RIAILLÉ

 

Dans le cours supérieur de l'Erdre : St-Mars-la-Jaille, Riaillé et Joué, occupent une place de choix, sur l'artère Paris-La Baule.

Pour bien apprécier l'ensemble de Riaillé, il faut dépasser la Benâte et monter vers le moulin Coquereau à St-Ouen. De ce point culminant on découvre tout un vaste et magnifique paysage la vallée est large et fertile; Riaillé s'étale juste en face d'est en ouest avec au centre son imposante église à laquelle il ne manque plus que les deux flèches; on distingue à gauche l'hôpital, la mairie, la gendarmerie et à droite le cimetière, la Cour du Bois.

Au-dessus c'est Notre-Dame de Riaillé puis la scierie... Et dans le lointain le fond du tableau est constitué par les forêts de Vioreau, d'Ancenis, de Saint-Mars qui cachent et abritent les étangs de la Provotière et de Poitevinière.

Le tout assure à ce chef-lieu de canton une profonde originalité et une réelle valeur artistique et touristique.

Riaillé garde ses deux moulins à eau : la Poitevinière et la Bénate, puis ses deux moulins à vent : St-Ouen et la Meilleraie, lesquels hélas ne moulinent plus ! Saint-Ouen fut la terre noble des Trébuchet.

Riaillé, nous l'avons dit, fut une contrée de forges antiques et l'on retrouve des lieux-dits aux noms évocateurs : ferrières, terres rouges, châteliers, verreries; puis çà et là des amas de scories, des « sorgnes ». La Poitevinière et la Provotiére constituèrent une véritable ruche ouvrière, dirigée par un Maître de forge.

A l'époque féodale naquirent plusieurs fondations pieuses : Saint-Laurent, de la Poiteviniére, avec un oratoire dans la forêt, tout prés d'un gros chêne creux, aux glands parfumés, Saint-Jacques du Bourg-Chevreuil qui eut son cimetière, Saint-Louis, et surtout Saint-Clément tout puissant, entre les forêts d'Ancenis et de Saint-Mars; ce fut un lieu de pèlerinage réputé pour obtenir pluie ou soleil. On y venait à pied de Pannecé, Moisdon et Trans. A l'arrivée, les étendards se saluaient fraternelement en se touchant une fois d'un côté, une fois-de l'autre : c'était le << baiser des bannières » et tout le peuple s'agenouillait et priait.

Le chêne aux gros glands :

Toute une légende s'attache à l'oratoire de Saint-Laurent, en la forêt de la Poitevinière.

Un seigneur jeune et beau, le chevalier Symon de Vouvantes, ayant remarqué et admiré une jeune fille qui se baignait régulièrement en l'étang de la Poitevinière, désira s'en approcher, mais elle filait chaque fois comme une anguille vers l'île.

Il revint aux mêmes heures plusieurs fois, et toujours la sirène regagnait prestement son refuge boisé.

Il chantait, sifflait désespérément pour l'appeler et la séduire.

Il invoqua saint Laurent son patron, qui lui promit d'intervenir près de la jeune Viviane, sorte de druidesse de la forêt, prénommée Vivelle.

Le chevalier amoureux, construisit de ses mains, un petit ermitage qui s'appuyait à un gros chêne creux dit le « chêne aux gros glands », ou « chêne aux sangliers » car ceux-ci en étaient très friands.

De temps à autre, il apercevait dans l'île mystérieuse, la silhouette de son rêve et il appelait, en vain.

Le Saint servit d'agent de liaison et à chaque réponse de Vivelle, de moins en moins sauvage, la joie du chevalier augmentait, et s'exprimait dans son ermitage, par des chants d'espoir progressifs. Il ne se doutait pas, que la Belle l'entendait et suivait même tous les battements de son coeur.

En effet, le chêne aux glands parfumés était creux, et un souterrain le reliait à l'île; les ancêtres l'avaient ainsi réalisé pour atteindre les sangliers à l'arbalète.

Le saint unit nos deux amoureux, qui s'en allèrent heureux, habiter le vieux manoir (de la Meilleraie, domaine des Symon de Vouvantes, sans délaisser jamais l'oratoire dédié à Saint-Laurent en la forêt de la Poitevinière.

Il importe de préciser que le grand château de la Forêt, dit d'Ancenis-les-Bois, - ne date que de 1875. Auparavant c'était la simple gentilhommière à tourelle, des ancêtres de Vivelle.

Des différents châteaux de Riaillé, il reste peu de choses. 

De Saint-Ouen, on ne voit plus qu'une salle voûtée, et çà et là des traces de murailles, puis un tertre qui sert de belvédère pour admirer Riaillé. La « Motte » de St-Ouen dut continuer de primitives fortifications romaines destinées à défendre la vallée.

La Piardière, le château était situé comme le Rocher, sur une crête dominant la vallée de l'Erdre. Les seigneurs furent les de Lavau alliés aux Boutillier de la Ménardière Lorette de La Refoulais puis les du Bouëxic qui possédaient en même temps la Cour du Bois et devinrent au XVIII°, les seigneurs supérieurs et pré-éminenciers de Riaillé.

De la Piardière, transformée en deux fermes, il reste une chapelle, un puits ovale, un pavillon, et les portails des avenues, celle du centre conduisait à l'étang qui subsiste.

Les du Bouëxic de la Driennaye possédaient Caratel en Louisfert qu'ils vendirent en 1823. Ils habitèrent la Piardière jusqu'en 1850, laissant le souvenir de vaillants capitaines de vaisseaux, des ports de Nantes et de St-Malo.

Sur une pierre de tuffeau de la première ferme de la Piardière, existe un texte en latin avec des abréviations; il a donné lieu à de curieuses interprétations.

L'une disait qu'en récompensa des victoires en Espagne du seigneur du lieu, le roi .Louis XIV lui avait donné la Piardière.

L'autre, qu'au cours d'un pèlerinage en Espagne sous Louis XIV, le dit seigneur officier de marine fit naufrage et qu'il avait trouvé asile aux villes citées dans le texte. Le tout rappelant bien d'ailleurs, des faits et gestes vrais.

En réalité, il s'agit de la bénédiction de la chapelle dont il ne reste qu'un retable, une croix en pierre, un bénitier, et il faut lire :

Sous le règne du roi chrétien, triomphant, Louis XIV, la paix avec l'Espagne a été concédée. En août 1659 (date du traité des Pyrénées) René Valin, aumônier du roi, chanoine de l'église de Nantes, puis de Sammarcolles (Vienne), de Caunes, Froidemont et Cluzeau, a posé cette pierre. »
Au-dessous ont été gravées les armoiries des du Bouéxic-Lavau : sur fond d'argent, un chevron de gueules avec trois pommes de pin de sinople.

La Meilleraie-Bureau, passa des Symon de Vouvantes, aux Rousseau de la Meilleraie dont on rappelle encore les principaux faits et gestes, officiers de marine, chefs royalistes, chasseurs de loups; les châtelaines voyageaient en charrettes à boeufs, brodaient ou faisaient de la tapisserie représentant des scènes de chasse.

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Maison du garde de la Meilleraie

 

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Château de la Meilleraie

Les armateurs Bureau de Nantes ont augmenté le logis d'un pavillon qui fait face à une pièce d'eau entourée de très vieux chênes.

La Cour du Bois. On remarque en arrivant un étang et des douves, les traces de jardins et d'une chapelle; le logis à un étage subsiste, mais le tout très modifié.

Les du Bouëxic demeuraient de préférence à la Piardière, çt leurs fonctionnaires de justice siégeaient à la Cour du Bois.

On y trouve de génération en génération, les nobles maîtres Cholet, alliés aux Trébuchet, Luneau, Louvigné et Daniel du Mortier.

Le manoir de la Forge, devant l'étang de la Provotière avec ses quatre tourelles avait grand air. Il fut à l'origine la propriété des Le Ségaller, puis celle des Maîtres de forge, la famille Huard l'habite.

Tout autour de ces juridictions seigneuriales gravitaient des bourgeois très cultivés, dont plusieurs accédaient à la noblesse par la charge de Conseiller du Roi, citons : les Lemarié de la Dannetière et de la Marzelle, les Bureau et les Daniel, les Cathelinais de la Morinais, les Poullain, Potin et Popin, les Guitard de la Richardière, Mélusseau, les Heurteloup du Vivier, Dominique Gicqueau, Bouchet, Lebec, Huguenin, Le Tort, du Breil du Châtelier et J.-B. Harembert.

Cette bourgeoisie Riailléenne s'augmentait encore, des directeurs de forges et de leur entourage immédiat.

Voici les maîtres de forge successifs : Gabriel Briquet de la Grave, Auguste Garnier, Kolhaut, Meslin Demangeat dès 1805.

Et voici leurs ingénieurs : Trébuchet, Bellet, Luneau, Lemaître, Vavasseur, Franco, Delaunay, Laumaillé, Hugé, Hogrel...

De ce milieu, où l'émulation était grande, sont sortis des capitaines de navires : Lemarié. Jacques Poullain, Adrien -Doutreau, Jean Guérin, Jean Monnier.

puis des capitaines de navires : Jean-François Trébuchet père de Sophie, Sagory, Lebesque.
En enfin des maîtres en chirurgie : Louvigné Galpin, Boudin, Lemarié.

On retrouve souvent ces Lemarié issus surtout de St-Sulpice-Barre David, tout comme les Gigault, Legeard, Guimard Legouais et Dubreil du Châtelier, Luette de la Pilorgerie.

En 1789, le Cahier de Doléances est signé par Lemarié, Auguste Garnier, Cholet, Pontier. Il demande la suppression des corvées sur les grands chemins, l'égalité devant l'impôt, l'abolition des justices seigneuriales, le droit de propriété complet reconnu aux paysans. La suppression du privilège des garennes et des fuies à pigeons, avec le droit pour chacun de chasser sur ses terres. Tels sont les thèmes essentiels auxquels tenaient les « hommes de 89 ».

Les citoyens élus en 1790 avant la Fête de la Fédération, joyeusement célébrée à Riaillé, furent pour le canton : Garnier directeur des Forges, Mazureau avocat, Guitard avocat, Cholet avocat, Lemarié, Jean Gonthière, Estafel, Bourgeois, Huguenin.

On n'eut aucune peine à créer une Garde Nationale républicaine.

Après la vente des bénéfices ecclésiastiques, les bagarres commencèrent. Le 20 septembre 1792, Abraham Lemarié commandant de la Garde Nationale fut tué.

Sitôt la Levée en masse de mars 93, il y eut d'autres victimes « patriotes » : Louis Lemarié, Guillet, Melchior, Kolhault, Roselin.

Les Rebelles ou Chouans, bien organisés et armés, étaient cachés dans les forêts, où ils suivaient les messes en plein air.

Le plus grand massacre se produisit aux journées sanglantes de la mi-avril 1794. Ce fut dramatique. 28 citoyens furent assassinés dont trois gendarmes, un officier de santé, et des gardes nationaux. Leurs noms et l'âge sont portés à l'état civil. Ils étaient tous mariés et laissaient de nombreux orphelins.

La douleur fut grande, et longtemps après on rappelle cet horrible massacre dans les différents rapports du Consulat et du Directoire.

Joseph-Clément Lemarié, 45 ans, frère d'une victime, se retira à Châteaubriant où il fut en relation avec Sophie Trébuchet, Volney et les Daniel du Mortier.

Les fonctionnaires du Canton quittèrent Riaillé, trop près des forêts pour s'installer à Joué où ils étaient mieux protégés par la troupe régulière qui occupait la Chauvelière et Lucinière.

Ce fut un Lemarié de la Dénetière qui en 1796, en relation avec Hoche, reçut les soumissions de plusieurs chefs « rebelles ». Le général Alexislain, Potin et Popin, les Guitard de la Richardière, Mélusseau, les Heurteloup du Vivier, Dominique Gicqueau, Bouchet, Lebec, Huguenin, Le Tort, du Breil du Châtelier et J.-B. Harembert.

Il écrit le 25 juin 94, que, les Brigands ont assailli Riaillé, qu'ils ont fait des victimes, et ont en partie détruit les forges de l'Etat, coupé les soufflets et pillé la Poitevinière et la Provotière.

Plusieurs familles de patriotes vinrent se réfugier à Nantes. Charlery à Riaillé, puis Muscar et Sigisbert Hugo à Châteaubriant, furent en constante relation pour leurs opérations militaires contre la Chouannerie.

Les rapports d'André Mazureau et de Charles Leconte successivement Commissaires du Canton donnent des précisions. Une gendarmerie fut créée à Joué dans l'ancien presbytère de Thélot, une autre à Teillé dans le bourg.

Voici des notes (de la série L 32.5), sur les Rebelles : - Gourlet Pierre, promu général par ses fidèles a pour secrétaire l'abbé Verger; ils sont les agents de l'émigré Ferron de la Ferronnays.

Juston, beau-frère de Gourlet, habite le château de la Rivière en Pannecé. Tous les trois sont en relation avec les deux sueurs Merlaud de la Guibloterie (en Trans, Montfrilloux) lesquelles cachent des prêtres réfractaires. Leur père était capitaine de cavalerie dans l'armée royale et leurs deux oncles chanoines à Nantes.

Le Ray, notaire au bourg de Bonnoeuvre, émissaire des chefs précités.

Sont capitaines de chouannerie : Leduc pour Trans, Joseph Thélot pour Joué, Hamon de Pannecé dit « Marie-Jeanne ».

Un certain « Grand-Louis » n'est pas du pays, mais il y répand la terreur avec sa bande de « brûleurs de pieds ». Le citoyen Pierre Claude de Riaillé a été ligoté et tenu les pieds nus sur une pierre à galettes chaude, ainsi que ses deux nièces.

1799. L'agitation royaliste redevient forte; les arbres de la Liberté sont coupés et des impositions sont faites au nom du Roi, par les chefs Chouans qui ont menacé de mort Mazureau et Leconte.

Retour au calme :

Bonaparte après le 18 brumaire, obtiendra peu à peu le retour à l'ordre, et par le Concordat, il apaisera les esprits, mais ne fera des ralliés que parmi les bourgeois surtout; il les récompensera par la Légion d'honneur, nouvelle noblesse d'Empire.

Sous le 1er Empire, le Sous-préfet d'Ancenis Luneau, continue les rapports de Mazureau et de Leconte, ces derniers promus juges de paix.

- 1809. Les émigrés rentrés sont Pantin de Landemont et son beau-frère Rousseau de la Meilleraie, Le Maignan d'Auverné et de Jans, de Cadaran de Ligné, Goyon de Marcé (Joué); ils vivent en leur campagne et paraissent occupés à gérer leurs propriétés.,

Quant aux chefs Chouans, ils ont accepté des emplois : Gourlet, Palierne, Baudouin, Jean Terrier fils sont percepteurs, et leur influence assure la rentrée des impôts.

- 1811. Le nombre des jeunes gens réfractaires augmente; ils ont récemment pillé la Provotière, les gendarmes les ont poursuivis en vain dans les forêts. Patier adjoint au maire, a été volé et menacé. Celui-ci écrit : « depuis 1789 soit 25 ans, nous avons une existence bien tourmentée, bien malheureuse. »

Au départ de Napoléon pour l'île d'Elbe, les nobles Rousseau, Pavret de la Rochefordière, de la Rochemacé, Le Maignan, avec Gourlet, Terrien, Pacory, ont parcouru les campagnes pour brûler le drapeau tricolore et placer le blanc sur les clochers.

Après la défaite de Waterloo et la trahison de Bourmont, des fêtes en l'honneur de Louis XVIII, puis des missions, ont été organisées.

Guillaume Plouzin, Pierre Gourlet, Palierne, Terrien coeur de lion, obtiennent des titres de noblesse, et l'on attribue des fusils d'honneur ou des sabres aux capitaines de chouannerie.

L'Intendant des barons d'Ancenis, Laheu des Airauds fut mal considéré à cause de ses idées libérales. Il avait pourtant sauvegardé les biens de la duchesse de Charost née de Tourzel.

1820. Le R. P. abbé de Melleray, intervient en ces termes prés de la Duchesse « Le chevalier Rousseau de la Meilleraie est un Nemrod enragé, d'une famille estimable qui a donné deux métairies à l'abbaye.

Cette famille avait de tout temps, obtenu la permission de chasser le loup, le sanglier et le cerf, en la forêt d'Ancenis. Présentement les loups infestent le pays. Vous lui feriez grand plaisir, en lui permettant de chasser.

1821. Le chevalier Rousseau, serait d'autant plus heureux de pouvoir chasser, que les gardes qui avaient été nommés par Laheu des Airauds - homme dont les sentiments libéraux étaient trop certains, - sont encore de francs patriotes. Ils seront un peu mâtés par cette permission dont le chevalier n'abusera pas. »

Le R. P. Saulnier de Beauregard avait racheté en 1817 aux Paris-Fellonneau pour 94.050 francs, l'Abbaye acquise nationalement en 1795 moyennant 100.000 francs.

1823. Marie-Sophie Demangeat, fille de Marie Simon et de feu Joseph Demangeat, ancien directeur des forges de la Hunaudière, épouse Xavier Maire, directeur des forges de Moisdon. Signent en outre Lemaître et Verger de la Papinière.

1824. Xavier Demangeat, directeur des forges de la Provotière, épouse à Joué, demoiselle Lefoulon, fille d'un négociant tanneur et de Blanche Mazureau. Signent en outre : Louis Demangeat, inspecteur des forges du département et Jean Pichelin du Cléray avocat, oncle par les Mazureau de l'Auvinière.

Le Clergé :

Jean-Joseph Prodhomme né à Riaillé en 1771, fut curé de Riaillé de 1803 à 1831. Il s'instituait le « père des pauvres » et comme tel demandait des secours pour les orphelins et les malades. Parmi ses successeurs : Célestin Lanoë 1856 à 1870 et Pierre Mauduit 1870 à 1893, qui fit reconstruire l'église : une plaque dans le sanctuaire l'indique.

Les Maires :

René Cholet qui demeurait à la Cour du Bois. François Meslin, directeur des Forges, très Bonapartiste mais qui en vrai se montra surtout très opportuniste. Ami de Jacques Defermon, Demangeat et Patier.

Sous la Restauration : Rousseau de la Meilleraie et Servole comme adjoint Michel Verger et Huguenin.

Sous Louis-Philippe, François-Xavier Demangeat maître de forges, très considéré.

1832. M. Testard a noté cet épisode qui se déroula dans le bourg de Riaillé et à Colombeau. Il y eut également l'assassinat de Louis-Fidèle Marion. Après un long séjour à la Réunion, ce libéral  s'était retiré avec sa famille au logis Villeneuve en Abbaretz. Les Chouans tuèrent Marion et le volèrent. Nous avons détaillé cet épisode dans « Yvon le Breton ».

Il est conservé, à la cure de Riaillé, un étendard des partisans de la Duchesse de Berry.

La fin des forges : Les forges de la Provôtière et de la Poitevinière cessèrent de fonctionner  utilement après le Second Empire. Le charbon anglais rivalisait le charbon de bois, et un bienfait pour les forêts car la consommation de bois était formidable.

Les marchands de bois utilisèrent une partie seulement de la main d'oeuvre devenue libre. 

Après 1870, les maires sont : Lefoulon, ancien notaire allié aux Demangeat, Julien Richard,  Gaston Bernard de Lajartre fils de Charles au pays par son mariage avec demoiselle Amélie  Hugé, Pierre Gautier, M. Jean Ferré.

En 1896, d'importantes courses de cheveaux furent instituées par Etienne Bureau, De Lajartre,  Charles Testard,  Hugé,  secondés par Le Gualés de Lucinière, et de Goyon de la Chauvelière

Une station de haras fut créée.

Aujourd'hui les courses de chevaux sont remplacées par une célèbre fête nautique qui se déroule chaque année sur le bel étang de la Poitevinière, dans un cadre magnifique et le succès va croissant d'année en année.

Sur les cartes touristiques, la grand'route de la Côte d'Amour qui passe au bas de Riaillé longe l'Erdre, est portée dans la << zone verte >>,  il est indispensable de préparer : haltes et terrains de camping en l'un des beaux sites de cette vallée, afin d'y établir un relais moderne qui sera vite apprécié à cause du cadre et attraits. 

A. G.

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L'Etang de la Poitevinière

Historique du Championnat de France de Hors Bords

 

L'après guerre vit naître avec bien d'autres sports, le moto-nautisme.

Vers 1950 le Club Moto-nautique de l'Ouest, se crée à Nantes sous l'impulsion du Dr TOUSSAINT, chirurgien-dentiste, et ça et là, quelques courses furent courues sur des plans d'eau plus ou moins adéquats.

En 1952, M. Jean FERRÉ, alors Président du Comité des Fêtes de Riaillé en accord avec M. le Comte de DURFORT, propriétaire d'Ancenis-les-Bois, organisa cette première manifestation moto-nautique à Riaillé, sur le magnifique plan d'eau de la Poitevinière.

Une dizaine de bateaux disputèrent la compétition. Le champion BONNEAU remporta la Coupe que lui remit le Président à l'occasion d'un dîner amical servi le soir à l'hôtel BEAUFILS, place du champ de foire à Riaillé.

Pour la première année ce fut une réussite, le cadre et le temps s'y prêtant. Le public toujours avide de sensations fortes avait été gâté : 4 bateaux avaient chaviré, évitant de justesse un accident de personne. Une hélice fut même perdue et retrouvée quelques jours après par les hommes grenouilles de la base d'Angers. Des numéros de skis nautiques, artistiques et humoristiques amusèrent la foule ainsi que l'exhibition d'une voiture amphibie qui traversa l'étang de part en part.

C'est sur ces débuts encourageants, que la fête fut reconduite l'année suivante, et que le nombre des spectateurs augmentant d'année en année ainsi que les engagés dans la compétition, on décida de donner encore plus d'importance à cette manifestation sportive.

En 1961, on inaugura « les 100 km de Riaillé », course réservée aux dinghies, bateaux moins rapides, mais plus maniables, plus souples et plus gracieux. Cette course intéressa beaucoup le public. Une démonstration de maniabilité, véritable exploit de virtuose, à laquelle avait pris part Mlle de DURFORT comme passagère, lui valut d'en sortir trempée « comme une soupe » mais ravie !

Cette même année le Dr GUY, vétérinaire à Riaillé, mit généreusement son dinghy à la disposition du Comité. C'est alors qu'avec Jean FERRÉ ils firent connaître au public les joies et les sensations du sport moto-nautique. Il faut en reparler aux excellents amis que formèrent cette année-là MM. LECOQ, DAVODEAU et DRAPEAU, qui malgré un arrosage forcé en gardent le meilleur souvenir.

En 1962, M. Jean FERRÉ, élu Maire de Riaillé, voulut donner à cette manifestation nautique le maximum d'éclat, et après de nombreuses démarches, obtint que la Finale de Championnat de France 500 cm3 fut disputée à Riaillé (la 1ère manche étant courue à Cajarc dans le Lot et la 2, à Sillé-le=Guillaume dans la Sarthe). M. GAUTIER, Inspecteur Principal à la Jeunesse et aux Sports présidait ce 1er Championnat à Riaillé. La Sté des Pétroles SHELL-BERRE prêtant son concours, le vin d'honneur fut servi cette année là sur la terrasse même du château ainsi que la distribution des prix. Un banquet de 100 couverts, joyeux et bruyant, termina cette journée; banquet auquel assistaient M. le Comte de DURFORT, M. le GUALÉS de MÉZAUBRAN, Conseiller Général et Mme, M. FERRÉ maire, et de nombreuses personnalités.

Pour la première fois dans la région, le public put assister à l'évolution d'un skieur parachutiste et d'un bateau « volant » ; celui-ci quittant l'eau et arrivant sur l'herbe à plus de 70 km à l'heure. L'hélicoptère de la gendarmerie veillait et bourdonnait au-dessus de la foule. De nombreuses démarches firent que la radio et la télévision diffusèrent le compte-rendu de ce championnat.

En 1963, la même fête eut encore plus de retentissement. Un hélicoptère de la Protection civile fit une démonstration de sauvetage qui intéressa vivement la foule.

Cette année, nous verrons, outre le Championnat de France, la 2° manche de Championnat des bateaux caoutchouc et l'exhibition de 2 cerfs volants tractés par bateaux.

Chaque année il importe de créer du nouveau pour retenir un public de plus en plus nombreux, et fidèle. Encore une fois il faut rappeler la beauté du cadre qui invite petits et grands à venir se détendre en profitant d'un spectacle exceptionnel et très au point, alors que la forêt étouffe le bruit des bolides.

L. POITEVIN

 

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Promenades autour de Vioreau et de la Provôtière

 

Un premier contact avec Vioreau, dans une bonne ambiance, et par une belle journée riche en coloris, a toujours d'heureuses conséquences, on veut y revenir et en apprécier tous les attraits, ceux qui se dévoilent d'un coup, et ceux, mystérieux, que l'on découvre peu à peu.

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Carte de Vioreau

Le lac de Vioreau s'étale d'Est en Ouest, du Pas de la Muse (sur la route de Joué à la Meilleraie) jusqu'au pont de la queue de l'étang, en direction de Notre-Dame des Langueurs. Du milieu de ce pont Ouest, on découvre en toute sa longueur, l'immensité de la nappe frémissante, dont les vagues chantent doucement.

La rive Nord est abritée tout au long par un rideau de forêt, classé, qui ne doit pas être abattu. Au centre de cette rive se trouvent la Maison blanche Vercelleto et le garage pour bateaux à voiles, puis de chaque côté de cette route de la Boustière, les domaines du docteur Gallo et de l'instituteur Le Moulec. Impossible de construire désormais en cette zone sensible, à moins d'acquérir un hectare de terrain. L'accès de cette belle rive est publique et les autos peuvent aisément se ranger sur le chemin de pourtour qui sera bientôt une sorte de quai.

Pour accéder à la Boustiére, et à la Boulinière, il faut traverser le vieux et pittoresque village de Vioreau, d'allure inchangée, qui entourait l'antique castel de la Dame de Vioreau, surnommée familièrement Viorelle.

Il suffit de bavarder avec les descendants des vieilles familles, pour entendre les souvenirs suivants :

- Moi, j'habite ce qui fut l'ancienne chapelle et mes ancêtres ont trouvé des monnaies, des boulets de pierre et de fonte versés au Musée de Châteaubriant.

- Nous autres, nous logeons nos engins de pêche, dans ce qui fut la prison du castel, et nos grands-parents ont entendu parler des oubliettes où l'on jetait les malheureux braconniers, chasseurs ou pêcheurs.

Puis, après avoir passé le pont, avec sa < bonde » entouré du vieux garde-fou en fer forgé, qui sépare le petit étang, du grand, on arrive à la < Maison de la Jugerie », c'est-à-dire l'ancien auditoire où l'on jugeait les coupables, ou ceux qui déplaisaient.

Dans tous ces récits, on devine une vive et tenace rancoeur contre les tenants de l'Ancien Régime. Par contre, une nette admiration subsiste en faveur des belles chasses à courre en costumes d'apparat, et la vision de films colorés, de poursuites de chevreuils ou de sangliers avec meute, cavaliers et amazones, reste belle dans la tradition. L'hallali se déroulait généralement dans le vieil étang, sous les yeux larmoyants des paysans, alors que les dames se tenaient appuyées sur le parapet en fer de la passerelle, demandant grâce pour le pauvre animal traqué; mais les Poydras restaient impitoyables, nous dit-on, et ne songeaient qu'à enrichir le salon de leur Pavillon, d'un nouveau trophée.

Passons maintenant sur la rive Sud pour gagner le village de la Démenure, il ne comptait, jadis, que deux petites fermes, et c'est désormais une coquette bourgade avec deux hôtels-restaurants et de nombreuses et gentilles villas de vacanciers qui se multiplient d'année en année.

Chaque dimanche, toute une longue file d'autos, borde les accès, et les promeneurs apportent une note de joie, d'animation qu'il est agréable de saisir et de ressentir.

Les deux points de vue remarquables sont de chaque côté du < Grand Barrage » : la maison Jolivot d'une part, et celle des Amiot, d'autre part. On va de celle-ci à celle-là, à pied, le dimanche, car le barrage est trop encombré, mais en semaine, les autos passent. Dès en 1800, l'architecte Crucy avait remarqué ce beau site de la Romeraie et il avait acquis, nationalement, l'espace où s'élève le logis Amiot, antique maison bourgeoise à un étage, qui fait face à celle du docteur Vercelletto, sur l'autre rive.

De l'une comme de l'autre, on peut contempler les gracieuses évolutions des voiliers, et deux fois l'an, suivre les régates, de plus en plus importantes.

Chose digne de remarque, c'est que la vieille route du Bas Joué à Meilleraye allait, jadis, en ligne droite de la Handinière à l'aveaue forestière (très belle et publique) qui lui fait face, et elle traversait sur une chaussée, tout l'étang actuel.

Il arriva, voilà un demi-siècle, que des réfections au Grand Barrage, l'étang fut vidé et peu après les souches et des graines redonnèrent une ligne de végétation.

A l'automne, les eaux revenues partiellement, des passants furent intrigués en apercevant des fleurs d'or qui émergeaient, ils crièrent au miracle ! Cette vision dorée évoquait celle des lys bibliques, annonciateurs de grands événements.

Aujourd'hui encore, on rappelle cette floraison d'ajoncs au-dessus de l'étang comme une merveille, et l'on ajoute que c'est une manifestaticn de Viorelle, la belle châtelaine dont le souvenir hante ces lieux.

Du village de la Roméraye, qui se peuple l'été comme la Démenure, gagner les villages de la Haudinière et de la Ronderaie, par une route en construction, afin d'arriver sur la route nationale 178 de Châteaubriant, au « Pas de la Muse », joli nom ancien, en faveur de la poésie éternelle.

Il ne reste plus, alors, pendant les heures libres qu'à laisser la voiture en bordure de route, et à vagabonder pédestrement dans les avenues de la Muse sous les ombrages de sapins, des chênes ou des bouleaux.

Si, au printemps, il est agréable d'y cueillir des primevères et du muguet, à l'automne, les récoltes de champignons y sont fructueuses.

Du fait que Joué est en heureuse transformation par le remembrement, les populations espèrent que de bonnes routes permettront d'accéder aux plus beaux sites du lac.

Souhaitons alors que tous les jardins des fermes soient fleuris, agrémentés d'arbustes, afin de bien s'harmoniser avec les floralies de la nature, lorsque poiriers avec leurs bouquets blancs de mariées, et pommiers avec leurs multiples corolles fraîches et roses, ornent toute la contrée et la parfument. Le mois de mai est d'une splendeur étonnante autour du miroir d'eau, car les teintes y sont multiples -et souvent des peintres s'efforcent de les fixer.

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L'Etang de Vioreau

La Ceinture de Viorelle :

Le charme de Vioreau, ne se limite pas à la périphérie immédiate de l'étang, attraits qui varient avec les heures de la journée, l'état du ciel, et les cultures en bordure.

Au premier chef, recommandons de suivre le sentier de hallage qui longe le canal d'alimentation, au-delà du Grand Barrage : deux belles cascades sont à admirer, et le chemin sinueux serpente joliment dans la campagne, offrant sur ses bords des fleurs diverses, des nids, des fruits sauvages; le calme et le silence règnent, c'est le contact direct avec la nature, pendant plusieurs kilomètres; les plus jolis sites sont : les Arcades, Quiquengrogne et Longlée.

Ensuite, lorsqu'on quitte le vieil étang de Vioreau, en passant par la Gléminière, dès qu'on arrive sur la route de la Meilleraie à Abbaretz, il faut prendre à gauche et s'arrêter au « Châtaignier des Nonneries » ; il couvre, avec ses cinq marcottages, une grande surface, et il passe pour avoir abrité une troupe de Henri IV qui avait remporté une victoire contre les Ligueurs. Les protestants de Blain et de Saffré étaient tous dévoués pour le roi de Navare.

Ce Châtaignier des Nonneries, véritable géant de la Forêt de l'Arche, d'une circonférence de six brasses, soit plus de dix mètres, mérite d'être vénéré et soigné, afin de prolonger son existence.

Tout à proximité et sur le même côté de la route, s'engager dans l'avenue de la Jahotière et l'on sera séduit par l'ensemble : un chêne tricentenaire, en pleine vigueur, trône entre l'étang et le manoir aux deux tourelles moyenâgeuses, enserrant un logis digne de la belle au bois dormant.

Tous les bâtiments adjacents sont des dépendances de l'ancien fourneau à fonte qui fut tour à tour sous la direction des Laval, des Condé, des Huché de Cintré, des Jouffroy, Guillet de la Brosse et Voruz...

Le propriétaire, M. Brard, possède toute une documentation .à cet effet.

C'est un chasseur de renards, émérite, dont la meute très spécialisée est célèbre par ses exploits. Un « Goupil » apprivoisé, est utilisé pour l'entrainement. Tout cela en un cadre sylvestre étonnant.

Le spectacle d'une telle puissance de végétation, ne laisse personne insensible, c'est d'ailleurs une des caractéristiques de cette belle région boisée, chérie des muses, des sylphes et des amazones.

On ressent la même intense impression devant la très belle avenue à double rangée de vieux chênes du château de Lucinière, (habitation de M. Le Gualés de Mézaubran, maire de Joué, et conseiller général du canton de Riaillé), ainsi que devant la haute futaie formant un fond splendide au château qui reçut Lenôtre et Madame de Sévigné.

Toutes ces masses sylvestres nous font penser aux tableaux de Théodore Rousseau, Corot, Daubigny, Charles Leroux, mais -à l'heure actuelle les diapositives perpétuent instantanément ces belles visions, et les chasseurs d'images sont ici gâtés.

De là, il est bon de gagner Notre-Dame des Langueurs, intéressante bourgade où l'on sera surpris de retrouver dans l'église autant d'oeuvres d'art

- Une vieille statue en bois du XVI°, c'est une curieuse et naïve Piéta, le Christ au lieu d'être tenu sur les genoux de sa mère, est assis près d'elle, elle le presse et le soutient.

- Un groupe, ,grandeur nature, représentant avec forte expression, une mise en croix, dans laquelle une grande harmonie de tristesse humaine, frappe le passant (oeuvres de Fréour).

-_ Divers travaux en fer forgé, peinture, vitrail, d'un abbé Renaud, très artiste, qui a tenu à créer dans ce sanctuaire, un ensemble artistique d'une réelle valeur.

Impossible d'énumérer toutes les oeuvres, il faut se rendre sur place.

Enfin, si las de flâner en forêt de Vioreau, au delà du Pas de la Muse, on désire prendre quelques belles photos en couleurs, il suffit de s'engager sur une route à droite qui aboutit à l'Abbaye de Melleray. C'est un condensé de belles choses naturelles, spirituelles et architecturales, ayant provoqué l'admiration de nombreux artistes.

George Sand qui put, sous un déguisement masculin, pénétrer dans cette enceinte, en gardait un profond souvenir. Le père abbé ne fut pas dupe du stratagème, car au cours de la visite, il cueillit une rose, et l'offrit avec un sourire.

L'étang, frère de Vioreau, est celui de la Provôtière, à 6 km., en direction de Riaillé.

Il offre les mêmes conditions de pêche, de forêt : il appartient également à l'Etat, et l'on y retrouve, en plus petit, les mêmes charmes de paix et de liberté. L'Amicale des pêcheurs à la ligne est la même qu'à Vioreau. Il est curieux <le voir à la saison tous les nombreux pêcheurs, alignés, silencieux sur la chaussée, dite de « La Forge », attendant patiemment que leur flotteur s'agite et s'enfonce. Nantais, Anceniens, Castelbriantais et même Parisiens se retrouvent là nombreux et heureux.

Leurs familles, plus bruyantes et plus remuantes, se promènent pendant ce temps sur la rive opposée, où se trouvent deux châteaux nichés dans les bois; ils appartenaient aux Rousseau, seigneurs de la Meilleraie, qui furent des chefs chouans avec le maréchal de Bourmont, Palierne, Terrien Coeur de lion et Tranche-Montagne. La douairière, presque centenaire, vécut là jusqu'en 1842, elle se faisait transporter, chaque dimanche, en l'église de Riaillé, ou à la Trappe, en une charrette attelée de quatre boeufs blancs conduits à l'aiguillon, et les offices, jadis, ne commençaient qu'à son arrivée. Il faut dire qu'étant très riche, elle avait donné une à une toutes ses métairies à l'Eglise. Jusqu'à sa mort elle avait gardé ses huit domestiques, et dans la grand'salle existait une très belle galerie de têtes de loups naturalisés) car son mari « le vieux chouan », avait été, avec Lejeune du Chalonge, un terrible tueur de loups.

Au cours d'arrêts multiples autour de la Provôtière. en conversant avec les aimables habitants des villages, on fera ainsi provision d'historiettes et de légendes qui valent bien les bonnes pêches de poissons argentés tout frétillants, et c'est le coeur content que les familles se rassemblent pour un gai retour, mais c'est toujours à regret que l'on quitte Vioreau et sa riche ceinture.

Ainsi peu à peu, les goûts évoluent et se partagent; certains aiment particulièrement la mer et les plages désormais bien encombrées, d'autres recherchent les étangs, les rivières et les forêts où il est encore possible de s'isoler dans le calme. L'essentiel n'est-il pas de se retremper dans le silence au sein de la grande, puissante et belle nature, tout en respirant un air pur bien oxygéné ?

A. GERNOUX.

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Echos de Riaillé

 

D'un cahier de notes précises de M. Hippolyte Testard, longtemps secrétaire de la mairie de Riaillé, nous extrayons :

Etat civil :

- 23 avril 1642, sépulture de Anne, fille de messire René de Mésanger seigneur de la Cour du Bois.

- 10 septembre 1649, décès de Michelle Bidet, inhumée dans le cimetière de la Chapelle Saint-Jacques, à Bourg-Chevreuil.

- 24 septembre 1710, Bénédiction de la Chapelle Saints Paul et François, à la Forge de la Provôtière, construite par les ordres du duc de Charost Lieutenant général des armées du roi, baron d'Ancenis.

Une relation du terrible hiver de 1709 tant à Riaillé qu'aux environs, est inscrite sur les registres d'état civil de la paroisse de Saint-Julien-deVouvantes, par le recteur Alain Desprez

« Dès le sixième jour de janvier, un grand froid se déclara, qui s'augmenta pendant quinze jours, et devint si âpre, pendant trois semaines, que l'on n'avait rien vu de pareil.

Les blés périrent dans la terre par un verglas. Les légumes dans les jardins furent entièrement détruits. Ainsi les pauvres gens se trouvèrent dans la dernière consternation et passèrent par les épreuves les plus rigoureuses de la faim.

La rigueur du froid frappa les arbres jusque dans les racines. Les chênes dans les terres légères s'entrouvrirent.

Presque tous les . noyers, beaucoup de châtaigniers, et la plus grande partie des vignes, moururent ,jusqu'au niveau de la terre... ».

- 17 mai 1726. A été inhumé le corps de noble homme Jean-Louis Louvigné, âgé de 43 ans, en présence de noble et discret missire André Le Grand vicaire de choeur de la paroisse de St-Clément de Nantes, Jean Trébuchet son beau-frère; François de Louvigné, docteur en médecine, conseiller du roi, son neveu. Signent François de Louvigné, Jean Trébuchet et Lebec vicaire.

(Auguste Dupuis, qui s'est intéressé aux ancêtres de Victor Hugo, ajoute après lecture de cet acte : Les familles Trébuchet, de Louvigné,Vavasseur, Bellet, ont bien habité Riaillé, et nous trouvons les noms de Gilles Trébuchet et de J.-B. Trébuchet époux Luneau, parmi les plus anciens maîtres-fondeurs de la Provôtière).

- Le 6 février 1726 fut baptisée Jeanne Trébuchet fille de honorable homme Jean Trébuchet et de dame Jeanne Parraud. A été parrain noble homme René Cholet, et marraine demoiselle Jeanne Trébuchet. Signent : Trébuchet, Cholet, Louvigné, Levot et Isidore Lebec vicaire.

- 9 décembre 1730. Sépulture de messire Abraham de Lavau seigneur de la Piardière et de Chevasné.

- 1er octobre 1741. La petite cloche de l'église d'un poids de 613 livres, nouvellement fondue, a été bénite par le recteur de Riaillé en présence de ses deux vicaires. Parrain, François de Lavau seigneur de la Piardière, conseiller à la Chambre des Comptes de Nantes; marraine Marie Boutillier de la Ménardière son épouse.

- 11 juin 1743. Bénédiction de la nouvelle chapelle de la Piardière, sous l'invocation de la Vierge, en présence de M. et Mme de Lavau.

- 6 février 1751, mariage de Louis Suteau et de Margueritte Branchereau.

- 30 octobre 1772. Bénédiction d'une autre cloche de l'église de Riaillé du poids de 540 livres. Parrain : Georges-Luc du Bouexic, seigneur de Riaillé, et Françoise du Bouexic, sa soeur. Présents Jacques Boutiller de la Ménardière, François Symon seigneur de Vouvantes et Charles de Douvre époux de Rose de Rivalan.

- 1er novembre 1783, bénédiction d'une nouvelle Croix d'argent, achetée par le Général de la paroisse, sous le recteur Fanton.

- 1773. Décès à Saint-Julien de Vouvantes, de écuyer Charles Rousseau, seigneur de la Meilleraie; veuf de Rose Simon, dame de Vouvantes.

- 30 Avril 1789, fut bénite la grosse cloche de l'église par l'abbé Landais du Pé recteur de Pannecé. Parrain, Luc du Bouëxic de la Driennais, seigneur de la Cour du Bois et de la Piardière, conseiller au Parlement de Bretagne. Marraine

Aimée Rousseau de la Meilleraie, en présence d'Adélaïde Pantin de la Guère, du sieur Guitard de la Buchetière, de l'abbé Bodiguel prieur de Bonnoeuvre et autres.

Il est question des Trébuchet et de leurs alliés Vavasseur, Bellet, Bureau dans les registres de la paroisse.

Villages : 

- La Cour du Bois, ancienne demeure du seigneur René de Mésanger qui passa à messire de Lavau déjà seigneur de la Piardière, puis à écuyer Georges du Bouëxic qualifié seigneur de Riaillé.

Le château fut abandonné, et on en fit deux fermes achetées par M. Leduc qui en vendit une à Jean Niel, et garda la seconde.

Le château avec étang, était entouré de douves. En 1832 ce fut le lieu d'un combat faisant suite à la bataille de Colombeau.

La Benâte, château bâti par les barons d'Ancenis vers 1300. Il existait dans les greniers des Hardou minotiers, des parchemins.

Le château était limité par l'Erdre et par des douves qui devaient aller jusqu'au Boisillet, actuellement école d'agriculture.

L'arche de la Benâte récemment démolie devait être très ancienne et construite pour une voie romaine. On a trouvé une espèce de ciment qu'on n'a jamais pu enlever, même au marteau piqueur, et l'on a été obligé de continuer le Pont Neuf sur ce ciment.

Saint-Ouen, lieu élevé où il ne reste plus qu'une cave de l'ancien manoir. On dit qu'il existait un souterrain reliant la Bénate, la Cour du Bois...

Par la suite Saint-Ouen appartint au seigneur de la Guibourgère.

La Meilleraie près de l'étang de la Provotière.

Le vieux château passe pour avoir caché la < magosse » du Trésorier de Bretagne Pierre Landais. Il aurait ensuite appartenu au maréchal de la Meilleraie dont on parle dans l'Histoire de France.

Le Haut-Rocher, près du château d'eau, existe une demeure du XV°, aux portes et fenêtres encadrées de schiste, avec un blason. Ce fut le logis des Du Breuil des Landelles.

La seconde demeure a été embellie et ornée de tours par la famille Peltier autour de 1900.

La Piardiére, ce fut un important château, avec avenues et étang; il possédait des tours et pavillons.

De la chapelle, il ne reste que les quatre murs et les ruines d'un retable, puis une pierre avec inscription en latin.

Le château de Chevasné, au-dessous du précédent était en bordure de l'Erdre et possédé par les Vallin alliés aux de Lavau.

Bourgchevreuil, sur une éminence, avait une chapelle. De là on domine l'étang de la Provôtière et le village de la Forge. Le château du maitre de forges date du XV° siècle. Il reste une échauguette et des archères.

Il avait deux tourelles sur sa façade.

La Poiteviniére, fut primitivement un rendez-vous de chasse des ducs de Charost.

Les héritiers ont construit vers 1875 l'imposante demeure actuelle d'Ancenis-les-Bois.

Le manoir primitif avait une chapelle dédiée à St-Laurent. A la Poitevinière se trouvait la Maison des sacquetiers datant des XV° et XVI° siècles.

Légende des sacquetiers et faux-saulniers :

La maison des sacquetiers (au-dessous de la maison d'Olivier Tillaut), est bâtie de guingois et défiant la verticale. On l'appelle encore la maison des saulniers.

Pourquoi ? Lors de la réunion de la Bretagne à la France, un article du traité stipulait que les Bretons seraient exonérés de la gabelle ou impôt sur le sel.

Ce privilège disparut en 1789.

Lorsque les forges de la Poitevinière étaient en pleine prospérité, le haut-fourneau produisait des blocs de fonte appelés saumons, que des ouvriers surnommés sacquetiers transportaient à Basse-Indre pour les affiner.

Chaque sacquetier possédait des chevaux, deux à trois douzaines, qu'il laissait pâturer dans les clairières de la forêt.

Donc, on conduisait cette fonte aux usines situées sur les bords de la Loire. On caracolait ensuite jusqu'à Guérande et on ramenait des sacs de sel qui étaient entreposés dans un grenier à sel de la Poitevinière.

Certaines nuits noires. à la barbe des gabelous, on passait des sacs en Anjou, où ils étaient vendus avec un gros bénéfice et plusieurs familles s'enrichirent de la sorte.

Il est évident que ces fraudes massives devaient être de bon rapport, d'autant qu'à Riaillé les « transporteurs » étaient à la fois des francs et des faux saulniers.

Traditions :

 Dans le langage courant. on répétait jadis : « Les Patauds, ou patriotes de Riaillé, et les Rustauds de Teillé ».

Les libéraux influents, Lemarié, Mazureau, Demangeat, s'opposaient aux légitimistes Rousseau de La Meilleraie, du Bouëxic, Terrien coeur de lion.

Duchesse de Berry :

L'affaire de Colombeau 1832, on raconte que le 6 juin 1832, les légitimistes de Bretagne étaient arrivés au Grand Auverné pour se joindre aux troupes de l'Anjou rassemblées en forêt de Saint-Mars. Mais le Gouvernement avait des troupes commandées par le général Dermoncourt qui avait établi son quartier général dans la maison occupée actuellement par le « café Denion ».

Une corvée fut désignée pour aller chercher de l'eau, à la fontaine de la Cour du Bois. Les Chouans avertis, cernèrent les soldats et en blessèrent plusieurs.

Les assaillants furent poursuivis en direction de la Forêt de Saint-Mars et reioints à Colombeau. Débordés, ils durent s'égailler.

Les Chouans enterrèrent leurs morts dans le taillis du Plessis. Il existe encore un tumulus,entre la route de Saint-Sulpice et les fermes de la Cour-du-Bois, appelé le « tombeau des Chouans ».

Sorcellerie :

La magie, les envoûtements, les « sorts » , ont eu au milieu du siècle dernier, de l'influence et du prestige.

On connaissait des « jeteux de sorts » à Chevasné et à Joué, ils étaient craints et redoutés. Pour leur barrer la route, on faisait bénir les maisons et les écuries.

Ecole Communale :

Une délibération du Conseil Municipal du 10 novembre 1833, déclare qu'il sera alloué au sieur Louis Pohier, instituteur à Riaillé pour son traitement et indemnités 200 francs et 100 francs. Les sommes à payer par les parents mensuellement seront : Pour apprendre à lire et à écrire 1 fr. 50 - Pour lire écrire et calculer 2 francs. Et 2 fr. 50 pour l'orthographe en plus. Fn outre, il admit six élèves indigents.

C'était le système de l'enseignement mutuel: les riches payaient un peu pour les pauvres; les élèves plus avancés servaient de moniteur aux autres.

Les Pohier, de situation aisée étaient alliés aux Cathelinais et Gigault de La Giraudais, Jacques Pohier poète, avait des lettres de Madame Volney.

La Fontaine minérale, qui alimente le service d'eau, donne une des rares eaux thermiques de Bretagne. Elle sort du rocher à une température constante de 12° et l'on peut observer les jours froids un brouillard oui surmonte le premier bassin de décantation. Le débit de la source est d'environ 140 litres à la minute. Cette eau possède des qualités curatives.

La fontaine appartenait au début du siècle à M. Pelletier, du château du Haut Rocher, il en commença l'exploitation commerciale. Malheureusement, il recueillait l'eau sans précaution, et les sels de fer en se déposant donnaient aux bouteilles une allure peu appétissante. L'affaire périclita et fut abandonnée.

Et maintenant captée dans un enclos grillagé, déferrisée par décantation et par un procédé chimique, l'eau minérale nous arrive claire limpide, très saine.

Hippolyte Testard.

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Fêtes nautiques - Relais pour Estivants

En 1960 sous l'impulsion de quelques pères de famille soucieux de distractions saines pour leurs enfants et particulièrement du Dr VERCELETTO, président actuel, de M. Jean FERRÉ, vice-président, M. Raymond CORBINEAU, trésorier, M. LE ROSSIGNOL, secrétaire, M. BAP, conseiller technique, créèrent le Club de voile de Vioreau (C.V.V). Chaque dimanche ils s'efforcèrent d'amener quelques bateaux et d'organiser des régates, amicales simplement. L'accès étant très difficile par temps de pluie, en 1961 le Club se transporta dans l'île. Mais malheureusement, l'île étant presque submergée par hautes eaux, le Club se transporte une nouvelle fois. Il s'installe à la Boustiére, près de la maison de week-end du Président qui ainsi contrôle et surveille mieux son club. Emplacement qui est devenu définitif car bien exposé et très accessible aussi bien de l'eau que de la route. Le Club compte cette année 42 inscrits; et chaque dimanche d'avril à octobre de nombreuses voiles évoluent gracieusement sur le lac au gré des vents et des barreurs.

Depuis 1962 le Club est homologué et des régates officielles sont organisées le dernier dimanche de ,juin; régates qui remportent un plein succès. Les participants viennent de Cholet, Angers, Saumur, Laval, Saint-Nazaire, Nantes de plus en plus nombreux. Un petit House Club a été implanté en 1962, pour abriter équipiers et agrès. Les bateaux les plus remarqués sont les Vauriens, 420 et Zefs.

M. GUILLON-VERNE a créé au sein de ce Club, une école de voile et il instruit plus de 20 garçons et filles s'intéressant à la navigation à voile.

Un plan d'équipement est actuellement à l'étude. M. LE GUALES DE MEZAUBRAN, maire de Joué-sur-Erdre et conseiller Général, M. FERRÉ, maire de Riaillé, M. LACHUÈRE, ingénieur des P. et C. et membre de ce club, espèrent en créant cette base rester dans le plan du Ministère de la Jeunesse et des Sports.

Une excellente idée, ou mieux un très beau projet, a été émis récemment : créer avec Saint-Mars-la-Jaille, Bonnceuvre et Riaillé, une < zone verte de vacances > , avec un terrain de camping et de ,jeux, situé sur les bords charmants de l'Erdre, entre les forêts de Saint-Mars et d'Ancenis-les-Rois. En ce « théâtre de la Nature », les estivants seraient heureux de faire halte un moment.

L. PROVOT

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