Le Drame du Maquis de Saffré

de A. Perraud-Charmantier, Editions du Fleuve, Nantes 1946

(Imprimé pour le compte de l'Amicale du Maquis de Saffré en décembre 1945 à 3.000 exemplaires)

(Pour comprendre ce qui s'est passé réellement au maquis de Saffré, il faut absolument lire "Soldats de l'Ombre" de Briac Le Diouron (Commandant Yacco) ainsi que "Le Drame du Maquis de Saffré". Il existe d'autres récits, mais ils ne sont  souvent que des synthèses de ces deux livres ou des commentaires  émotionnels et éloignés de la réalité !

Le rôle joué par l'encadrement pour limiter les pertes en hommes, le plus souvent démunis d'armes et sans expérience des combats, est bien décrit par A. Perraud-Charmantier. Grâce à l'analyse des officiers venant du maquis de Saint-Marcel, anéanti la semaine précédente, un plan d'évacuation fut mis en place le 27 juin par le commandant Olivier et ses collègues. Grâce ainsi au sang-froid de tous les officiers et sous-officiers, plus des 3/4 des maquisards furent épargnés par la tuerie, les exécutions et la déportation.

Mais la concentration de 300 hommes mal équipés, mal préparés, fut une erreur grossière due probablement à un manque de coordination entre le recrutement sur le terrain et les décideurs de l'Etat-Major Allié pourtant avertis du danger encouru par la débacle des maquis de Saint-Marcel et de Teillay.)

Couverture Page d'Or  

 

Pages 81-84 et renvoi (3) de la page 105  du livre  "Le Drame du Maquis de Saffré"

de A. Perraud-Charmantier, Editions du Fleuve, Nantes 1946

 

L'ATTAQUE DU P. C. DE L'ÉTAT-MAJOR DU MAQUIS DE SAFFRE

 LA MEILLERAYE : 29 JUIN 1944

 

L’Etat-Major du Maquis logeait à la Meilleraye-de-Bretagne, dans une belle maison sise au bord de la route et appartenant au sportif nantais bien connu, le capitaine du S. N. U. C., Ollivier (1). Le 28, à 8 heures et demie, un agent de liaison motocycliste demande à parler d'urgence au lieutenant-colonel.Dariès : il apporte la nouvelle de l'attaque du camp. Le colonel ordonne les préparatifs du repli au cas d'attaque et envoie deux agents de liaison, avec mission de pénétrer au camp; ils revin­rent à 18 heures, sans avoir pu accomplir leur mission, et regrettant de n'avoir pas emporté de grenades, car ils étaient tombés sur un groupe de miliciens.

 Vers cette heure, le bruit courait à la Meilleraye des arrestations effectuées le matin à Nort-sur-Erdre. C'est ainsi que M. Gergaud, de passage en cette localité, apprit le malheur qui le frappait en la personne de sa fille et de son fils. M. Ollivier, chez qui l'état major prend pension, fait part au lieutenant-colonel Dariès de ses craintes. Tout cela sent le brûlé. L'évacuation du P. C. s'impose. En l'absence du lieutenant-colonel Kinley, victime, l'avant-veille, d'un accident de motocyclette, qui lui avait sérieusement abîmé le visage, le lieutenant-colonel Dariès donne ses ordres : les cartes d'état major sont pliées, les tracts, les papiers sont emballés, certains sont brûlés, d'autres objets compromettants sont camouflés dans les taillis (2); le tout est transporté, après le dîner, dans l'automobile de M. Ollivier; à sept cents mètres de là, au bois d'A Haut, dans une ferme abandonnée, qui appartient à Mme Bureau, ferme qui servit de nouveau P. C. A 22 heures 1/2, M. Ollivier était de retour au TourrilIon, après avoir aidé, au déménagement.

 Or, quelque temps auparavant, deux miliciens qui, par la suite, ont eu l'audace de rôder dans la région, s'étaient présentés chez Jean Tarras, 20 ans, ébéniste au bourg, et lui avaient tenu à peu près ce langage: « Nous sommes du Maquis, on a besoin d'essence. » La glace était rompue. Tarras, en confiance, dit : « Moi aussi, j'irai au Maquis. » Et les autres d'enchaîner: « Tu ne connais pas le capitaine Ollivier? » Tarras répond: « Bien sûr, l'as sportif, tout le monde le connaît. » « Tu pourrais nous conduire chez lui ? » Tarras ne répond pas; mais les autres lui disent : « Préviens le capitaine Ollivier qu'il se trouve place de l'Eglise, à 3 heures du matin, avec cinq litres d'essence. » Tarras va prévenir M. Ollivier vers 23 heures. Naturellement, le capitaine ne fut pas au rendez-vous.

 Au Tourrillon, deux agents ont été laissés par le lieutenant-colonel Dariès pour assurer la liaison entre les forces du Maquis et l'état-major replié: ce sont Louis Leho et Guy Sudan (3): Exténués par les événements de cette dure journée, ils dorment profondément, étendus dans l'auto rouge 202 de M. Ollivier, garée dans le garage.

 Il est 5 heures et demie du" matin: plusieurs camions militaires sont arrêtés au bourg; deux cents hommes sont descendus avec des miliciens: il y a là une ambulance, un médecin, un canon de 37. Au bourg, des Boches pénètrent chez M. Jean Tarras et lui demandent: « L'adresse de M. Ollivier ? Conduis-nous. » Tarras refuse: un milicien lui tire six balles dans les pieds, l'une l'atteint en séton, au tibia. Tarras tombe; on le jette dans une voiture. En route pour le TourrilIon.

 En silence, le château est entouré d'un cordon de troupes: Leho et Sudan sont immédiatement arrêtés, bousculés par les miliciens. Leho tente de se défaire de son portefeuille, en le jetant dans la grange; un Boche voit son geste: Leho se sent perdu. Il esquisse un geste de résistance, un Boche l'assomme d'un coup de crosse.

 C'est à 6 heures précises que, de la fenêtre de sa chambre, M. Ollivier aperçoit des Boches se faufilant derrière la murette, progressant vers le château. L'un d'eux entre dans la propriété, monte le perron et frappe à la porte. M. Ollivier, vêtu légèrement, ouvre la porte et se présente un peu de biais, par rapport à l'extérieur. Inspiration providentielle! Un des Boches, de derrière la murette, balaie à quinze mètres l'entre-bâillement de la porte, d'une salve de mitraillette: deux balles atteignent le si sympathique colosse, l'une au biceps droit, qu'elle traverse de part en part, l'autre en plein ventre qu'elle traverse également, en ressortant sur le côté droit entre deux côtes. M. Ollivier fait quelques pas vers sa cuisine; il y tombe dans une mare de sang. « Ne t'effraie pas, dit-il à sa femme, donne-moi un verre de rhum et restez tous à la maison. »

Cependant, les Boches pressent l'action. Le Dr. Ruppert est là. Heraus! Heraus! hurlent-ils. M. Ollivier se redresse; il se lève, laissant derrière lui une traînée sanglante, descend en courant les marches du perron, et, dans un sursaut d'énergie, réussit à franchir seul la murette, puis s'écroule sur la route, non loin de là, près d'un poteau télégraphique, « Si quelqu'un des nôtres est touché, lui gueule un Boche, c'en est fait de toi. »

 Les Allemands demandent à M. Ollivier : « Ils sont combien dans le, grenier ? » « Mais il n'y a personne », répartit-il aussitôt. Effectivement, se trouvent seuls au Tourrillon, Mme Leduc, 60 ans, propriétaire du château; Mme Richard, 82 ans, tante de Maurice Bourré, le pro-directeur de l'école libre des Touches; Mme Ollivier; son fils, âgé de 14 ans; la petite bonne de 16 ans; M. et Mme Léon Billoteau et leur fils, réfugiés de Nantes, logés au rez-de-chaussée.

 Les Boches font sortir M. et Mme Billoteau et leur fils, et les font s'étendre sur la pelouse; l'un d'eux tire sur celui-ci deux coups de revolver sans l'atteindre. Sudan est, lui aussi, étendu sur la pelouse. Mais, l'ennemi a peur d'une surprise. Il prend les devants en attaquant le château; pendant un quart d'heure, les mitraillettes crachent: vitres, ardoises volent en éclats. Mme Ollivier qui, se redressant du plancher où elle est étendue avec tout son monde, se montre à la fenêtre, au premier étage, pour tenter de voir son mari, en est vivement tirée par son fils; à la seconde, l'espagnolette qu'elle tient vole en éclats.

 La mitrailleuse ne suffit pas, voici le canon de 37 : sept coups dans la lucarne du P. C. Les ennemis sont bien renseignés !

 Satisfaits de ces préambules, ils forcent Mme Leduc à monter devant eux au grenier: « La première balle est pour vous, s'il y a quelqu'un... » Il n'y a rien que des lits.

 Cependant, les Boches forcent Mme Ollivier à descendre, elle aussi, sur la pelouse; elle embrasse son fils en lui disant: « Adieu. Va chez ta grand-mère, prend cet argent, qui t'aidera à vivre. » Il y a là 60.000 francs. Mais, les Boches s'emparent de l'argent. C'est le début du pillage du Tourrillon, rafle complète: chez M. Ollivier, 600.000 francs de meubles, valeurs, bijoux, objets divers; chez M. Billoteau, 275.000 francs de marchandises repliées de Nantes.

 L'affaire est terminée : en route pour Nantes; dans sa 202 rouge, on fait monter le vaillant sportif avec Louis Leho : deux miliciens les gardent, mitraillette au poing; sur le siège: le Dr. Ruppert. Dans une seconde auto: MM. Billoteau père et fils, Louis Sudan et Jean Tarras, gardés par deux Boches, qui les menacent continuellement de leurs armes. Les Allemands, qui savent que M. Ollivier est « capitaine» dans l'armée, se frottent les mains en jubilant: « Capitaine capturé ! Capitaine capturé ! »

 A ce moment précis, onze Mosquitos-maraudeurs, alertés par un patriote, se précipitent sur les Boches, et, pendant un quart d'heure, les mitraillent, ainsi que leurs véhicules. Les Fritz, affolés, s'enfuient se cacher jusque dans l'église, Le ronronnement des avions alliés redonne de l'espoir au cœur aux gars tapis dans les environs. Yannick, non loin de là, regroupe huit agents de liaison, en vue de continuer la lutte.

 Cependant, à Nantes, au siège de la Gestapo, place Foch, n° 1, M. Ollivier est déposé, jeté plutôt, dans une écurie, à même le sol. On est le jeudi : il restera là jusqu'au dimanche, sans aucun soin, sans aucune nourriture !

 Louis Leho, lui, avait été conduit immédiatement à la prison La Fayette rejoindre ses camarades. Ollivier n'y est incarcéré que le 2 juillet, dans la cellule des condamnés à mort, et, sans avoir reçu le moindre soin, il est reconnu bon pour le prochain convoi! C'est ainsi que, menottes aux mains, vêtu de chaussettes, d'une chemisette de sport et d'un pantalon de flanelle, maculé du sang qui coule depuis plusieurs jours de ses blessures, il prendra part au triste convoi du lundi 10 juillet, des 56 déportés, dont tant de Nortais et de patriotes des communes avoisinantes ne devaient pas revenir (4).

  

(1) C'est le Touillon, dit Tourillon, sur la route de l'Abbaye, à un kilomètre du bourg. Il s'agit d'un joli petit château entouré de deux fermes.

(2) Le capitaine Jaillier eut un grand rôle dans ces opérations.

(3) Sergent Dugast de Jans. Condamné à la déportation, il réussit à s'évader en cours de route.

(4) M. Ollivier, dont la force d'âme proportionnée à sa constitution athlétique vint à bout de tous les maux, de tous les mauvais traitements, notamment à Dachau, de toutes les. misères, guérissant sans soins, réconfortant ses compagnons d'infortune, en faisant libérer plusieurs, est revenu à Nantes le 26 mai 1945.

 

Renvoi (3) de la page 105

... Cette lamentable charrette de patriotes ne parvint à Belfort que dix-sept jours plus tard. Là, séjour de un mois. Le capitaine Ollivier, dont la blessure se guérissait toute seule et dont le magnifique caractère fit l'admiration de tous, ne pense qu'à ses compagnons d'infortune; il intervint auprès du sergent interprète Schmidt pour obtenir la libération du plus grand nombre d'entre eux; il ne peut obtenir que la libération de M.M. Billoteau père et fils. Il fit l'impossible pour sauver Me Epaillard, Après un calvaire affreux de Nazweiller, Schameck et Dachau, il ne put être rapatrié que le 26 mai. C'est lui qui reçut le dernier soupir de M. Vergneau, dont les dernières paroles furent : "Je suis soldat français."...

 

 

Précisions de Noël Bouvet

 

Marcel Ollivier était un excellent ami de mon père. Il fut apprenti au Garage de la Loire à Ancenis où celui-ci était ouvrier, il s'engagea dans l'armée à 18 ans, y devint Adjudant, la quitta pour devenir Professeur de gymmastique au lycée Clémenceau puis Surveillant général au lycée technique Livet. Il était retraité de l'Armée et officier de Réserve avec le grade de Capitaine.

 

Il fut avant guerre plusieurs fois international de rugby, il joua dans l'équipe nationale comme talonneur. Il l'était également, ainsi que capitaine, dans l'équipe du S.N.U.C. à Nantes. Il adorait arbitrer les  matches universitaires, et je l'entends encore crier de la touche pour stimuler les joueurs de son équipe de Clémenceau :

 

- "Attaque ! Attaque ! Attaque !...."

 

Ce cri de guerre correspondait à son tempérament de fonçeur et de meneur d'hommes. Il détestait la lâcheté, les pleurnichards..., mais était fidèle à ses amis qu'il aidait de tout coeur. En contre-partie, ces derniers avaient beaucoup de considération pour lui et appréciaient sa joie de vivre et sa bonne humeur.

 

Je me suis entretenu récemment avec Mme Billoteau et Mme P.. H.. qui étaient présentes à l'attaque du PC du Maquis de Saffré. Madame Billoteau qui était alors la fiancée de M. Léon Billoteau fils  logeait  chez M. & Mme Hocquet fermiers de Mme Leduc la tante de Mme Ollivier. La ferme se situait au Touillon et fut envahie par la troupe allemande.

 

Je résume ci-dessous leurs précisions et divergences avec le récit de M. Perraud-Charmentier :

 

" Les Allemands qui avaient cachés leurs véhicules à la sortie du bourg de la Meilleraye vinrent à pied au Touillon distant d'environ 1 km.

 

L'attaque eut lieu vers 6:00 heures officielles (4 heures solaires). M. Hocquet et son fils ainé qui étaient déjà partis couper de l'herbe de l'autre coté de la route furent vite flanqués d'une sentinelle avec interdiction de bouger. Leur ferme fut investie et les femmes qui mettaient au four le pain destiné au ravitaillement des maquisards furent plaquées contre un mur avec les mitraillettes dans le dos.

 

La petite bonne, âgée de 16 ans, dormait sous la véranda du premier étage de la maison de Mme Leduc. Elle entendit les crissements des pas des allemands sur le sol et prévint la famille Ollivier. Puis, elle ouvrit la porte et s'enfuit en traversant la troupe allemande qui ne l'arrêta pas. Elle courut d'une traite jusqu'à la maison de ses parents qui résidaient à deux kilomètres à vol d'oiseau  du Touillon.

 

M. Ollivier n'ouvrit pas de suite l'accès au premier étage  et tira d'après Mme P..H.. trois fusées de détresse par la cheminée pour avertir l'Etat-Major qui s'était replié à la ferme des Huttes sur le Grand-Auverné (et non au Bois d'Ahaut ?). 

 

L'allemand qui gardaient les femmes dans la cour de la ferme eut soif et demanda à Mme Hocquet un verre d'eau. Celle-ci le lui donna et demanda :

 

- "Qu'allons-nous devenir ?"

 

- "Je ne sais pas, répondit-il dans un mauvais français, ça fait deux jours qu'on ne dort pas, qu'on ne mange pas, qu'on tue  et qu'on brûle ! Pour vous, je ne sais pas ?"

 

Un peu plus tard, le commandant du détachement allemand, vint à la ferme et organisa une fouille en règle, suspicieux sur la présence d'une paire de brodequins neufs, il demanda où était caché leur propriétaire. Mme Hocquet, demanda alors à sa fille aînée d'allumer une lampe à pétrole (il n'y avait pas l'électricité à la ferme) et la tendit à l'officier pour qu'il puisse fouiller dans les appentis sans fenêtre. Il refusa et dit :

 

- "Ça va !"

 

Puis s'apercevant que la fiancée de Léon Billoteau s'était évanouie, il dit à Mme Hocquet :

 

- "Mets ta fille sur le lit et mets un linge mouillée sur ses jambes. Elle reviendra à elle. Maintenant, n'aie plus peur, c'est fini !"

 

Les Anglais prévenus par radio par l'Etat-Major du Maquis envoyèrent des Mosquitos qui arrivèrent vers 08:00 heures officielles, alors que les allemands commençaient à évacuer les lieux. Ils mitraillèrent tout ce qui bougeait ou semblait être des véhicules allemands. Deux camionnettes du Maquis que les allemands avaient sortis du garage de Mme Leduc furent incendiés. Marcel Ollivier qui était emmené dans sa propre voiture eut le réflexe d'ordonner au chauffeur d'aller cacher la voiture sous un hangar en bord de route, la seconde qui emmenait ses compagnons s'y cacha aussi.

 

Les Allemands, qui se réfugièrent un moment dans l'église, reprirent leurs véhicules l'orage passé.

 

- Mme BILLOTEAU  et sa future bru restèrent une nuit chez M. et Mme Hocquet. Mme Billoteau avait perdu tous ses biens à l'exception d'une boîte contenant une petite partie de ses économies. Elle loua un logement au bourg de la Meilleraye-de-Bretagne où s'étaient réfugiés  les parents de Marcel Ollivier à cause des bombardements et qui habitaient auparavant juste au-dessus du café que tenait Mme Billoteau à Nantes.

 

- Mme RICHARD (82 ans) amie de Mme Leduc s'en alla probablement au bourg de Meilleraye et fut évacuée par sa famille. Son neveu Marice Bourré avait été tué la veille durant l'attaque du Maquis.

 

- MM. Léon BILLOTEAU père et fils furent déportés en même temps que Marcel Ollivier, mais furent libérés fin août à Belfort par les Allemands, grâce l'action de Marcel Ollivier, qui répéta à chaque interrogatoire :

 

- "Libérez-les, ils n'étaient pas membres du Maquis !"

 

Ils le virent partir vers Dachau et essayèrent de rejoindre la Meilleraye-de-Bretagne. 

 

Cela leur demanda plusieurs mois, ils n'avaient pas d'argent ! Ils furent repris par les Allemands à plusieurs reprises qui les obligèrent à effectuer des travaux de terrassement. Malheureusement, ils ne purent rien prouver de ces internements supplémentaires et ne purent être considérés comme Déportés car il leur manquait 2 jours de détention. Plusieurs années plus tard, Marcel Ollivier essaya sans succès de leur faire obtenir le statut de Déporté.  Pourtant, ils avaient perdu pratiquement toutes leurs économies dans la mise à sac du Touillon, avaient été frappés violemment et transportés dans les conditions que l'on devine jusqu'à Belfort (Désolé, mais j'ai parfois honte d'être Français !).

 

- Louis LEHO fut fusillé

 

- Jean TARAS fut déporté et mourut au kommando d'Ebensee en Autriche le 18 mars 1945. D'après Margot (Marguerite Olivier) âgée actuellement de 93 ans et soeur de Marcel, ce fut ce dernier qui enleva la balle du pied de Jean TARRAS à la prison de Nantes à l'aide d'une lame de rasoir !

 

- Mme Billoteau et Mme H.. ne savent pas ce que SUDAN (ou Dugast) devint après son évasion.

 

- Mme LEDUC, Mme OLLIVIER et son fils Stéphane se dirigèrent à pied vers le domicile de leur ami Noël Bouvet garagiste à Riaillé pour s'y réfugier. Ce dernier venait d'ailleurs à leur rencontre à vélo. La famille Bouvet les hébergea durant deux à trois mois jusqu'à ce que la maison du Touillon fut réparée. La résidence principale de Mme Leduc, à Malakoff, avait été détruite lors du bombardement du 16 septembre 1943.

 

Le soir même de l'attaque du Touillon par les Allemands, l'aînée des filles de M. et Mme Hocquet, alors âgée de 20 ans, découvrit sous un paillier : une cassette, des grenades dans un béret et des armes de poing. Ses parents décidèrent de recouvrir à nouveau de paille la découverte et de ne rien dire à personne.

 

Les miliciens occupèrent la maison du Touillon durant deux semaines et frappèrent le fils aîné de la famille Hocquet pour tenter de lui faire avouer ce qu'il ignorait !

 

Le 14 juillet 1944, une jeune femme à bicyclette se présenta et demanda à récupérer l'argent du maquis et des armes cachées sous un pailler de la ferme. Craignant une ruse des miliciens, Mme Hocquet demanda :

 

- "Dans quelle prison coucherons-nous ce soir ?"

 

Mais la jeune femme fut suffisamment persuasive et s'en alla en emmenant dans les sacoches de son vélo les armes et l'argent au grand soulagement des propriétaires du paillier. Elle fit la confidence, qu'elle allait à la ferme des Huttes  chercher d'autres matériels . Plusieurs années plus tard, afin de faire obtenir une reconnaissance de la Nation envers cette Résistante, Marcel Ollivier demanda à M. et Mme Hocquet un récit écrit de la récupération. "

 

Durant toute la journée du 29 juin 1944, les Mosquitos anglais sillonnèrent la Meilleraye-de-Bretagne et ses environs. Ils tirèrent sur tout ce qui leur semblait suspect. Ils ne firent pas de victimes chez les Allemands, mais trois Français qui n'avaient rien à voir avec le Maquis furent tuées :

 

- Marcel TARIOT de Riaillé, il avait 16 ans et conduisait un diable transportant un fût de chêne. Son patron, Fernand Bioteau de Riaillé atteint à un genou, resta handicapé à vie. (Le père de Marcel Tariot, prisonnier de guerre, ne revint pas d'Allemagne où il décéda !)

 

- Gustave DEQUIPPE des Hautes-Provostières de Bonnoeuvre fut tué en conduisant son tombereau sur le chemin conduisant à la route de Pannecé.

 

- Un marchand ambulant de légumes et poissons LAFOND (?) à Saint-Julien-de-Vouvantes qui circulait sur la route de Châteaubriant fut tué au volant de son véhicule.

 

 

L'équipe de foot de Riaillé en 1941 Le Capitaine Marcel Olivier La maison du Touillon
Son capitaine OLIVE est debout, 3ème à partir de la gauche International de rugby, Capitaine au Maquis de Saffré (44). Blessé grièvement il fut déporté à Dachau Cliché de M. Delanoue

 

 

Marcel OLLIVIER, surnommé "Olive"  (ou "Olive-le-Chevelu") par ses amis survécut aux balles qui lui avaient traversé un poumon et un biceps. Il décéda en 1993 à l'âge de 84 ans.

 

Il fut le seul officier du Maquis de Saffré à être châtié par les Allemands, le commandant Philippe Glagean s'étant échappé le 14 août 1944 du convoi qui le menait en déportation ainsi que le capitaine Dubois ou Desbois dit "Tracteur" à Saint-Patrice (37) lors d'un mitraillage de la R.A.F. (voir le renvoi de la page 97 du livre "Le Drame du Maquis de Saffré" de A. Perraud-Charmantier). Les autres ne furent ni tués, ni arrêtés. Cependant, 6 sous-officiers périrent : Louis Loiziel et Joseph Nauleau furent tués le 28 juin, Georges Laurent et Lucien Corgnet furent fusillés le 29 et Pierre Rialland, chef de section également, se fit tuer en combattant à Teillé le 4 août 1944.

 

D'après Margot Ollivier, à la libération du camp de Dachau et de ses kommandos par les Américains, Marcel OLLIVIER, qui était atteint du typhus, ne fut pas libéré immédiatement. Il réussit à faire transmettre un message radio signalant sa présence dans ce camp :

 

"Marcel Ollivier est vivant. Il est à Dachau !".

 

Ce message fut entendu par l'un des officiers d'André Ollivier, son frère, qui commandait une compagnie de Tirailleurs Marocains dans l'Armée de De Lattre de Tassigny. Averti, il vint à son chevet et, grâce à une intervention de De Lattre auprès des Autorités américaines, il put le rapatrier en France.

 

Marcel arriva à Nantes le 26 mai 1945, sans forces, terriblement amaigri et méconnaissable. Mais le dimanche 27 mai, après avoir été accueilli avec des gerbes de fleurs sur la place de l'Eglise de Riaillé, il remonta à pied le bourg en tenue de bagnard sous les acclamations des riailléens.  Puis, il s'en alla festoyer avec ses amis, dont le commandant Yacco, à un banquet préparé par Mme Louise Hayère (Mme Quintin)...

 

Les habitants de Riaillé aimaient bien "OLIVE", il le leur rendait bien et aida plusieurs d'entre eux à limiter leurs tracasseries avec l'Administration . Il anima également vers 1941, l'équipe de foot de l'Espérance de Riaillé dans des tournois organisés au profit des prisonniers de guerre.

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