de la Meilleraie-Bureau.

Les fermiers, des émigrés étaient : Evein, Herbert, Haurey, Paillusson, Guillard, Boursier.

Les deux frères émigrés furent amnistiés : Félix et Godefroy Charbonneau. C'est de Godefroy que l'on garde surtout mémoire.

A. G.

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Trans-sur-Erdre et Les Touches

 

Le retour normal vers Nantes, après avoir vu Riaillé, Saint-Mars-la-Jaille: c'est de rentrer par Trans et les Touches.

Trans-sur-Erdre :

Trans sur la rive gauche de l'Erdre est arrosé en outre par le ruisseau de Montigné; il existe de beaux sites en bordure de l'eau : le Clos, Montfriloux.

Le patron de la paroisse Saint-Médard fait penser à une altération du dieu romain Mars. Il ne reste plus que des ruines de châteaux. 

Barre-Théberge dont on voit encore les douves et la trace des avenues, fut la résidence des Lavau puis des Martel, seigneurs prééminenciers de la paroisse, avant aussi un logis au bourg (presbytère).

Elisabeth de Lavau, dame de La Barre-Théberge, épouse de René de Martel, seigneur du Pé (à Jean de Boiseau), mourut en 1780.

L'héritière fut Françoise de Martel, femme d'Yves Couëssin de Kerhaude qui fut inhumée dans le cimetière de Trans en 1845, où elle a son tombeau entretenu par les comtes de Rochefort et de Dampierre (Port-Saint-Père).

Sa soeur, Madame de Kercabus, était également propriétaire et demeurait au Pé en Saint-Jean-de-Boiseau.

Monfriloux, logis avec charmille, bien situé au-dessus de l'étang-forge de la Vallée, fut la résidence noble des Meriaud qui ont signé : de la Clartière (Le Pellerin), de la Chevillardière, de la Guibloterie (Vallet); ils furent officiers et hommes d'église (,deux chanoines de Nantes).

 

Bourymain, la Houssaye, la Grossière furent des ,juridictions, relevant des de Martel et des Ferron de La Ferronnays. On y réglait les tutelles et les minorités pour mariages.

Pami les bourgeois : les Hunaud du Vivier, Baudouin, Bourgeois, Tardiveau, Bonamy, Leconte... tous d'esprit évolué, réformateur.

Les curés : de Lantivy, Guibourg, François Maisonneuve, docteur en théologie qui devint recteur de Saint-Etienne-de-Montluc et mourut à Nantes en 1813. Il appartenait à une célèbre famille de médecins et de négociants nantais dont une branche hérita de riches irlandais seigneurs de La Garoterie en Saint-Herblain; nous avons vu leur riche bibliothèque.

Pierre Courgeal qui émigra en Espagne, rentra en 1803 et mourut dans sa cure à Trans en 1824. Le vicaire Pierre Agaisse fut protégé par les demoiselles Merlaud de Montfrilloux, et devint curé de Château-Thébaud.

Juliette Goguet de Boishéraud était cachée à Trans lorsqu'elle fut arrêtée et conduite à Nantes. Elle s'était détachée du troupeau qui fuyait vers Blain, Nort, Savenay, et s'était réfugiée à Montfrilloux, chez les demoiselles Merlaud qu'elle connaissait bien, mais la troupe de Joûé-les-Touches était aux aguets.

Conduite à Nantes, elle fut protégée par Drouin du Parcay, et par le médecin Darbefeuille. Elle épousa l'officier d'ordonnance de Hoche : François de Guer de Boisgelin.

Nous avons raconté toute la vie de cette héroïne en un roman intitulé : Juliette de Vallet, publié en feuilleton, 1939, dans le << Travailleur de l'Ouest ».

Les maires de Trans : Dupas, Voisin, Boucherie, Cottineau, Ouairy, Baitière, Gérard, Pierre Plé, Jean Prion, Dabouis.

Parmi les enseignants : Jean Thomas, mademoiselle Rousseau, Devannes, c'est de ce dernier que l'on parle surtout comme actif et dévoué pionnier.

Les Touches :

Le touriste est captivé avant d'atteindre le bourg, par ces deux mamelons qui pointent vers le ciel : le Mont-Juillet et l'église avec son clocher.

Des silex taillés, trouvés sur les flancs du Mont-Juillet prouvent l'antiquité des habitats en ce lieu. La cure et le vieux bourg sont au pied.

Le nouveau bourg s'est rapproché de la propriété des Mazureau-Pichelin, devenue celle de Madame Allotte de La Fuye, poétesse et qui a fixé quelques bons souvenirs de jeunesse passée en cet ermitage.

Montagné on Montigné. Fut le logis des Le Ségaller, puis ensuite des Lejeune de Vanghéon qui y reçurent leur neveu, le célèbre peintre des oiseaux d'Amérique : Jacques Audubon dont la famille est originaire de Port-Launay en Couëron.

La Rigaudiére, gentilhommière malheureusement en ruines, car elle a du cachet, appartint successivement aux Le Petit du Boissouchard, puis aux Tardiveau de La Brécholière.

Les Touches en étroite relation avec Nort-sur-Erdre formaient un noyau de << patriotes » lequel s'opposait nettement aux « rebelles » de Ligné, Saint-Mars et Petit-Mars.

L'ancienne résidence d'été des Pichelin-Allotte de La Fuye est devenue par don, un des plus beaux hospices de la région. Très souvent dans le parc, le dimanche, se déroulent des fêtes qui contribuent à améliorer les menus de cette Maison de Repos toujours bien fleurie, bien entretenue et de bon accueil.

A. G.

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Saint-Mars-la-Jaille

et la Barre-David

 

Cinq ou six minutes après avoir quitté l'auibiance de Bonnaeuvre on gagne Versailles, pardon Saint-Mars-La-Jaille ! A dire vrai l'impression est royale lorsqu'on arrive au rond-point de plusieurs routes, face à la très belle grille du Parc de La Ferronays. La majesté des grands arbres, s'ajoute à celle (les bâtiments en demi cercle, et à la vastitude d'une pelouse et d'une pièce d'eau qu'encadrent des charmilles centenaires.

 droite, le regard s'arrête sur la chapelle qui fut desservie sous Louis XVI par l'abbé Charles Gaignard souvent cité; et sur une fuie de grand diamètre annonçant l'étendue du domaine, car à raison de 8 pigeons par hectares, on pouvait évaluer la superficie de la seigneurie d'alors, qui s'étendait sur 8 paroisses.

A gauche, du côté de la bibliothèque aux riches reliures, il faut lentement parcourir les charmilles qui taillées avec art représentent tout un cloître. Le recueillement s'impose sous les voûtes sylvestres.

L'ensemble forme un décor théâtral tout préparé pour l'audition de grands concerts classiques et pour manifestations « sons et lumières ».

La ville elle-même, de chaque côté de l'Erdre est un centre commercial et industriel actif.

Son jardin public bien conditionné provoque l'admiration des passants. Il jouxte la propriété de Ville-Jolie aux Letort qui est fort belle. L'usine Braud qui s'étage sur le coteau de la Champellière donne une allure coquette et laborieuse à la cité.

L'église possède un carillon produit par une douzaine de cloches, don récent de la municipalité et du maire.

Tout récemment un collège d'enseignement technique a été créé à l'école publique évitant ainsi à la jeunesse de s'en aller à Ancenis, Châteaubriant ou Nantes, ce qui rendra, au fur et à mesure de son développement, d'énormes services aux familles.

La piscine est elle-même grandement appréciée et figure au nombre des bonnes réalisations récentes dans les milieux ruraux.

Une société de pêche la Marsienne prospère le long de l'Erdre.

Et la ville a obtenu des armoiries qui se lisent ainsi: « d'or au lion léopardé de gueules, accompagné de 5 coquilles d'azur; au chef de gueules chargé d'un rameau d'olivier d'argent ». Soit un rappel des familles Ollivier et de La Jaille.

L'écusson est orné d'une couronne d'or à trois tours, de gerbes de blé et d'une roue dentée, avec une hermine sur le pendantif.

Dans le cadre de cette revue, on ne peut que rappeler à grands traits les étapes de la châtellenie de Saint-Mars, dont le siège était situé sur l'emplacement d'un camp Romain à Mars. Les titulaires : les Ollivier, La Jaille au XIII°, de La Porte, Maillé de La Tour-Landry, Gouffier, Bourigan du Pé d'Orvault et de Santo-Dominguo dont les héritiers furent les Ferron de La Ferronnays en 1713, vieille lignée de fauconniers, de brigadiers royaux.

Ils possédaient des a habitations » en SaintDomingue productrices de sucre et de café, qui furent brûlées comme les autres.

Pierre Ferron, seigneur de Saint-Mars épousa en 1722 Francoise Le Clerc; il mourut dans son château en 1753.

Leur fils aîné Pierre-Jacques leur succéda. Né en 1724, il était maréchal de camp en 1742 et obtint les faveurs de Louis XV et de Louis XVI. C'est lui qui fit construire un château au centre du parc dont il ne reste qu'une reproduction. La première pierre avec inscription et date 1769 est conservée dans le hall de la demeure de :Monsieur de Cossé Brissac, ainsi qu'une belle tapisserie des Gobelins << don du roi », offerte pour les bons services du maréchal de camp tant en France qu'aux Antilles.

Ce château-fantôme, endommagé pendant la Révolution fut réparé sous le Directoire et sa façade avec colonnes supportant une terrasse à balustrades, rappelait celle de la Bourse du côté de la place du Commerce.

On le démolit à l'époque romantique avec projet, toujours reculé, de le reconstruire. Une pièce d'eau le remplace et offre l'avantage de ne pas rompre l'harmonie des vastes lignes du paysage boisé.

Le général de La Ferronnays mourut en 1786, laissant comme successeur Pierre François 1757-1838 qui épousa Louise-Charlotte de Lostange souvent marraine dans les diverses paroisses de la seigneurie. L'abbé Charles Gaignard fut l'aumônier et l'ami des. châtelains, qui émigrèrent; une partie de leurs biens fut acquise par les Michaud, Terrier, Guitard, Gournay, Letort..., qui revendirent à Auguste de La Ferronnays, 1777-1842. Ce fut un personnage notable (de l'Histoire, ami de René de Chateaubriand et ministre des affaires étrangères sous Charles X. Nous donnons son portrait, page 35.

Ce fut ensuite Henri de La Ferronnays, 1842 à 1907, officier, conseiller général, maire et député.

Il laissait un fils Henri, mort récemment, député et longtemps président du Conseil général. Il avait épousé en 1906 mademoiselle de Kerjégu originaire de Trévarez, Finistère.

Actuellement les héritiers sont de Cossé- Brissac, conseiller général, et madame née de Guébriant, dont l'une des ancêtres joua comme diplomate en 1658-59 (traité des Pyrénées) un rôle important sous Louis XIV.

Maires : Jacques Letort en 1792, Mathurin Letort sous Napoléon 1er, Alexandre Letort, conseiller général, intelligent, actif, opposé aux Légitimistes, époux de Joséphine Bernard de La Durantais, de famille castelbriantaise.

A partir de 1884, la famille de La Ferronnaye reprend.

En 1960, après une visite à la Ville-Jolie, bel propriété en bordure de l'Erdre, M. Letort nous écrivit : << Mon grand-père Alexandre, 1801-1871, a été notaire, maire et conseiller général, jusqu'à lui du reste, presque tous les titulaires de la charge de premier magistrat ont été des Letort.

Mon arrière-grand-père Nicolas avait épousé une demoiselle Gobbé de Louisfert. Quand après son mariage, elle vint à Saint-Mars, ce fut par un important convoi de charrettes à boeufs que l'on amena sa personne, ses hardes et tous ses meubles. Plus loin, en arrière, je sais que mes ancêtres sont sortis de Saint-Sulpice-des-Landes ».

Un François Letort fut le premier maire de Saint-Sulpice-Barre- David, intéressante petite commune située au-delà du rideau de forêts si le versant nord d'Auverné. On peut admirer si cette pente : le manoir des Legouais (St-Sulpice)

Launay-Hosard, château à tourelles de La Pilo erie, héritiers des Dubreil du Châtelier.

La Petite Haie d'Auverné, aux du Boisgelin peu après la Révolution aux Le Roux-Dessau et Blancpain de Saint-Mars.

Ces trois demeures, très caractéristiques sont à visiter.

Usine Braud :

Saint-Mars-la-Jaille où se trouvent les Etablissements Braud est un chef-lieu de canton situé dans la vallée de l'Erdre et à la limite de la Loire-Atlantique.

« Venant d'Ancenis on est favorablement impressionné, en traversant une cité réservée aux cadres et à la maîtrise, de voir surgir au détour de la nationale 178 bis, un château d'eau sphérique peint en bleu qui domine fièrement l'usine Brand.

C'est ici que depuis 1898, une famille française, a édifié une entreprise dont les fabrications sans cesse perfectionnées et adaptées aux besoins de l'époque, sont destinées aux agriculteurs de toute l'Europe et au-delà.

Il s'agit d'un ensemble industriel des plus modernes, spécialisé dans la construction des moissonneuses - batteuses. Ces machines avant d'être lancées en 1955, ont demandé plus de six années d'études et de mise au point. Les Etablissements Braud peuvent être fiers d'être les seuls typiquement français à les fabriquer en grande série.

La « moissonneuse-batteuse Braud >> est de dimensions réduites, mais suffisamment puissante pour pouvoir absorber les plus fortes récoltes dans les conditions les plus difficiles.

Tour à tour, Alexandre Brand a lancé : les modèles :

- 2065 de 30 cv (20 à 25 quintaux à l'heure).
- 2580 de 50 cv (30 à 35 quintaux à l'heure).
- 105 de 3 mètres de coupe 70 cv (50 quintaux à l'heure).
- 405 pour la récolte du maïs.

Les prix varient de 2 à 5 millions.

Suivant les différents modèles en fabrication, 12 à 20 machines sortent de la chaîne chaque ,jour, au moment de la pleine productivité. On peut aisément conclure que l'Usine présente un potentiel élevé de fabrication, lui permettant de faire face à une demande sans cesse croissante.

Le « Marché Commun » n'est pas une appréhension pour les Etablissements Brand, au contraire, C'est là que les constructeurs français bien équipés et construisant du matériel de qualité, peuvent montrer qu'il est possible d'être au moins aussi compétitifs que la concurrence étrangère. D'ailleurs les exportations en Italie, Belgique, Hollande, Suisse, Danemark, Espagne et en Afrique le démontrent clairement.

L'usine emploie environ, sept cents ouvriers, qui animent l'ancienne cité féodale et participent à sa métamorphose.

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