Fresques médiévales à la Barre-David :

De Saint-Mars-la-Jaille, il convient de gagner, en direction de La Chapelle-Glain, la vieille église de la Barre-David, entourée d'un cimetière abandonné, très poétique.

Les peintures murales du XV° sont célèbres puisqu'on vient de les reproduire en partie au Palais de Chaillot (Paris). Les originaux seront conservés en la nouvelle église de .Saint-Sulpice.

L'édifice entier était orné de scènes illustrant (les épisodes empruntés à l'Ancien ou au Nouveau Testament.

On retrouve : Adam et Eve, la résurrection de Lazare. le marché de Judas, le Cène, la Fuite en Egypte, la crucifixion, l'adoration des saintes femmes...

Ces multiples tableaux, de même facture, demandaient pour leur conception et leur exécution toute une équipe. Les couvents et prieurés des alentours étaient : la Melleraye, Bonnoeuvre, Rochementru, les grands Suzerains voisins : Rohan de La Motte-Glain, et les Rieux d'Ancenis, les uns et les autres ont dû favoriser cette merveilleuse éclosion d'images, ce film en couleurs, destiné à instruire les foules rebelles à l'alphabet.

La pauvre vieille église au clocher et au coq rustiques, à la toiture tremblante, menace ruine. C'est par prudence que les fresques reproduites seront mises temporairement en la nouvelle église.

Le peintre Ferrand, de Nantes, a réalisé un « chemin de croix » qui s'harmonise fort bien avec les fresques du genre primitif.

Sur ce versant castelbriantais, au nord de la crête de forêts, et tout au long, en suivant la route de Saint-Sulpice au Grand Auverné, on peut admirer La Chapelle Saint-Clément, aux murs peints. Une famille de paysans de Cornillet, nous a gentiment. résumé l'histoire illustrée : «Trois frères Saint Clément patron de Saint-Sulpice, Saint Mandé (Trans), Saint Jouin (Moisdon), devenus puissants au ciel, veillent sur leurs paroissiens, et ils leur donnent pluie ou soleil quand, ensemble, on vient les invoquer en procession, avec bannières en tête. Ça y fait, nous y croyons ».

La Petite-Haie est une construction ancienne qu'on ne saurait trop recommandée. Ce bijou de manoir rustique, en miniature, garde son porche entre deux tours, le logis à gauche avec un curieux escalier protégé par un auvent, sa chapelle à droite, au fond de la cour d'honneur une ancienne fuie transformée en refuge à porcs, et jamais « sangliers domestiques » n'ont paru aussi heureux !

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La Petite-Haie en Grand-Auverné

Le tout dans un état de délabrement propre à engendrer des fictions, des résurrections. On se demande ce que diraient les Boisgelin de Cucé et de la Bretesche, en revenant dans cet ancien charmant rendez-vous de chasse et d'amour, en bordure de la forêt ?

Launay-Hasard, dont nous avons parlé à cause de Lucile de Châteaubriand venue y rêver en 1788, et de Jules Luette de La Pilorgerie qui y plaça une bonne reproduction de la chambre de Françoise de Foix, Comtesse de Châteaubriant, maîtresse de François 1er de 1515 à 1525 et dont la demoiselle d'honneur préférée, fut cette Viorelle souvent évoquée.

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Le château de Launay-Hasard

Au fond, puisque nous avons tout au long de ce numéro d'Annales, rencontré des personnages de tous les siècles, nous pouvons tout comme nous l'avons fait pour Clisson, dégager dans l'ordre, les principales fictions qui pourraient constituer un « Son et lumières », se déroulant soit aux châteaux de La Chauvelière, de Fontaine-Marie, ou de Saint-Mars-la-Jaille, au pays des pommiers en fleurs.

Film pour << son et lumières » :

Sur les bords de l'Erdre, voici cette tapisserie avec sa légende dorée; peut-être fut-elle commencée en charrette à boeufs, avant d'être continuée en auto !

Le chêne aux clous, tout près du Champ-Maurin, avec cérémonies druidiques, chants et récits.

La légende de Saint Laurent, autour du « chêne aux gros glands », protégeant les amours de Symon de La Meilleraie et de Vivelle, châtelaine de La Poitevinière.

Les séjours des deux Duchesses de Bretagne et de Rohan, à Teillé-Mouzeil.

La Dame de Vioreau en son vieux castel bordant l'étang. Cette demoiselle d'honneur de Frani,oise de Foix qui mourut jeune après une chasse royale par un froid subit et dont le souvenir plane au-dessus de l'étang et de la forêt de Vioreau.

Tous ces maréchaux de camp et amiraux : Cornulier, de Goyon, de La Guibourgère, de La Ferronnays, qui s'illustrèrent sous les derniers rois de France.

La romantique Lucile de Châteaubriand séjournant à Launay-Hasard (Auverné) en 1788 à l'occasion d'un mariage.

Les drames des deux cocardes et des deux clergés

Sophie Trébuchet et le capitaine Sigisbert Hugo.

Napoléon 1er, qui en voyage à Nantes, en 1808, avec l'Impératrice Joséphine des Antilles, rêve au canal de Nantes â Brest !

Le retour des moines de Melleray sous la Restauration, et la distribution de récompenses aux chefs Chouans; le voyage triomphal de la Duchesse de Berry reçue à l'Abbaye.

Le développement de l'agriculture avec la propagation de l'instruction et le progrès du machinisme.

Le déclin de la République, grâce aux Occupants.

Les distractions présentes : chasses, promenades, pêche aux étangs, courses de hors-bords, théâtre de la nature et terrains de sports.

Tels sont les principaux thèmes de fantaisie littéraire qui pourraient être exploités sous la devise locale : « Malgré qui qu'en grogne, cela fut et sera ». 

A. G. 

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L'abbé Yves Camaret

Réfractaire et maquisard, emprisonné et évadé, 1756-1831

 

L'abbé Yves Camaret naquit à Barzin, petit village d'Assérac le 2 décembre 1756, d'une famille de 10 ou 12 enfants - son père était paludier, de situation modeste car il fallait travailler durement pour élever toute cette marmaille. Tous les enfants devaient prendre part aux travaux du père.

Yves Camaret comme les autres dû parcourir sur l'étroite bande de terre des « oeillets » des salines, bien des allées et venues, pêcher des anguilles de vasières et... passer en fraude quelques sachets de sel au nez et à la barbe des gabelous du Roy.

Premières années d'écolier sous la direction du curé d'Assérac, puis très vite à Guérande à la Collégiale et de là à Vannes au Collège où il continua ses études. Dès cette époque, il se signale par son allant et son entrain. Son professeur de philosophie disait de lui : « Je ne connais que trois philosophes dignes de ce nom, Monsieur le Supérieur, Camaret et... moi », ce qui prouve qu'on peut être philosophe distingué et ne pas négliger le culte de sa personnalité ! 

Ordonné prêtre à 26 ans le 21 décembre 1782. Nommé vicaire à Fougeray, aujourd'hui Diocèse de Rennes mais à cette époque relevant du Diocèse de Nantes. Enfin, vers 1788, à la veille de la Révolution, il est vicaire à Saint-Etienne-de-Montluc.

Avant de pousser plus loin ce récit, il est bon de situer un peu le milieu où allait vivre l'abbé Yves Camaret pendant près de douze années : Dans le dernier quart du XVIII° siècle, les évêques avaient institué en France des Concours pour l'attribution des Cures, ce qui faisait que les curés devaient surtout leur nomination à leur seule valeur personnelle.

Le curé de Saint-Etienne-de-Montluc en 1788 était Missire Maisonneuve, enfant du pays, docteur en théologie qui fut député du Clergé du Diocèse aux Etats Généraux. « Il avait pour vicaire, nous conte l'abbé Mercier, curé de Mesquer, un prêtre au coeur de feu qui fut pendant la Révolution l'apôtre de Saint-Etienne ». Aux qualités de ses prédécesseurs, ajoute l'auteur, les notes intimes du vicaire Camaret, permettent d'apporter le témoignage incontestable de ses vertus sacerdotales. (Arch. Départ. L. 273). Missire Maisonneuve revint de sa mission à Paris profondément déçu et vivement peiné, car il avait compris que le déchaînement des passions allait entraîner le pays dans une lutte fratricide et sans merci. Il démissionne de son mandat peu après et par la suite s'exile en Angleterre.

Les événements se précipitent : 1790. Constitution civile du clergé. Serment civique imposé aux prêtres. Le Roi est contraint de la signer après deux refus. Le Pape la condamne à deux reprises. 1791 ,juin. Fuite du Roy, son retour à Paris.

Des mesures sévères sont réclamées contre les prêtres réfractaires. Camaret devient alors un farouche réfractaire. Il ne prend pas encore le maquis. En octobre 93 exécutions des Girondins. Camaret prend le maquis ! Il assure alors son ministère au hasard des gîtes de fortune. On le trouve un peu partout dans le pays « entre Loire et Vilaine » et dans son pays même dont il connaît parfaitement tous les sentiers. On le retrouve à Vannes où un bon Docteur de ses amis lui donne un certificat, pour prouver que sa santé l'a empêché de s'expatrier comme il en avait l'intention ! Un peu plus tard il est à Rieux où le Maire Perrin lui donne deux laisser-passer pour Nantes où sévit Carrier. Mais les dénonciations pleuvent de la part des curés intrus et des patriotes. Camaret commet alors une grave imprudence : il revient à Saint-Etienne-de-Montluc et trouve un refuge au château de La Biliais dans la famille Leloup. Dénoncé une fois de plus, il s'échappe de justesse. Ses protecteurs sont emprisonnés, jugés, condamnés à mort et exécutés à Nantes.

Il semble bien qu'alors Camaret « voit rouge » comme on dirait aujourd'hui. Il reprend le maquis et parcourt le pays, souvent accompagné de farouches gardes du corps, fournis surtout de jeunes qui se refusent à la conscription. Quelle vie dut être la sienne pendant plusieurs années ! Dénoncé, proscrit, arrêté, évadé du Sanitat de Nantes, grâce à la complicité d'un de ses anciens paroissiens de Saint-Etienne et des jardiniers nantais habitant autour de la Prison.
Yves Camaret recommence son existence errante mène une vie passionnante et combien dangereuse, va d'un hameau à un autre, baptisant, mariant, confessant, assistant les mourants, faisant le catéchisme aux enfants, vie débordante d'activité et de foi. Il profite des moments d'accalmie pour écrire ses méditations : une petite histoire de l'Egypte et un petit travail sur l'Espagne.

De retour à Saint-Etienne, il continue son oeuvre d'apostolat. Enfin, peu à peu, après bien des mauvais moments, même après le Concordat, Camaret a la joie de voir son ancien Curé Missire Maisonneuve revenir d'Angleterre et reprendre sa place à Saint-Etienne. On rapporte que ces deux prêtres restés fidèles eurent entre eux quelques dissentiments au sujet du Concordat que Camaret, regardait d'abord comme un acte schismatique. Il se tait cependant trop respectueux de l'autorité du Saint Siège qui avait approuvé cet acte, pour persévérer.

Il fut peu après nommé Curé de Montrelais où il a laissé un très précieux souvenir. En 1807, Monseigneur Duvoisin évêque de Nantes le place à la tête du Collège d'Ancenis, avec l'abbé Quignon, un de ses amis, comme adjoint. Les deux prêtres donnent à ce Collège un essor considérable, et le firent singulièrement prospérer. A tel point qu'en 1812 on offre à l'abbé Camaret la direction du Lycée de Nantes, qu'il refuse par modestie.

A la fin de la même année, on lui propose un évêché, honneur qu'il déclina pour la même raison au grand regret de son ami Monseigneur Duvoisin qui était en grande faveur à la Cour Impériale.

En 1818, après le retour des Bourbons, Yves Camaret demande et obtient d'être nommé Curé Prieur de Bonnoeuvre et son ami l'abbé Quignon le remplace à Ancenis.

C'est le calme, mais non le repos du sage; son activité trouve encore là à s'employer pour cet homme d'action, ce fut là que s'épanouirent les dualités de ce lutteur obstiné.

D'abord, la maison de Dieu : il fait refaire toute la charpente et tous les lambris, agrandit le choeur érigea trois autels et dota l'Eglise d'une belle cloche. Il visite tous ses paroissiens. Fonde un bureau de bienfaisance auquel il laissera quelques revenus. II aimait bien donner aux pauvres, mais il préférait encore mieux leur donner des outils et du travail. Educateur il ie fut en établissant une sorte d'école du soir et en appelant une institutrice remarquable.
I1 donne lui-même tous les jours des leçons de plain-chant, le midi aux enfants et le soir aux jeunes gens après leur travail. Il forma ainsi une chorale parfaitement organisée.
Il donnait aux offices de l'Eglise une certaine solennité. Il aimait à chanter, à la fin ces vêpres des cantiques du R. P. de Montfort et la belle voix (le ce bon vieillard avait quelque chose (le ravissant qui élevait vers Dieu. Pour combler les vides causés dans le clergé par la Révolution, il s'appliqua avec intelligence et dévouement à perpétuer le sacerdoce. (:'est lui qui forma un grand nombre de jeunes prêtres, pris non seulement dans sa paroisse, mais clans tous les environs et surtout dans sa famille. Nous connaissons au moins six ou sept de ses neveux ou parents Camaret ou Belliot qui ont consacré leur vie au sacerdoce.
Epuisé de travaux et comblé de mérites, l'abbé Camaret, Curé-Prieur, (le Bonnoeuvre fut rappelé à Dieu le 25 février 1831. Ses paroissiens lui érigèrent un tombeau, sur lequel était une plaque de marbre, aujourd'hui dans l'église de Bonnreuvre. L'inscription à demi effacée porte : « II fut le père des pauvres dans cette paroisse ».
(:e n'est pas sans émotion que ,j'ai fait plusieurs fois le voyage de Bonnaeuvre; ma prime enfance en effet a été bercée par les récits de ma bisaïeule et (le ma grand'mère maternelle originaires toutes les deux d'Assérac et parentes d'Yves Camaret. La famille faisait souvent, presque chaque année un pieux pèlerinage à Bonnoeuvre. Non sans mérite à l'époque, on partait alors de Barzin, de Pont d'Armes ou d'Assérac en voiture hypomobile, arrêt au Calvaire de Pont-Château, dévotions, puis première étape à Pont-Château. Après quoi en deux ou trois étapes on atteignait Bonnoeuvre - entre Riaillé et Sa int-Mars-la-Jaille On s'y arrêtait deux ,jours et on se retrouvait en famille.
Au cours d'un de ces voyages, ma grand'mère alors toute jeune fille et sa sueur Marie, la grand'mère de mon cousin André Guillou, actuellement Directeur des Beaux-Arts à Nantes, durent séjourner à Pont-Château - un accident étant survenu, un brancard cassé à la voiture -, les contraignit à demander asile au carrossier du pays qui était mon grand père (futur). La réparation fut un peu plus longue que prévu, l'hospitalité généreuse, bref on promit de se revoir... et c'est ainsi que mère-,grand épousa mon grand-père maternel. Toute la famille vit dans cette union une manifestation évidente de la sollicitude du « Tonton Camaret, Prieur de Bonnoeuvre ».
.l'ai revu depuis le vieux Prieuré de Bonnoeuvre, quelle délicieuse retraite ! La maison du Prieur touchant l'hglise est telle qu'elle fut au temps (le Yves Camaret. J'y ai revu des meubles qu'il a connus, ces armoires qu'il a ouvertes si souvent pour distribuer quelque obole. Sur le panneau (le l'une d'elles, une plaque de cuivre ronde sur laquelle en relief on lit : « Juridiction du Prieuré de Bonnoeuvre ». Au coeur de cette plaque, fort belle et en parfait état, un chapelet gravé en relief entourant un écusson portant des bandes horizontales sur lesquelles trois croissants armes du Prieuré - sans cloute, mais les trois croissants rappellent les armes des Coislin ou des (le La Guibourgère. Mes connaissances dans la science héraldique ne me permettent pas de conchire.
J'ai admiré aussi dans la grande salle, une slalue ancienne en bois polychrome, d'un évêque mitré, haute de 1 ni. 50 environ et qui m'a semblé dater au moins du xvirl s. représentant Saint Maimbrenf, saint, fort peu connu semble-t-il. Mais j'ai admiré surtout le minuscule ,jardin « de curé » que surplombe une terrasse, et tout en bas du coteau un minuscule ruisseau... l'Erdre tout proche de sa source ! Ce n'est point là l'orgueilleuse rivière des plaines de Mazerolles, e de Sucé ! Quel calme dans ce ,jardinet, que le Prieur Camaret dut souvent parcourir en lisant son bréviaire ou dans ses méditations quotidiennes.
Lui qui avait connu le règne de Louis XV, puis de Louis XVl, la Révolution, Le Directoire, le Consulat, l'Empire, Louis XVIII, Charles X et Louis Philippe... sic transit gloria mundi, devait méditer sur la fragilité et la vanité du monde, dans le calme retrouvé et la Paix profonde du Prieuré de Bonnaeuvre.
A. SARZAUD, pharmacien.

 

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Sophie Trébuchet, mère de Victor Hugo

au pays d'Auverné et de Riaillé

 

Nombreux sont les jeunes, de Riaillé comme d'Auverné, qui apprennent par coeur les ,jolies poésies de Victor Hugo, sans se douter que les ancêtres du génial écrivain ont vécu dans la région évoquée.

Ils avaient nom Trébuchet et ils étaient alliés à Riaillé, aux de Louvigné, Daniel du Mortier, Legouais, Bureau, Lemarié de La Marzelle et de La Dénetière, Gigault de La Giraudais, Robin, Cathelinais de La Mostière.

On retrouve leurs signatures assemblées aux pieds de certains actes de mariage et de naissance. Et tous les précités étaient Nantais et non point Vendéens.

Les amours du capitaine Sigisbert Hugo et de Sophie Trébuchet, commencées au Château d'Aux, en La Montagne, se continuèrent à Châteaubriant, Auverné et environs.

La Renaudière, cure actuelle du Petit-Auverné, qui vient d'être restaurée, fut jadis et jusqu'en 1830, le domaine de la famille Trébuchet. Ceux-ci, comme les Franco, Rocher, Delaunay, Picot, Laumaillé, étaient à l'origine des spécialistes dans les forges de fer, alors très prospères, de Riaillé, Moisdon, Sion, Joué, et ils allaient de l'une à l'autre.

Les Montmorency, les Condé, les Charost, étaient bien les seigneurs supérieurs, mais ils étaient représentés sur place par de hauts bourgeois : Ernoult de La Chênelière, Kolhault, Luette, de La Pilorgerie, du Breil du Châtelier, Harembert, Dauffy du Jarrier, Bernard du Treil, Lejeune du Chalonge, Lesire et Lerouge, Briquet (le La Grave, Auguste Garnier, Demangeat.

Peu à peu, au cours des générations, les Trébuchet, devenus hommes de loi, capitaines de navire, alliés avec les Lenormand du Buisson, les Daniel du Mortier, Bellet, Vavasseur, devenaient les égaux des précités qu'ils fréquentaient en amis.

C'était dans l'ensemble, un noyau de notables cultivés, suivant les idées des encyclopédistes, partisans de modifications apportées au vieux régime royal et comme tels, réformateurs et libéraux.

Le domaine de la Renaudiére comprenait en bordure du Nilan enserrant le jardin de l'ile : les métairies de Cantraie et de La Tannerie...

La famille Trébuchet qui avait essaimé de Châteaubriant à Nantes, aimait à revenir, aux beaux ,jours, au Petit-Auverné, berceau ancestral. Certes la paroisse n'était pas riche, car le schiste affleure trop fréquemment la surface du sol et rend difficile la culture; aussi dans ce milieu agricole on ne comptait guère qu'une classe plutôt misérable, et il n'y avait pour vivre bourgeoisement, que les Trébuchet, les Le Maignan, les Luette de La Pilorgerie, et le curé.

Ils se servaient plus volontiers de la diligence que du carrosse, mais tous pratiquaient l'équitation et ils aimaient à caracoler d'un bourg à l'autre sur leurs cavales. Les visites de logis à logis étaient plus fréquentes qu'on ne le croit, et les réunions de vacances se traduisaient par de plantureux et gais repas dont on gardait bon souvenir. La pêche et la chasse étaient fort à l'honneur. Les Trébuchet aimaient leur domaine et ils y revenaient aux beaux jours.

Survinrent : l'émigration, la vente des biens nationaux, la division entre le clergé constitutionnel et prêtres réfractaires, l'appel des chefs royalistes et la mobilisation des « patriotes enthousiasmés par la Marseillaise », et les autres par la « Chanson de Charette ».

On voyait dans une même famille voisine au château de La Bryais en Saint-Julien-de-Vouvantes, un Fresnais de Beaumont, chef royaliste, et son frère Fresnais de Lévin, chef bleu.

Les centres manufacturiers de Moisdon, de Riaillé où l'on fabriquait des boulets et où l'on fondait des armes blanches, furent constamment protégés par des Gardes Nationaux, des environs.

La « forge-neuve » des Condés, fut longtemps gardée par un Bataillon de la Mayenne, dont le commandant était Victor Fanneau de La Horie. Sophie Trébuchet le connut, l'apprécia, et elle ne devait plus jamais l'oublier.

Sophie Voltairienne, se maria civilement et aucun de ses trois fils ne fut baptisé.

Sophie Trébuchet, orpheline d'un capitaine de navire négrier, mort en mer, et d'une mère décédée jeune à Nantes, fut surtout élevée par son grand-père René Lenormand du Buisson, homme de loi très considéré à Nantes, d'esprit voltairien.

Il s'était par amour de la Patrie et par haine contre l'Anglais, enrôlé dès 1792 dans le « Bataillon des vétérans ». Il était membre actif des « Amis de la Constitution », et fut juge au Tribunal Révolutionnaire tout pendant la période tragique.

Il fut alors en relation avec tous les chefs républicains et en particulier avec Demangeat qui dirigeait l'usine d'Indret. Sophie l'accompagnait dans ses déplacements vers le Château d'Aux.
Après la chute de Robespierre, le grand-père Lenormand ,jugea prudent d'envoyer Sophie, née en 1772, chez sa tante Robin, demeurant rue de Couëré, à Châteaubriant. Elle était la veuve d'un notaire et comptait des amis dans les deux clans; elle était reçue dans tout le milieu bourgeois castelbriantais.

Un recensement nouvellement classé aux Archives Départementales (série L, supplément), précise que Sophie resta deux ans chez sa tante à Châteaubriant à partir de 94. Elle lassa donc là et aux environs, les années 95 et 96.

Le commandant Muscar et le capitaine Hugo qui avaient ,joué un rôle décisif au Château d'Aux. afin de protéger Indret et de soutenir l'action des « bateaux armés » qui parcouraient la Loire de Mindin à Ancenis, sous les ordres de Kléber et de Marceau, puis de Hoche furent envoyés en 1794 à Nozay , Riaillé et Châteaubriant, afin de purger les forêts, des « Rebelles » qui s'y étaient réfugiés.

A Nozay, ils saisirent « La Perdrix » et aux environs de Riaillé-Auverné, ils poursuivirent « Coeur de Lion » et « Coeur de roi » protégés par leurs fidèles. Mais la lutte avait fort heureusement perdu de son acuité. Un désir d'ordre dominait, on était las de Guerre Civile.

C'est durant ces années 94 à 96 que se déroulèrent surtout, les ardents amours de Sigisbert Hugo et de Sophie Trébuchet.

On sait que le long de la Chère, à l'ombre du donjon des Briand, nos amoureux firent de fréquentes promenades dont ils aimaient à se souvenir après leurs fiançailles à Nantes, et leur mariage à Paris. Le tout purement civil comme il a été dit. Quels liens Sophie Trébuchet garda-t-elle avec la Région ?

Son frère Joseph Trébuchet, Chef de division à la Préfecture à Nantes, continua presque seul avec son fils Adolphe, les visites à Auverné près de ses cousins Mathis, Vavasseur et Bellet restés aux forges de Moisdon et de Riaillé. La famille vendit le domaine de La Renaudière à l'abbé Thoreau en 1831, qui fit du logis, un beau presbytère.

Des trois frères Hugo : Abel, Eugène et Victor, c'est Abel qui donna quelques articles sur l'abbaye de Melleray, dans le « Conservateur Littéraire », premier ,journal de son frère Victor. Celui-ci publia néanmoins un beau poème sur le séjour de son ami le fils Berryer, à la dite abbaye en 1832.

Sophie Trébuchet et Volney, cousins :

Ce qu'il est utile de rappeler pour la région c'est que Volney, né Constantin Chassebaeuf (à Craon), devint par son mariage avec sa cousine Gigault (le La Giraudais, propriétaire sous l'Empire de deux belles métairies en La Barre-David (Saint-Sulpice), entre Auverné et Riaillé. Les Trébuchet et Volney étaient cousins par les Daniel du Mortier, les Gigault, Gaudin de Boisrobert, d'Espinoze. Ainsi s'explique comment Volney, comte et pair de France, et n'ayant pas d'enfant, avait conçu l'idée de léguer ses titres et biens à Victor Hugo. Mais Sophie Trébuchet et Volney - de même tendance idéologique et politique moururent dès 1821. La veuve de Volney, née Gigault de La Giraudais, transmit l'héritage aux Martin de La Baudinière (DrefPéac) et c'est chez eux qu'elle est morte.

Tels sont les souvenirs qui reviennent à l'esprit, lorsqu'on visite le domaine de La Renaudière et les environs d'Auverné et de Riaillé.

C'est petit à petit que les auteurs suivants abbés Dubois et Bourdeaut, puis Gaston Martin, Alfred Gernoux, et tout récemment le chanoine Venzac, ont pu établir scientifiquement, que Sophie Trébuchet n'était ni vendéenne ni royaliste, - très tolérante certes -, mais nettement Volneyrienne et Républicaine.


A. GERNOUX.

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Mémorial

 

Au début de ce chapitre, le palmarès de l'aristocratie apparaît particulièrement riche, le peuple avait besoin d'instruction, avant d'accéder à quelque célébrité.

Quant à la bourgeoisie, elle est bien représentée. On nous pardonnera de nombreux oublis, puis enfin, l'espace manque.

Les Cornulier. Cette famille a donné sous l'Ancien Régime : un évêque de Rennes, un maire de Nantes en 1569, et un abbé de Blanche-Couronne (Savenay) dont voici l'inscription sur la pierre tombale, « Ci-gît, missire Claude de Cornulier seigneur de Lucinière, abbé coxnmandataire de cette abbaye, décédé à 75 ans, le 6 juillet 1681 ».

L'amiral Alphonse Cornalier-Luciniére 1811-1886 se destina tout jeune à la marine. Il participa ,à la campagne de l'Algérie, prise de Bône et de Bougie; il était ami du général Lamoricière.

En 1868 il fut promu amiral et l'an d'après il commandait une escadre en Chine.

Nommé Gouverneur de la Cochinchine, il signa le traité qui délimitait le Siam et le Cambodge. Il fut ami de Le Myre de Villers et du jeune Auguste Pavie, de la Raimbaudière en Thourie (I.-et-V.).

A sa retraite en 1873, il fut élu maire de Nantes et ce fut le préfet Lavedan père de l'écrivain qui procéda à son installation.

Marié en 1838, avec demoiselle de la Tour-du-Pin, ils eurent quatre fils officiers dont deux généraux et l'un d'eux se distingua à la Bataillé de la Marne.

Ernest 1804-1893, frère des deux généraux a écrit : <<Dictionnaire des terres nobles, du Comté Nantais », puis « Généalogie des Cornulier » en deux gros volumes illustrés.

Il était membre du Comité de la Société Académique de Loire-Atlantique.

Adolphe Le Gualès de Mézaubran, est venu à Lucinière par mariage en 1884, avec Marie-Thérèse de Cornulier.

Depuis lors, trois générations de Le Gualès se sont intéressées au développement de l'agriculture dans le canton. Leurs armoiries sont : « de gueules à six coquilles d'argent, au croissant de même en abîme ». Leur nom se trouve à l'honneur dans les annales de la marine (St-Brieuc).

Spécialistes du cheval et de son élevage, ils ont soutenu largement les courses aux alentours.

Les Camus de La Guibourgère, ont donné un évêque de La Rochelle, 1590-1661. Ses armoiries sont dans la chapelle du château : « de sable au poisson d'argent, accompagné de quatre annelets de même, trois en chef et un en pointe ».

Louis Camus 1747 â 1794, était fils de Camus Pontcarré de Viarmes, Intendant de Bretagne et de Françoise de la Guibourgère.

Entré dans la magistrature, il fut conseiller au Parlement de Paris. Incarcéré en 1793, il fut exécuté en 1794.

Son fils Alexandre, 1792-1853 fit son droit sois la direction de Berryer père. Sous la Restauration il rentra à Teillé, fut élu maire, puis conseiller général.

Député en 1848, il siégea avec les Légitimistes, et au Coup d'Etat de 1851, il rentra à la Guibourgère où il est mort.

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Charles Gaignard, abbé, naquit à Bonnceuvre en 1735, fils de René et de Cottineau Suzanne. Vicaire à Bonnoeuvre et à Riaillé, il consacrait tous ses loisirs aux beaux-arts. Nommé professeur air collège d'Ancenis, il se créa une riche bibliothèque, Poète, musicien, dessinateur, il était souvent appelé au château des La Ferronnays.

En 1786, il raconta et publia son « Voyage en ballon ». Fatigué, il se retira comme aumônier au château de St-Mars. A la Révolution, il gagna l'Espagne et mourut à Santander en 1801. Il laissait plusieurs oeuvres inédites; le prieur Leroux de Bonnaeuvre les rassembla et les remit au R. P. abbé de l'Abbaye. Le libraire Guéraud de Nantes, voulut les publier en 1853, mais il ne trouva rien.

Saulnier de Beauregard, 1764-1839, fut abbé de la Trappe de Melleray sous le nom de :Dom  Antoine.
Il joua, au point de vue agricole, un rôle semblable à celui de Jules Rieffel directeur de l'Ecole de Grandjouan.

Il naquit à Joigny, fils d'un avocat. Docteur en théologie et chanoine de Sens, à la Révolution, il émigra en Angleterre où il se consacra à l'agriculture.

Il rentra en 1817. C'est lui qui prononça en la cathédrale de Nantes, en 1820, l'éloge funèbre du duc de Berry, ami d'Auguste de La Ferronnays.

En 1828, la duchesse de Berry visita l'abbaye, elle était en compagnie de la comtesse du Boispéan, de la baronne de Vanssay, de la marquise de Podenas et de la duchesse de Reggio. Elle fit halte au bourg de Joué, et de Nort elle se rendit par bateau, à la Gascherie, puis à Nantes.

Jules de La Pilorgerie, 1803-1881. I1 fut le Guépin de la partie nord du Département. On le surnommait le « père du peuple » à cause de ses oboles et de son dévoument. Maire de Châteaubriant, sous-préfet, il fut ami de Robineau de la Rochequairie et du duc d'Aumale.

Il a publié : Compagnes de Charles VIII en Italie, - Anne de Bretagne, - Les soirées au château de Kérilis, sous la signature de Jules de Launay-Overney (Auverné). Il connaissait Victor Hugo. Jules de la Pilorgerie. ancêtre des Saint-Amand, se plaisait en sa propriété de Launay-Hasard, qu'il modifia et embellit; il fit reproduire en la grand' salle, les très belles boiseries de la chambre de Françoise de Foix, dame de Châteaubriant.

Les belles avenues de la futaie, vers la Boulière, encore bordées de vieux châtaigniers tortueux, gardent une mystérieuse allure romantique, et l'on imagine bien Lucile de Chateaubriand, soeur de René, s'y promenant en 1788, lors du mariage d'un Le Pays de la Biboisière (Fougères) avec une Luette de la Pilorgerie. Elle a signé sur le contrat : Lucile comtesse de Chateaubriand.

François-Xavier Demangeat, 1798-1868. D'une famille de maître de forges, de l'Est, il resta très longtemps directeur des manufactures de la Provôtière et de la Poitevinière (Riaillé).

Sa famille était en outre propriétaire en Moisdon, la Hunaudière, et .La Montagne (manufactures ferroviaires).

Dans un inédit de la famille Sarradin de Nantes, on lit : « Pierre Sarradin, mon père, était capitaine d'un Bataillon de Nantes en juin 93; il était en outre membre du District, c'est lui qui fut chargé de remettre les clefs d'Indret aux messieurs Demangeat qui venaient d'en obtenir la direction par l'entremise de leur parent Rewbel, conventionnel et Alsacien.

Je les ai beaucoup connus, ils étaient très honorables et ils se sont toujours rappelé la part que mon père avait prise à leur entrée en fonction. C'est l'un des deux frères qui a fondé la Persagotière ».

Les Demangeat comptent plusieurs juristes et magistrats éminents. Leur rôle à Indret fut celui de « patriotes » ardents et convaincus.

Monnier François-Pierre-Urbain, 1769 à 1846. Par le général de Cossé Brissac, chef du service historique de l'Armée, oncle de M. de Cossé Brissac de St-Mars-la-Jaille, nous avons obtenu les états de service de ce grognard, nommé sous-lieutenant en 1814 lors de la Campagne de France.

Il était entré au 17° d'Infanterie en 1805. Caporal en juillet 1806, il était à Wagram en 1807, puis ensuite en Espagne et en Portugal.

Sergent en 1811 et sergent major en 1813, il fut fait sous-lieutenant le 25 janvier 1814.

Chanoine Pierre Doussin, 1814-1901. Né à Vertou à la Ville-au-Blanc, d'une famille d'artisans. Nommé à Teillé en 1848, il y resta 53 ans. Lui sont dus : l'église, la « Congrégation de la Ste Famille » qui assure la bonne marche de l'hospice de Teillé, et pour être complètement informé, il faut lire l'ouvrage de 225 pages que lui a consacré son compatriote, le chanoine Eriau en 1936. Ce dernier né à Teillé a écrit la vie de mademoiselle de La Vallière, la Madeleine française.

Stéphane Leduc, 1853 à 1923, fut avec le docteur Rappin un précurseur; ils se préoccupaient déjà des antibiotiques et de la guérison du cancer.

Stéphane Leduc aimait à se reposer en ce village familial, tout près de l'Abbaye de Melleray, dans le logis qu'occupe actuellement son neveu, le sympathique professeur de gymnastique André Ollivier dont l'attitude fut si belle durant l'Occupation. Son frère Marcel Ollivier, ancien instituteur, est officier supérieur.

Les Bureau. Ils occupent l'ancien domaine des Rousseau de la Meilleraie, sur la rive nord de l'étang de la Provôtière.

Edouard, 1830-1918, naturaliste botaniste a publié de très nombreuses études. Fils de Marcelin et de Louise Rozier.

Ces derniers comme les Bureau appartenaient au négoce nantais, alliés aux Colas, Belloc, Desloges, Richeux, Bournichon, Chanceaulnes, tous citoyens zélés, et ardents défenseurs de la cité nantaise en juin 93.

On remarque au grand salon les portraits à l'huile des précités, en costumes Directoire, Louis XV et Louis XIV; Madame Bureau née Hersart de la Villemarqué (petite-fille de l'auteur du Barzaz-Breiz), sait magnifiquement commenter le tout.

-  Voici, dit-elle, la légion d'honneur du savant professeur du Muséum de Paris puis l'épée de ce membre de l'Institut, avec toutes ses décorations étrangères.

Edouard Bureau avait épousé la fille du directeur des fours à chaux de Copchoux, Adolphe Decroix, sénateur et conseiller général, mort en 1895. On quitte à regret la bibliothèque, les portraits, et tous les souvenirs soigneusement conservés; il s'en dégage une belle leçon en images, sur des célébrités issues d'un milieu dynamique, très travailleur.

Louis Bureau, 1847-1936, frère du précédent fit ses études médicales à Nantes et à Rennes. Quant survint la guerre de 1870, il fut mobilisé dans le 1er Bataillon de la Garde Mobile de Nantes, commandé par Georges Ginoux-Defermon. - Madame Baudouin nous a précisé:

« En 1877 il est nommé chef des travaux anatomiques à l'Ecole de Médecine de Nantes, et trois ans après, professeur d'Histoire Naturelle.

En 1882 c'est à lui que la Municipalité nantaise fait appel pour la direction du Muséum d'Histoire Naturelle, poste qu'il occupa 38 ans.

Passionné pour l'étude de la nature, il avait fait de nombreux voyages et de chacun il avait rapporté des pièces ornithologiques qui font aujourd'hui la richesse du Musée. Ses travaux ont fait autorité et tout spécialement son étude sur l'âge des perdrix ».

Lors du Congrès pour l'avancement des sciences ci Nantes, en 1898, il publia une étude magistrale, de 400 pages sur la Géologie du Département. Il fut l'un des orateurs les plus écoutés.

Il avait fait construire en 1895 le logis de la Provôtiére, sur le terrain familial. L'architecte Lagaurie en fit les plans, et la propriété devint le rendez-vous de vacances du docteur Maurice Bureau, de son frère Etienne et de ses neveux. A sa mort à 90 ans en 1936, la propriété passa à son neveu Julien Bureau.

L'autre frère Léon, grand industriel, 1837-1900, tout en consacrant sa vie aux intérêts de Nantes et de la marine marchande, n'était pas moins très cultivé; il a donné dans les revues, des comptes rendus sur le Barzaz-Breiz et ,justement défendu l'oeuvre romantique de Théodore H. de la Villemarqué (1815-1895) dont on reparle beaucoup en ce moment, à l'occasion de la thèse du professeur Gourvil; un beau portrait de ce breton éminent frappe en arrivant dans le hall du manoir de la Meilleraie, il est tout près du médaillon de Léon Bureau, oeuvre de Goguet de Boishéraud. Voir le château de la Meilleraie, page 30.

Les deux oasis des Bureau en lisière de l'étang de la Provotière font revivre de belles pages nantaises.

Les Ferron de La Ferronnays. En 1735, naquit à St-,Mars-la-Jaille, Jules-Basile de La Ferronnays qui devint évêque de St-Brieuc, Bayonne, Lisieux, et mourut en exil, à Munich en 1799; il fit montre partout d'une inlassable charité.

Pierre-Jacques de La Ferronnays, 1724 à 1786, fut comme son père maréchal de camp. C'est lui qui fit reconstruire le château de St-Mars en 1769, sur les plans de l'abbé Charles Gaignard, de Bonnoeuvre, principal du collège religieux d'Ancenis.

Son fils, marquis de la Ferronnays, 1757-1838, épousa en 1784 Louise-Charlotte de Lostange, dame d'honneur de la Cour sous Louis XVI, amie de la duchesse de Tourzel-Charost.

Quant au Ministre de Charles X, Auguste de La Ferronnays, 1777-1842, ambassadeur à Rome, époux d'Albertine de Monisoreau, nous donnons son portrait. Il fut ami de René Chateaubriand et il existerait en des caisses inexplorées, des lettres échangées entre ces deux personnalités éminentes.

Il est question du ministre de la Restauration dans les « Mémoires de Madame de La Ferronnays », qui vont de 1815 à 1883.

A l'époque romantique vécurent trois soeurs de La Ferronnays, sentimentales et mystiques. L'une d'elles Pauline devenue madame Craven, 1808 à 1890, a écrit un très beau livre « Récit d'une sceur », publié en 1866, considéré alors comme un contrepoids de la Vie de Jésus (Renon) et dans lequel Olga et Eugénie jouent un grand rôle. L'une d'elles madame de Mun a inspiré en partie, l'orientation sociale économique et politique des apôtres chrétiens modernes.

En 1957, madame Marguerite Savigny-Vesco, avant fait plusieurs séjours au château de StMars, a écrit « Fresque romantique, les de La Ferronnays », ouvrage bien illustré, chargé de poésie.

Henri de La Ferronnays, 1876-1946, époux de demoiselle Kerjégu, de Trévarez, a été Président du Conseil Général, et Député. Sa vie a été retracée par Jean Le Cour-Grandmaison aux éditions Siloé (Paris). Le marquis et la marquise ont prêté leur parc pour de nombreux concours agricoles; il y entretenaient des massifs de fleurs de toute beauté.

Victor Suteau, 1872-1939. Ce disciple de Marc Sangnier, reste l'un des principaux bienfaiteurs de Riaillé. Fondateur du Syndicat agricole local en 1907, il développa la Caisse rurale de crédit et orienta ses semblables vers l'esprit de coopération. Fondateur de la « Société de pêche », il orienta vers les fêtes diverses capables de mettre sa belle région en relief.

Enfin, il prit l'initiative d'une Maison hospitalière aujourd'hui réalisée, en belle situation, près de l'Hôtel de Ville. Il sut susciter des dons et trouver une main d'oeuvre gratuite en donnant l'exemple.

Son dévouement, sa bonne humeur, son amabilité ont fait l'admiration de tous.

Le chanoine Théon. Professeur d'allemand à Saint-Stanislas, fut aumônier de la prison de Nantes, il devint l'intime des sacrifiés du 21 octobre 1941. Fortement impressionné et même commotionné, il ne tarda pas à succomber.

Famille du docteur Albert Delaunay. Comme celle des Trébuchet, Leussier, Charles Babot, Laumaillé, Daufy du Jarrier, Palierne..., c'est aux « forges » que l'on retrouve les bases de leur ascension; l'instruction y était appréciée.

Les Delaunay, spécialistes des fourneaux de La Forge-neuve, la Provôtière et la Vallée (Joué) s'allièrent aux Picot, Colazet, Franco, Ernoul... et les descendants sont devenus Receveur d'enregistrement, notaires, médecins, puis sont restés propriétaires dans la région.

Le docteur Albert Delaunay, de l'Institut Pasteur, gendre du docteur Ramon, a écrit entre autres : Journal d'un biologiste, - Jean Rostand, - L'Institut Pasteur des origines à nos jours... Ses conférences sont remarquables. Il est resté très attaché au secteur étudié.

Un autre écrivain de la région : Paul Guimard romancier est natif de St-Mars-la-Jaille. Il a publié : « Rue du Hâvre - Faux frères - Ironie du sort... ». C'est à l'Ouest-France (Nantes) qu'il débuta.

Emile Lainé, 1891 à 1960. Un texte d'Eloi Guitteny rappelle bien la bonne physionomie si attachante, .de ce « barde » forgeron qui aux heures libres venait aux Archives Départementales puiser aux sources du passé.

« En 1960, la veille de la Toussaint, une mort brutale, nous a ravi cet homme charmant, ce modeste qui cachait sous des apparences simples, une belle intelligence et un grand coeur.
Il faisait des infidélités à son enclume en troquant le marteau contre la plume. Il avait une haute idée de ses devoirs familiaux et professionnels, mais tout cela ne l'empêchait pas de participer à la vie de l'esprit.

C'est par un beau poème, publié en 1942, dans la « Voix de la Forge >, que je le connus. Souventefois ensuite, nous nous sommes rencontrés : nos métiers et nos goûts nous inclinaient l'un vers l'autre.

Vivant, il aurait écrit une très belle page dans ce numéro des Annales. Il avait fouillé consciencieusement dans les archives notariales des environs. Le 16 novembre 1959 il m'écrivait : J'aimerais faire une étude sur les Langueurs, pour la présenter à la Société Académique, mais en aurais-je le temps ? » .

Le docteur Guépin, 1505-1873. Cette étude sur l'une de nos célébrités, très populaire, vaut à son auteur Guy Frambourg, professeur, le titre de docteur ès lettres.

Toute la vie, toute l'action et toute la pensée du bon docteur Ange Guépin se trouvent condensées en cet ouvrage, tiré seulement à 300 exemplaires et qui deviendra rarissime comme l'est << L'Histoire de Nantes » de Guépin.

Le lecteur mesurera avec plaisir l'influence étendue et profonde de Guépin; il a laissé un héritage spirituel immense. Son nom entre dans la galerie nantaise : Cambronne, Laënnec, Guépin, Jules Verne, Aristide Briand.

Pierre Baudrier n'est plus. Survenue brusquement, la mort de l'artiste peintre cause un grand vide dans le milieu nantais, accoutumé à voir chaque jour place Royale et au Centre, la bonne figure barbue et souriante de ce Nantais populaire, gai, spirituel, ayant toujours le mot pour rire et enthousiasmer. A 80 ans, il restait très jeune d'allure et de coeur.

Illustrateur de talent, peintre des fleurs, des paysages de, Loire et de la Côte d'Amour, excellent portraitiste... L'atelier de Pierre Baudrier reste heureusement garni de bons tableaux qu'il ne voulait pas vendre et qui sont dignes d'entrer au beau Musée de sa ville.

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